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Cameroun: une maîtresse vole un bébé pour s’offrir un voyage voici les détails

En chômage à cause de la covid-19, elle s’est reconvertie en baby-sitter. Elle a séquestré le nourrisson de son patron en exigeant une rançon.

Lundi, 6 septembre 2021 est jour de rentrée scolaire au Cameroun. Mais Mme Maman Ngweaye, la quarantaine sonnée, ne reprendra pas le chemin des classes. Bien qu’enseignante vacataire dans une école primaire à Betaré-Oya, une localité se trouvant dans la région de l’Est, ses élèves risquent même terminer l’année scolaire sans jamais revoir sa silhouette. Pour cause ?

Cette institutrice est en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé depuis dix mois. Elle attendra jusqu’au 12 octobre prochain pour être fixée sur son sort dans la bataille judiciaire qui l’oppose à un certain Judicaël Tetchou Dize. En fait, elle passe en jugement devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi aux côtés de son amant Alexandre Yakoue Sadi. Les deux gens répondent d’un supposé kidnapping d’un nourrisson. Ils plaident coupables.

Le 1erseptembre dernier, le tribunal a clos les débats autour cette affaire avec la plaidoirie de l’avocat du couple incriminé. Cet avocat a profité de l’occasion pour revenir sur le fond de l’affaire. Il indique que M. TetchouDize, partie civile (victime) dans la procédure, avait confié la garde de son «enfant maladif» à Mme Maman Ngweaye. A cette époque, précise-t-il, sa cliente traversait des moments difficiles dans sa carrière professionnelle à cause de la pandémie de la covid-19.

Le gouvernement avait en effet pris une série de mesures visant à empêcher la contamination au coronavirus. Concernant les établissements, seuls les élèves en classe d’examen étaient autorisés à continuer les cours. L’institutrice incriminée qui ne tenait pas une classe d’examen s’est retrouvée en chômage technique.

Situation de famine

La situation de Mme Maman Ngweaye s’est compliquée lorsqu’elle a entrepris de se rendre dans son village natal se trouvant dans la région de l’Extrême-Nord. Le déplacement envisagé nécessitait un financement que ses ressources ne lui permettaient pas de réunir.

Pour contourner la difficulté, l’idée d’enlever l’enfant querellé a germé dans le couple incriminé. En fait, c’est M. Yakoue Sadi, lui-aussi incarcéré, qui, selon l’avocat, a monté le coup. Présenté comme étant le président de la «Fondation Cœur d’harmonie internationale», une association qui prétend militer pour la défense des droits de l’Homme, M. Yakoue a miroité à sa coaccusée le bénéfice qu’il pouvait tirer de la basse besogne.

Il faisait croire à sa .compagne qu’ils pourraient récolter un million de francs. C’est ce montant que le .couple a exigé à M. Tetchou Dize comme rançon pour libérer son enfant. Éblouie par la proposition, Mme Ngweaye s’est exécutée. Et le couple s’est rendu à Soa après avoir commis le forfait.

Mais ils sont interpellés par les éléments de sécurité grâce aux appels téléphoniques qu’ils échangent avec le plaignant qui leur avait déjà versé 100 mille francs. «Le mode opératoire qu’ils ont usité montre qu’ils ne sont pas les professionnels en enlèvement d’enfant. Je ne le dis pas pour justifier ce qu’ils ont fait, mais pour qu’on comprenne ce qui les a poussé à l’acte», indique l’avocat.

Pour l’avocat, ses clients n’avaient aucune intention de faire du mal’ à l’enfant parce qu’ils avaient laissé derrière eux plusieurs indices permettant de les retrouver : leurs numéros de téléphone, leur quartier à Soa. «C’est un mauvais souvenir. La demande de rançon caractérise la famine, la misère dans laquelle ils se trouvaient.» Il a imploré la clémence du tribunal en souhaitant que ses clients qui ont fait «amende honorable» soient condamnés à de «peines raisonnables».

Dans leurs «derniers mots» avant que le tribunal ne déclare les débats clos, les accusés en jugement ont de manière presqu’identique «demandé pardon» pour «avoir offensé [leur] pays et Dieu». Ils encourent jusqu’en l’emprisonnement à vie.

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