Fibromyalgie : qu’est-ce que la photobiomodulation, cette nouvelle technique anti-douleur qui arrive en France ?
En France, environ 3 % de la population souffre de fibromyalgie. Cette maladie neuro-tendino-musculaire se caractérise notamment (mais pas seulement) par des douleurs tendino-musculaires persistantes, des troubles du sommeil, une fatigabilité anormale, un épuisement, des troubles de la concentration… « C’est la maladie du mal partout et mal tout le temps » résume l’Association Fibromyalgie SOS. À noter : 75 % des malades sont des femmes.
La prise en charge de la fibromyalgie est pluridisciplinaire : il s’agit de réduire le syndrome douloureux, d’atténuer la fatigue chronique ressentie, d’améliorer le sommeil des malades et de diminuer le handicap dans la vie quotidienne. Pour cela, les autorités de santé recommandent une activité physique adaptée (APA) régulière, des gyms douces (type taï-chi ou qi gong) ou encore des approches psychothérapeutiques (comme les thérapies comportementales et cognitives).
La photobiomodulation, un soin anti-douleur à base de lumière
Mais pour soulager les patients atteints de fibromyalgie, de nouvelles thérapies sont en train d’apparaître. La dernière en date, c’est la photobiomodulation, pratiquée dans 9 centres en France.
De quoi s’agit-il exactement ? « La photobiomodulation est une intervention non-pharmacologique qui utilise l’énergie de la lumière (photo-) pour agir sur certains phénomènes biologiques (bio- et -modulation) » définit le Dr. Jean-Philippe Wagner, cancérologue et algologue spécialiste de la douleur.
Concrètement, la photobiomodulation consiste à exposer une partie du corps douloureuse (ou l’ensemble du corps – on parle alors de « photobiomodulation corps entier » ) à une lumière rouge ou infrarouge (600 à 950 nanomètres) afin que celle-ci pénètre profondément sous la peau (dans l’hypoderme) afin d’agir sur les vaisseaux sanguins et les terminaisons nerveuses.
« La cible de la lumière rouge / infrarouge, ce sont les mitochondries, ces « usines à énergie » qui se trouvent essentiellement dans nos muscles et dans nos nerfs » explique le Dr. Jean-Philippe Wagner. Car dans nos mitochondries, il y a une enzyme spécifique (la cytochrome cyclo-oxygénase ou CCO) sensible à la lumière.
« En stimulant la CCO, on augmente le transfert d’énergie intracellulaire, on entraîne une fabrication de monoxyde d’azote (NO) vasodilatateur, on favorise la cicatrisation et (surtout) on élimine les toxines algogènes, celles qui provoquent et maintiennent la douleur » décrit le médecin.
Fibromyalgie : deux études (sérieuses) montrent l’efficacité de la photobiomodulation
Photobiomodulation contre la fibromyalgie : est-ce que ça fonctionne vraiment ? Deux études récentes ont évalué l’efficacité de la photobiomodulation contre les symptômes de la fibromyalgie. Et elles sont encourageantes ! La première, une étude espagnole randomisée en double aveugle publiée en janvier 2024, a montré une diminution de la douleur chez les patients traités par photobiomodulation au bout de 4 semaines de traitement, avec des bénéfices durant 3 mois.
La seconde, une étude anglaise publiée en juillet 2023, a démontré que la photobiomodulation améliorait la tolérance à la pression sur les « zones gâchette » des malades (ces zones douloureuses que l’on peut à peine toucher tant elles font mal), avec un impact positif sur la qualité de vie.
« La photobiomodulation n’est pas une technique récente : elle a été développée dans les années 1970 et est couramment utilisée par les dentistes, les vétérinaires ou encore les gynécologues depuis près de 30 ans ! Mais elle vient seulement d’arriver en cancérologie et en médecine anti-douleur » remarque le Dr. Jean-Philippe Wagner, qui souligne l’absence totale d’effets secondaires de cette intervention. « Il n’y a ni brûlure, ni sensation de chaleur. »
Photobiomodulation contre la fibromyalgie : combien de séances, combien ça coûte ?
Photobiomodulation contre la fibromyalgie : en pratique. En France, deux centres anti-douleur proposent des séances de photobiomodulation avec un remboursement à hauteur de 70 % par la Sécurité Sociale : ils sont situés à Dunkerque et à Valenciennes. Sept autres machines sont accessibles à Rennes, à Paris, en Corse… mais sans remboursement possible. Comptez environ 30-40 euros par séance.
« En cas de fibromyalgie, le protocole est de faire au moins 2 séances par semaine. Les premiers résultats sont généralement constatés après 6 séances. Au total, 12 séances sont conseillées au minimum » indique le médecin.
Plus d’informations sur le site web de l’Association Fibromyalgie SOS.
