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Ancien Premier ministre, Édouard Philippe s’interroge sur le rétablissement du service militaire


Depuis que le Service national a été suspendu – et non supprimé, ce qui aurait dû inciter à une certaine prudence au moment de réformer la carte militaire en 2008 -, nombreux ont été les responsables politiques à s’interroger sur son éventuel rétablissement. Il faut dire qu’une telle idée est plutôt populaire au sein de l’opinion puisque, selon les sondages, entre 60 et 75% des personnes interrogées y sont favorables.

D’ailleurs, en 2017, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait proposé l’instauration d’un « service militaire universel », d’une durée de seulement un mois [soit l’équivalent des « classes »]. Et cela afin de permettre aux jeunes Français de faire « l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine ». Et cela ne manqua pas de susciter du scepticisme, en raison des difficultés d’une telle entreprise [et de la méfiance des Armées].

Pour autant, après son élection, et malgré de nombreuses réserves, M. Macron maintint sa proposition. Et, après quelques tergiversations [et des déclarations contradictoires, notamment sur son caractère obligatoire], ce « service militaire universel » se mua en « service national universel » [SNU]. Restait à en définir les modalités… Ce dossier fut ensuite confié à Geneviève Darrieussecq, alors secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Florence Parly.

Puis il revint à Édouard Philippe, alors Premier ministre, de poser les premières briques de ce SNU… après avoir reçu un rapport ayant mis en exergue les réserves de cinq inspections générales [Armées, Administration, Jeunesse et Sports, Éducation, Finances] au sujet de son instauration.

Actuellement, ce SNU fait l’objet d’une expérimentation, l’objectif étant de le généraliser en 2024. Expérimentation qui, selon le député [écologiste] Jean-Claude Raux, qui ne cache pas son hostilité à cette initiative, a produit des « résultats mitigés ». Et de souligner que sa généralisation donnerait lieu à une « charge financière déraisonnable » qui « ne saurait être inférieure à 2 milliards d’euros en année pleine ». En outre, le « bâti disponible » pour l’accueil risque d’être « insuffisant », tout comme le personnel d’encadrement.

Pour autant, lors d’un entretien diffusé ce 5 novembre par Radio J, Édouard Philippe, à qui l’on prête des ambitions présidentielles, s’interroge à son tour sur le rétablissement du service militaire et non sur la pertinence du SNU.

« Le président Chirac a considéré [en 1996, ndlr] qu’il fallait passer à une armée complètement professionnelle pour défendre les intérêts de la France, et je pense qu’il avait raison à ce moment-là. Est-ce que ce sera toujours le cas? Est-ce qu’un jour, pour préserver les intérêts de la France, sa sécurité, il ne faudra pas former – et former militairement, sinon ça n’a aucun sens – une partie de la jeunesse, voire toute la jeunesse? », a demandé l’ancien Premier ministre. « Ce service militaire pourrait-il concerner tous les jeunes ou une partie d’entre-eux? Une telle question pourrait se poser ‘bientôt » » car « nous vivons dans un monde dangereux », a-t-il poursuivi.

Cela étant, avant sa suspension, et avec une dissuasion nucléaire censée sanctuariser le territoire national, le service militaire prit une dimension plus sociale et éducative, le besoin d’une levée en masse comme autrefois n’étant plus envisagé. Mais, cela n’empêche pas que la question de la « masse » se pose actuellement aux armées, notamment dans l’hypothèse d’un « engagement de haute intensité » [autrement dit, de guerre] en Europe.

Or, M. Philippe a dit ne pas croire à la nécessité de rétablir un service militaire pour « régler des questions sociales ». Mais « je veux bien entendre ceux qui disent : il faudra réinstaller un service militaire parce que les exigences de la défense du territoire l’imposent », a-t-il ensuite précisé.

Mais rétablir le service militaire supposerait de revenir sur les décisions prises après sa suspension… Et donc de consentir à des investissements importants, notamment pour [re]construire les casernes, dont certaines ont été vendues pour l’euro symbolique. Et il faudrait aussi revoir toute l’organisation des soutiens et mettre en place un encadrement adéquat des appelés, ce qui n’est pas une mince affaire.

Cela étant, les armées n’ont pas besoin de disposer d’effectifs pléthoriques [avec 800’000 jeunes d’une classe d’âge sous les drapeaux], à moins de revoir leur format significativement à la hausse… D’où l’ambition – plus raisonnable – affirmée par la Loi de programmation militaire 2024-30, celle-ci prévoyant d’augmenter significativement le nombre de réservistes opérationnels [avec un ratio d’un réserviste pour deux militaires de l’active].





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