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Artillerie : L’Ukraine voudrait pouvoir accélérer la réparation de ses CAESAr


Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 27 février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait été interrogé par le député Jean-Michel Jacques au sujet du Maintien en condition opérationnelle [MCO] des équipements militaires livrés par la France à l’Ukraine.

« Nous apportons notre aide à l’Ukraine […] et nous pouvons être fiers que le matériel que nous promettons soit effectivement livré, mais ne peut-on pas aller plus loin ? Fournir du matériel, c’est bien. […] Mais ne peut-on pas aussi imaginer un MCO qui serait beaucoup plus proche du front ? Pour l’heure, le matériel qui doit faire l’objet d’opérations de maintenance part loin du front, ce qui constitue une perte d’efficacité », avait ainsi demandé le parlementaire.

Celui-ci faisait référence à l’audition à huis clos, deux semaines plus tôt, d’Alexandre Zavitnevych et de Yehor Cherniev, respectivement président et vice-président de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement de la Verkhovna Rada, c’est à dire du Parlement ukrainien.

Interrogé sur le retour d’expérience [RETEX] des matériels fournis par la France, M. Zavitnevych avait fait l’éloge du CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie], dont 49 avaient été livrés à l’armée ukrainienne à la fin de l’année 2023.

« Les Caesar sont des équipements modernes puissants ; ils ont notamment contribué à la libération de l’Île des Serpents. Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir fourni ces véhicules qui peuvent rouler pendant plus de 700 kilomètres », avait-il ainsi répondu. Seulement, avait-il ajouté, « comme tout véhicule, ils ont besoin de réparations et, pour cela, de pièces détachées. Je […] demande donc si l’on peut accélérer au maximum la création de sociétés sur le territoire de l’Ukraine, qui disposeraient d’une petite réserve de pièces détachées. C’est vital car, en ce moment, de nombreux équipements reçus de nos partenaires sont immobilisés ».

Quel était alors le taux de disponibilité des CAESAr ukrainiens ? Le compte rendu de cette audition, publié deux mois après sa tenue, ne le précise pas. « Je savais que certains des CAESAr qui vous ont été livrés sont actuellement hors service mais j’ignorais que c’était dans de telles proportion », avait toutefois répondu Thomas Gassilloud, le président de la commission de la Défense.

Sur ce point, KNDS France [ex-Nexter] a récemment indiqué que l’armée ukrainienne avait perdu « moins de 10 % » de CAESAr, livrés par la France et le Danemark, alors que, dans le même temps, le taux de pertes des systèmes équivalents s’était élevé « à près de 30 % ». Mais il n’était pas question de MCO…

Quoi qu’il en soit, deux semaines plus tard, dans sa réponse à M. Jacques, le ministre des Armées avait expliqué que le MCO était « effectivement un enjeu essentiel pour l’Ukraine ». Et d’insister : « Avant même de parler de nouvelles cessions de matériel, il faut veiller à l’entretien de celui qui a déjà été cédé » car le « MCO permet l’endurance » et « il n’est pas sans intérêt pour nous puisqu’il nous offre un retour d’expérience sur un certain nombre de nos armes et il présente des opportunités ».

S’agissant plus particulièrement des CAESAr, M. Lecornu fit valoir que Nexter [KNDS France] avait « fait du bon travail avec un certain nombre d’entreprises du monde agricole ukrainien » car, « au fond, le système mécanique et hydraulique d’un […] CAESAr diffère peu de celui de certains engins agricoles ». Cependant, avait-il admis, le « MCO est vraiment une question clef et vous faites bien de demander ce que l’on peut faire de plus sur le terrain ».

Cependant, sur un CAESAr, le problème se situe surtout au niveau de l’usure des tubes. En 2017, revenant sur l’engagement du détachement Wagram en Irak, dans le cadre de la lutte contre Daesh, le magazine RAIDS avait cité un officier ayant expliqué qu’un tube était arrivé à la moitié de sa durée de vie après 1128 coups tirés en quatre mois ». Or, le rythme opérationnel des artilleurs ukrainiens est sans doute beaucoup plus élevé.

Cela étant, M. Zavitnevych avait dit avoir « d’excellents retours des militaires sur les CAESAr, notamment [ceux] de la 55e brigade d’artillerie de Zaporijjia ». Mais avec toutefois un bémol. « Le fait que ces véhicules soient montés sur roues les empêche de passer partout en cas de conditions climatiques adverses [sic]. Quand il y a beaucoup de boue, en automne et au printemps, l’avantage va aux véhicules à chenilles », compléta M. Cherniev.

Pour rappel, l’armée ukrainienne devrait recevoir 78 CAESAr supplémentaires dans le courant de cette année. Par ailleurs, le 22 mars, M. Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius, ont annoncé que KNDS allait « s’établir en Ukraine, avec une filiale ».

Les « capacités de production se rapprochant de la ligne de front, c’est autant de logistique en moins et de fiabilité dans la capacité à approvisionner les forces armées ukrainiennes », avait alors soutenu le ministre français.





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