DRH du ministère des Armées : il faut « répondre à des demandes sociales en décalage avec le métier de militaire »


Les difficultés auxquelles est confronté le 126e Régiment d’Infanterie [RI] de Brive sont probablement les mêmes que connaissent d’autres unités de l’armée de Terre du même type. Une seule expression peut les résumer, à en croire un reportage de M, le magazine du quotidien Le Monde : « faire rentrer des carrés dans des ronds ».

Telle est la mission du lieutenant-colonel « Hugues », son chef des opérations. « Aujourd’hui, par exemple, j’ai de quoi motoriser deux compagnies, mais il se trouve qu’on en a cinq… », a-t-il confié au magazine, en évoquant les équipements « réellement disponibles » pour « maintenir à niveau » des troupes. Quant aux munitions, il s’agit de gérer la pénurie, avec la possibilité de tirer seulement trois missiles antichars Akeron MP tous les deux ans pour l’entraînement des vingt-quatre tireurs spécialisés du régiment. « Concrètement, il y a donc 90 % de chance pour que leur premier tir en conditions réelles se fasse en opération », a résumé l’officier.

D’autant plus que le 126e RI doit trouver 200 à 225 recrues par an pour compenser les départs, 70% des militaires du rang ne renouvelant pas leur contrat au bout de cinq années de service.

Or, en 2023, l’armée de Terre a connu un « trou d’air » en matière de recrutement, avec environ 2000 postes qui n’ont pas pu être pourvus. Qui plus est, le taux de sélectivité [c’est à dire le nombre de candidats pour un poste] ne cesse de diminuer depuis plusieurs années, notamment pour les sous-officiers et les militaires du rang. Enfin, un nombre de départs trop important peut avoir des conséquences tant au niveau budgétaire qu’opérationnel, étant donné qu’il faut mobiliser des ressources pour la formation des recrues et pallier la perte de savoir-faire et d’expérience.

D’où le plan « Fidélisation 360 », dont les grandes lignes ont été dévoilées par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, le 18 mars.

Comme l’a expliqué Thibaut de Vanssay de Blavous, le directeur des ressources humaines du ministère des Armées, l’objectif est « d’agir sur la durée moyenne de service des militaires » afin, notamment, de rendre plus « soutenables » les « ambitions d’embauches ». Et cela pour quatre raisons : il s’agit d’améliorer le taux de sélectivité des sous-officiers et des militaires du rang, de maintenir la « cohérence » des unités en faisant en sorte que l’ancienneté et l’expérience soient « harmonieusement réparties », de « rentabiliser » les compétences et l’expertise acquises durant des années de préparation et d’emploi opérationnels et de faciliter la transmission non seulement de savoir-faire mais aussi du « savoir-être ».

« Garder le personnel plus longtemps rentabilise l’expertise qu’il a acquise pendant ses années de préparation et d’emplois opérationnels. La réussite, par exemple, d’un ravitaillement de nuit avec des jumelles nocturnes dépend principalement de l’ancienneté et de l’entraînement du soldat. En laissant ces personnes partir, nous nous privons de capacités de savoir-être et d’une cohérence au sein des unités », a en effet soutenu M. Vanssay de Blavous, lors du dernier point de presse du ministère des Armées.

Seulement, comme l’a souligné un officier du 126e RI dans les pages de l’hebdomadaire du journal Le Monde, « On a un défi de conquête des effectifs, il y a souvent un choc de la militarité »… Ce point a aussi été relevé par M. de Vanssay de Blavous. « Notre mission aujourd’hui consiste à répondre à des demandes sociales de plus en plus en décalage avec le métier de militaire », a-t-il dit. Cela demanderait sans doute quelques éclaircissements… S’agit-il d’adapter la condition militaire aux évolutions sociales ou de faire l’inverse ?

Quoi qu’il en soit, pour le DRH du ministère des Armées, la « fidélisation à 360° n’est pas un énième plan d’amélioration de la condition militaire. Ce n’est pas non plus un énième plan de revalorisation salariale. C’est vraiment une mobilisation générale et pas uniquement des spécialistes des ressources humaines ». Et elle « doit embarquer l’intégralité de ceux qui sont en service au ministère des Armées », a-t-il conclu.





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