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Dommages et intérêts


Un morceau du fuselage s’envole, une porte s’arrache, une roue se fait la malle, des passagers valdinguent dans la cabine… Plus une semaine ne passe sans qu’une «grosse frayeur» aérienne ne soit relatée dans les médias, non sans affoler à juste raison les gens ordinaires. Le dénominateur commun à tous ces incidents porte un nom : Boeing. Les appareils du géant américain font ainsi régulièrement les gros titres. La flemme intellectuelle pousse à parler de «série noire». Comme si la faute à pas de chance semblait plomber injustement le fleuron de l’aéronautique mondiale.

Il n’est pourtant question ni de hasard ni de coïncidence. Il y a deux ans, un documentaire diffusé sur Netflix s’intéressait déjà à la descente aux enfers d’une entreprise réputée dont dépend le sort de millions de personnes chaque année. Au départ de cette dérive : deux crashs meurtriers en 2018 et 2019, à quelques mois d’intervalle. Des années plus tôt, Boeing a fait le choix de la rentabilité au détriment d’une sécurité jugée trop coûteuse. Parce qu’à l’époque, le concurrent européen Airbus a le vent en poupe. Et qu’il faut rivaliser à tout prix. Celui qui conduit à des sacrifices humains par centaines. Nourrie de témoignages d’anciens employés, la chute libre de l’avionneur détaille comment le profit a ainsi pu être relancé. En s’asseyant confortablement sur les contrôles qualité, la formation des pilotes aux dernières technologies, entre autres manquements parfaitement intégrés au cahier des charges. Pour les esprits scrupuleux, la moindre remarque finissait systématiquement de la même manière : débarquement assuré. Prière de la boucler en même temps qu’on attache sa ceinture vers une destination incertaine.

Malgré les révélations, rien ne change. Les multiples enquêtes accablantes, dont la dernière de l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) fin février, sont trop vite classées. Boeing continue de jouer avec la vie à bord de ses cercueils volants. Certes, les catastrophes restent rares. Ce n’est pas une raison pour taire des pratiques cyniques. Les coupables achètent le silence avec une facilité consternante. Du moment que ça sert les intérêts privés, tant pis pour les dommages collatéraux.



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