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Commission européenne : Nicolas Schmit, contradicteur


Les plans du nouveau gouvernement étaient tout tracés. Le chrétien-social Christophe Hansen était pressenti pour le poste de commissaire européen. Nicolas Schmit, l’ennemi juré, s’interpose.

Le Premier ministre, Luc Frieden, n’a pas encore fixé son choix sur celui qui occupera un poste de commissaire à Bruxelles. Depuis l’annonce de la candidature de Nicolas Schmit (LSAP) comme tête de liste des sociaux-démocrates européens, le candidat désigné par la majorité, Christophe Hansen (CSV), a des soucis à se faire. Même s’il ne parvient pas à s’imaginer une victoire des socialistes qui catapulterait l’actuel commissaire luxembourgeois à la présidence de l’exécutif européen, il sait que le Spitzenkandidat peut venir perturber ses plans.

Pour Luc Frieden, la décision d’offrir à Nicolas Schmit un poste européen aurait un goût amer, alors que ce dernier ne pourra dissimuler sa jubilation. Entre les deux hommes persiste une animosité qui remonte à l’époque où Nicolas Schmit, alors ministre du Travail, a sévèrement envoyé promener Luc Frieden, ministre des Finances, et son plan d’austérité. Cet épisode de 2010 provoquait les premières fissures de la coalition CSV-LSAP et le début du désamour entre l’actuel Premier ministre et la future tête de liste européenne.

«Complot»

Cette affaire a valu à Nicolas Schmit de vivre de douloureux retours de balancier. Il a toujours estimé avoir payé le prix fort de son opposition et n’oubliera pas de sitôt le «complot» dont il fut la victime aux côtés de son fils de 18 ans à l’époque. La police reprochait au ministre socialiste d’avoir fait pression sur elle alors que son fils, soumis à un contrôle routier, n’avait pas apprécié la manière dont les fonctionnaires avaient traité les amis qui l’accompagnaient.

Le rapport de police mentionnant l’outrage et l’intervention du ministre avait fuité et la polémique avait enflé. Les libéraux et les verts réclamaient la démission de Nicolas Schmit alors que Jean-Claude Juncker volait à son secours. Cela faisait partie de la mise en scène. «C’est trop facile, vous mettez quelqu’un dans une mauvaise passe et ensuite vous le sauvez généreusement pour qu’il vous soit redevable», exprimait-il dans un entretien accordé en 2011 au Quotidien.

Le ministre du Travail et de l’Emploi possédait, selon lui, suffisamment d’éléments pour étayer la thèse du complot. Il confiait aussi «être dégoûté» par un système «capable de broyer les gens en toute impunité», comme il le confiait au Quotidien en 2011. L’affaire avait éclaté juste après le congrès extraordinaire des socialistes au cours duquel Nicolas Schmit avait vertement critiqué le plan d’austérité présenté par le ministre des Finances, Luc Frieden.

Retour de bâton

Quatorze ans plus tard, Nicolas Schmit, qui a fêté ses 70 ans en décembre dernier, revient sur le devant de la scène européenne à la surprise générale. Inconnu du grand public, comme ne se privent pas de le faire remarquer les médias nationaux des pays partenaires, il pourrait être le Luxembourgeois promis à un poste à la hauteur de sa candidature. Celle que personne n’attendait, à commencer par Luc Frieden.

Pour l’heure, du côté du CSV, on s’en tient à ce qui a été décidé par la majorité lors du grand deal des mandats. Comprendre que la candidature de Nicolas Schmit ne change rien à la donne. Christophe Hansen est toujours pressenti pour rejoindre la Commission et se dit même assez confiant sur son avenir politique européen. Il sera candidat aux élections de juin prochain et ce n’est pas pour retrouver un siège au Parlement, qu’il a occupé de 2018 jusqu’aux dernières législatives.

Le jeune quadra a des ambitions, Nicolas Schmit aussi. Ce dernier, s’il parvenait à contrecarrer les projets de Luc Frieden, s’assurerait plus qu’une victoire politique : il ajouterait une petite vengeance personnelle au bout de la manœuvre.

Le Spitzenkandidat socialiste n’avait pas aimé la manière dont Luc Frieden avait procédé, en 2010, pour présenter ses mesures d’austérité. Il l’avait jugée «absolument cavalière» et «pas sérieuse», considérant qu’il avait imposé ses décisions sans discussion. Nicolas Schmit vient lui rappeler aujourd’hui encore que l’on n’obtient pas toujours ce que l’on décide.



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