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[BGL Ligue] Tinelli, de retour au RFCU ? «À Yokohama, ils pensaient que j’étais Einstein»


Après deux ans au Japon, Loris Tinelli pourrait bien revenir au Racing fort d’une expérience folle et très drôle. Et formatrice ?

Exilé depuis deux ans au Japon, en D3, à Yokohama, une ville de 3,7 millions d’habitants, l’ailier Loris Tinelli, 24 ans, pourrait bien revenir garnir cet hiver les rangs du Racing, qui l’a hébergé de 2019 à 2022. Même s’il cherche toujours une porte de sortie professionnelle, il a pris le temps de revenir sur cette aventure qui s’achève, au pays du Soleil levant.

Êtes-vous officiellement de retour au RFCU ou sur le point de l’être ?

Loris Tinelli : Non, il n’y a rien d’officiel. Je cherche un club et j’ai demandé à Marco Martino s’il pouvait m’accueillir à ses séances pour que je garde le rythme. Si je ne trouve rien, je reviendrai au Racing, c’est sûr, puisque je suis transfert libre. Mais ce n’est pas encore fait. J’étais optimiste à l’idée de trouver un nouveau club pro en quittant Yokohama, mais je le suis de moins en moins : c’est dur de trouver en hiver. Mais là, je voulais revenir dans les parages. J’en avais marre de ne pas voir ma famille et de me retrouver embringué pour des voyages de plus de 20 heures à chaque fois que je voulais rentrer quand je pouvais rentrer, c’est-à-dire presque jamais.

Le Japon, c’est l’aventure que vous espériez ?

J’avoue, je me suis souvent fait ch… Surtout en été. Quand il fait 30 °C très tôt le matin avec un taux d’humidité incroyable et qu’on a l’impression qu’il fait plutôt 35 °C. Là, après l’entraînement, la seule chose qu’il y a à faire, c’est rentrer à la maison. Je n’avais pas la télé parce que si je l’avais eue, je ne serais jamais sorti. Or je voulais sortir. Donc je disposais juste d’un iPad pour regarder des séries. Mais après, les sorties… Tokyo n’était pas très loin. Une heure avec les trains rapides. Mais vu qu’on n’avait qu’un jour de congé par semaine, je n’ai pas vraiment eu le loisir de visiter. Ou alors quand on voyageait avec l’équipe. Ma copine est venue deux semaines et elle a voulu faire la touriste. Là, je suis sorti un peu mais bon… Disons que ce n’est pas là-bas que je me suis le plus amusé au monde.

À cause des tatouages, les pères de famille me regardaient comme si j’étais un gangster

Ils connaissent le Luxembourg, là-bas ?

Non, pas trop. Mais je leur expliquais que c’était entre la France, l’Allemagne et la Belgique et que moi, je parlais toutes ces langues, que d’ailleurs, j’en parlais cinq. Du coup, comme eux ils ne parlent que le japonais ou presque, ils pensaient que j’étais Einstein alors que non, je suis loin d’être le plus intelligent! Moi, je reste un clown. J’étais le gars qui faisait des blagues pour faire rire les coéquipiers. Celui qui passait aussi de la musique dans le vestiaire quand ils en avaient marre d’écouter du rap japonais.

Et vous leur passiez quoi ?

Ben du rap! Mais américain. Ça les changeait parce que eux, ce qu’ils écoutent comme musique américaine, c’est Ed Sheeran ou Justin Bieber. Du coup, je passais un peu pour le mauvais garçon. C’est comme pour les tatouages…

Les tatouages ?

Ben j’en ai plein ! Du coup, les pères de famille me regardaient un peu de travers, comme si j’étais un gangster. Parce que pour eux, là-bas, c’est lié à la mafia, aux triades. Le tatouage n’est pas très répandu. Quand on allait en équipe aux thermes, comme à Mondorf, il fallait négocier, dire que j’étais étranger. Sinon, on ne voulait pas que je rentre. Quand j’allais au fitness, seul, alors qu’il pouvait faire 40 °C, je devais y aller en pull et bas de survêtement, sinon, on ne me laissait pas accéder à la salle. Difficile en plus, de discuter quand si peu de gens parlent anglais…

La communication, c’était un problème même dans le club ?

Eh bien peu de joueurs parlaient anglais et il y avait un traducteur pour les deux étrangers de l’équipe et il parlait… portugais. Alors que l’autre étranger, c’était un Équatorien, qui parlait donc espagnol… Mais bon, on se débrouillait parce que le portugais, je peux le comprendre.

Les petits Japonais, ils vont à 4 000 à l’heure. Ça ne s’arrête jamais! C’est de la NBA!

Et les consignes pour vous, au niveau du football, c’était…

Eh bien là-bas, tactiquement, il y a un truc : ils voulaient systématiquement que les actions aillent au bout. En D3 japonaise, là où il y a beaucoup de joueurs locaux et pas beaucoup d’étrangers, la culture locale veut qu’on finisse toujours ce qu’on a commencé. On me disait que peu importe d’où j’étais, mais qu’à partir du moment où je me retrouvais dans la moitié de terrain adverse, il valait mieux terminer par un tir que revenir en arrière et faire tourner.

Cela a changé le footballeur que vous étiez ?

J’ai désormais un style plus mature et plus direct. Là-bas, c’était beaucoup de jeu à une ou deux touches. Avant de partir, si je me retrouvais face à trois défenseurs, en DN, j’allais foncer les yeux fermés, tenter un truc. Aujourd’hui, je serai plus sobre et efficace.

Quel était le niveau ?

Ah c’était plus dur que la DN à tous les niveaux. Physiquement, ce n’était pas dans les duels mais plutôt dans le rythme. Les petits Japonais, ils vont à 4 000 à l’heure. C’est de la NBA, ça attaque puis ça défend, puis ça attaque, ça ne s’arrête jamais. Cela jouait un peu plus au foot en amical, quand on affrontait des clubs de D1 ou de D2, là où il y a plus de joueurs étrangers et une autre culture footballistique et où on sait calmer le jeu, mais en D3…  Mon équipe n’était pas la meilleure de la D3 loin de là, mais je suis sûr qu’elle battait toutes les équipes de DN.

Qu’est-ce qui vous manquait du Luxembourg, à Yokohama ?

La famille! Avec ces décalages horaires incroyables. Huit heures en été et carrément neuf en hiver. Pour moi qui allais me coucher à 3 h, il fallait que je me lève parfois à 5 h pour espérer communiquer, vu mon emploi du temps.

Quelque chose vous manquera quand même, de ce pays ?

La gentillesse des gens. Leur côté respectueux et généreux. Ce n’est pas pour dire du mal des Luxembourgeois, qui pensent toujours qu’ils savent mieux que les autres. Mais là-bas, les gens ont beau ne pas pouvoir communiquer facilement avec toi, ils vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour t’aider, et sans jamais rien attendre en retour. Ils ne viendront pas te trouver une semaine plus tard pour te dire : « Tu te souviens, je t’ai dépanné la semaine dernière« 

Vous auriez pu envisager de rester là-bas ?

La raison pour laquelle je n’ai pas prolongé là-bas alors qu’on m’en avait fait la proposition, c’est l’argent. Ce n’est pas à Yokohama que je serais devenu riche. Oui, j’étais professionnel, on me payait mes billets d’avion pour rentrer, mon appartement, les trajets… Mais faire autant de sacrifices pour 1 000 euros en plus, franchement… Pour rester au Japon, il m’aurait vraiment fallu un très gros chèque. Parce que partir pour un an, sans voir la famille et à ce rythme, avec pas de vacances pendant un an et six jours de boulot par semaine…



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