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Feux dans la profondeur : L’armée de Terre veut un système d’artillerie ayant une portée de 500 km


À la lumière des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, l’armée de Terre a fait du renforcement – voire du développement – de sa capacité à frapper dans la profondeur une priorité. La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 doit d’ailleurs lui en donner les moyens, avec le remplacement annoncé de ses neuf lance-roquettes unitaires [LRU] restants, avec l’objectif d’acquérir « au moins » 13 systèmes d’ici 2030, puis 13 autres à l’horizon 2035.

En attendant, dans le cadre de sa réorganisation décrite dans son dernier plan de transformation, l’armée de Terre va créer un « commandement des appuis dans la profondeur », lequel chapeautera une « brigade d’artillerie ». C’est en effet ce qu’a confirmé le général Pierre Schill, son chef d’état-major [CEMAT], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 12 octobre.

« Il est important de renforcer cette capacité de feux dans la profondeur et c’est pour cette raison que, dès 2024, lors de la réorganisation de l’armée de Terre, nous allons créer une brigade d’artillerie qui aura, sans avoir de régiments supplémentaires à ce stade, à assurer le commandement des régiments directement placés sous les ordes des divisions », a en effet indiqué le général Schill.

En réalité, il s’agira de réactiver la brigade d’artillerie [BART] qui avait été mise en sommeil en 2010. Mais cette fois, et d’après ce que l’on comprend des propos du CEMAT, elle aura la mainmise sur les neuf régiments d’artillerie [RA] de l’armée de Terre [en comptant le 17e groupe d’artillerie, ndlr], le 61e RA [doté de drones] et le 28e groupe géographique étant placés sous l’autorité de la Brigade de renseignement [BRENS].

La BART et la BRENS seront associées à la 4e Brigade d’aérocombat [BAC] et ses trois régiments d’hélicoptères de combat [RHC] au sein de ce Commandement des appuis dans la profondeur, dont la première tâche, a expliqué le généra Schill, sera de « monter en gamme sur ce que l’on appelle le ciblage tactique [ou Kill Web], c’est à dire la capacité à acquérir des objectifs pour ensuite les ‘traiter’, notamment pas les feux ».

Quant au successeur du LRU, deux solutions sont à l’étude. La première passerait par un achat de systèmes américains M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System]. Du moins, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’avait cité au début de cette année, lors d’auditions au Sénat et à l’Assemblée nationale ainsi qu’à l’occasion de l’examen de la LPM. Et cela même si d’autres systèmes sont sur le marché, comme l’Euro-PULS du tandem Elbit Systems / Krauss-Maffei Wegmann ou encore le K239 Chunmoo sud-coréen.

Cela étant, et comme le précise d’ailleurs la LPM, la recherche d’une « solution souveraine » doit être « privilégiée » afin de « remplacer le LRU dans les meilleurs délais ». Mais, rien n’est encore fait… « Les industriels nous doivent des réponses au cours de l’année 2024. Et c’est sur la base de ces réponses que nous aurons à faire un choix », a dit le général Schill.

Évidemment, la solution idéale ne peut qu’être souveraine et « rapide », a ajouté le CEMAT. Même si l’armée de Terre est prête à allonger la durée de vie de ses LRU « pour le temps qu’il faudra », a-t-il souligné.

En tout cas, un système souverain de frappe à longue portée est « très important » aux yeux du général Schill. Et pour cause. « On voit comment les pays qui en ont fourni à l’Ukraine, comme les États-Unis, autorisent ou non les Ukrainiens à utiliser leurs munitions à telle ou telle distance ou en face de tel ou tel objectif », a-t-il expliqué.

Or, les munitions sont primordiales. Et le CEMAT a des exigences bien précises dans ce domaine puisque le futur système de frappe dans la profondeur de l’armée de Terre devra afficher des performances nettement supérieures à celle du LRU, qui peut détruire une cible à 70 km de distance.

Ces munitions doivent « permettre de frapper jusqu’à 120/150 km, ce qui correspond à la responsabilté du corps d’armée, voire à celle du niveau interarmées ou stratégiques, c’est à dire à 500 km et plus », a précisé le général Schill. D’où l’importance de disposer d’une solution souveraine dans ce domaine, ne serait-ce que pour avoir la mainmise sur les technologies de guidage et de contrôle.

Pour le moment, et d’après ce qu’avait dit Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, en mai dernier, MBDA, Ariane et Safran ont été sollicités pour développer une telle capacité de frappe dans la profondeur. Et l’une des solutions proposées reposerait sur une version sol-sol de l’Armement Air-Sol Modulaire [A2SM].





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