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Bassirou Diomaye Faye prochain président du Sénégal, qu’est-ce que cela va changer ?


A l’âge de 44 ans, Bassirou Diomaye Faye va devenir le cinquième président du Sénégal, et aussi le plus jeune, après la reconnaissance de sa victoire dès le premier tour lundi par son principal concurrent, Amadou Ba.

Chef de file avec son mentor Ousmane Sonko d’une nouvelle génération d’hommes politiques en Afrique de l’Ouest, il présente son projet comme celui de la « rupture » et du changement de système. Que prévoit son programme ? Comment le changement va-t-il se matérialiser ? Quels sont les défis qui l’attendent ?

Restaurer la démocratie 

Bassirou Diomaye Faye assure que le fondement de son projet est « la réhabilitation des institutions de la République » et « la restauration de l’Etat de droit » bafoués selon lui par le régime du président sortant Macky Sall.

Il dit vouloir lutter contre « l’hyperprésidentialisme », qui a engendré une « mainmise de l’exécutif sur le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire » et a conduit ces dernières années, selon lui, à une « instrumentalisation de la justice » pour traquer les opposants et les emprisonner.

Le prochain chef de l’Etat promet de limiter les pouvoirs du président, susceptible de destitution, de créer un poste de vice-président, d’interdire le cumul des mandats électifs, de lutter contre la corruption et d’instituer des peines alternatives à l’emprisonnement.

Réappropriation des richesses 

« Que personne ne nous fasse croire qu’on ne peut pas incarner notre propre souveraineté. Nous serons désormais un Etat souverain, indépendant, qui collaborera avec tout le monde mais dans des partenariats gagnant-gagnant », a déclaré le charismatique Ousmane Sonko lors du dernier meeting de campagne de son candidat.

Le nouveau président promet une réappropriation de la souveraineté, mot employé 18 fois dans son projet. Il assure qu’il renégociera les contrats des mines et des hydrocarbures, dont le début de l’exploitation est prévue cette année. Il souhaite également réévaluer les accords de pêche avec les acteurs étrangers, alors que les ressources halieutiques qui font vivre environ 600.000 familles s’amenuisent, pillées selon eux par des chalutiers européens et asiatiques.

Il met aussi l’accent sur la nécessité de développer le secteur primaire pour garantir la sécurité alimentaire et se rapprocher d’une auto-suffisance, sur le riz notamment.

Nouvelle monnaie 

Bassirou Diomaye Faye promet également une réforme monétaire, voire la création d’une monnaie nationale, le Sénégal, à la place du franc CFA hérité de la colonisation dans plusieurs pays africains. Il a souligné durant la campagne que cette mesure, vue avec appréhension dans les milieux économiques, ne serait pas immédiate et ne s’effectuerait que sous certaines conditions strictes.

Dans un entretien au journal Le Monde, il a précisé sa pensée. Pour sortir du franc CFA, « l’idéal serait de le faire dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec l’éco », le projet de monnaie unique ouest-africaine qui tarde à aboutir.

« Nous pourrions avoir soit une monnaie nationale arrimée à une monnaie communautaire, soit une monnaie commune », explique-t-il. Si le projet n’aboutit pas, « nous devrons envisager de prendre seuls notre souveraineté ».

Rééquilibrer les partenariats 

Le nouveau dirigeant sénégalais veut rééquilibrer ses partenariats internationaux, et renouveler sa relation avec la France, l’ex-puissance coloniale, qui est son premier partenaire commercial. Ousmane Sonko a annoncé une « ère de rééquilibrage de nos relations avec le monde ».

« Ce qu’ils veulent, c’est une politique gagnant-gagnant, c’est du patriotisme économique », explique à l’AFP Babacar Ndiaye, analyste politique du think-tank Wathi.

Se revendiquant panafricaniste, il souhaite renforcer les missions diplomatiques du Sénégal en Afrique, promouvoir l’intégration régionale et proposer une réforme de la Cedeao renforçant le rôle du Parlement et de la Cour de justice.

Et maintenant ? 

Les Sénégalais ont élu Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour car il incarnait la rupture et le changement. Mais « il ne va pas y avoir d’état de grâce », prévient le chercheur Babacar Ndiaye, qui dit que la population voudra des résultats rapidement. Or le temps d’adaptation couplé à un contexte international difficile pourraient empêcher le nouveau pouvoir d’obtenir des résultats rapides, avance le politologue El Hadji Mamadou Mbaye.

Il note néanmoins que le prochain président a « un boulevard ». En gagnant l’élection au premier tour, il a évité un gouvernement de coalition qui aurait pu affaiblir son projet par des alliances politiques. L’enjeu pour eux désormais, « c’est est-ce qu’ils vont être prêts à le faire et est-ce qu’ils en ont les moyens ? » déclare-t-il.

Autre difficulté, son camp est minoritaire à l’Assemblée nationale. Bassirou Diomaye Faye n’a pas exclu de dissoudre cette dernière s’il n’est pas en mesure de mener ses réformes en raison d’une obstruction du camp majoritaire.



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