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Démission au RPDC : voici la lettre qui a ébranlé Paul Biya

Albert Dzongang avait eu le courage de démissionner du Rdpc. A travers une lettre, il a adressé sa lettre de démission du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), à compter du 15 janvier 1997. Après mûre réflexion et une évaluation minutieuse de sa position politique et de ses convictions, il a pris la décision de me retirer de ce parti. Et Paul Biya n’avait pas aimé.BORIS BERTOLT republie cette fameuse lettre pour ses lecteurs.

LA LETTRE DE DÉMISSION D’ALBERT DZONGANG DU RDPC. C’ÉTAIT LE 15 JANVIER 1997

C’est votre histoire, vous devez la connaître.
Monsieur le président,

L’état de délabrement de la société Camerounaise interpelle tous les hommes politiques, plus particulièrement de la société Camerounaise interpelle tous les hommes politiques, plus particulièrement ceux à qui le peuple a confié un mandat à un moment donné à tel niveau ou tel autre, pour réaliser les changements sociaux que vous avez annoncés en 1982, confirmés à Bamenda en 1985, consignés par écrit et publiés en 1987.
Le peuple Camerounais a largement acclamé vos promesses. Mais plus d’une décennie après, li en attend toujours la matérialisation.

Toutes ces promesses non tenues sont devenues un supplice pour moi qui vis au quotidien avec ce peuple, qui suis el témoin de sa misère, ses angoisses et de sa désespérance.
A divers niveaux de la hiérarchie du RDPC où j’ai assumé plusieurs fonctions électives, et en ma qualité de parlementaire, j’ai tenté d’accélérer la mise en œuvre du projet de société que vous avez annoncé. Je me suis efforcé de prévenir les dérives du gouvernement – qui comporte les tares et les travers du RDPC dont il est l’émanation naturelle -.Mes modestes efforts, vous le savez, ont rencontré plus d’obstructions que d’encouragements.

En quatorze ans, Monsieur le Président, vous aurez pourtant eu le temps d’instaurer les changements que le peuple attendait pour en avoir eu libre promesse de vous-même. Quatorze ans n’ont pas été nécessaires à d’autres sous d’autres cieux. Vous ne pouvez même pas évoquer le manque de moyens, soutenu que vous avez été par toutes les institutions de l’état et par les contributions multiformes obtenues de gré ou de force à l’intérieur et à l’extérieur du RDPC. Devant votre bilan plusieurs fois déficitaire, force est de constater, M. Le Président, que vous êtes loin d’être l’homme de la situation. Vous ne symbolisez plus l’avenir de notre pays.
En 1982, le gouvernail du bateau national vous a été gracieusement légué. Pour avoir entendu vos sirènes du changement, je suis comme bien d’autres, monté à bord. A chaque étape du parcours, je vous ai courageusement signalé en quoi nous nous éloignions du cap initialement annoncé. Je suis arrivé au constat que le bateau RDPC est devenu ivre et qu’il n’est plus possible d’en redresser la barre, puisque vous vous y arc-boutez contre tout bon sens. Vous portez l’entière responsabilité de la crise morale, sociale, économique et politique que subit notre pays.
Face à la nécessité et à l’urgence de redonner un avenir au Cameroun, je me trouve dans l’obligation patriotique de vous adresser formellement ma démission du RDPC.
Cette démission fut annoncée de fait au dernier congrès du RDPC. Elle est irrévocable. Vous devrez par ailleurs tenir pour assurer que désormais, je m’opposerai objectivement à votre politique, en vertu des carences qu’elle affiche et des ravages qu’elle sème dansla nation. Etant donné que le RDPC compte en son sein de nombreux progressistes que votre système étouffe, je vous demanderai un service, el premier, et manifestement le dernier : au nom de ces progressistes encore bâillonnés, et au nom du peuple Camerounais qui vous a tout donné sans contrepartie, ne brigues plus de mandat à la présidence de la république… Ne serait-ce que par charité chrétienne.
Veuillez agréer, M. Le Président, mes sentiments de parfaite considération.

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