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Accusé de détournement de fonds publics, l’ancien ministre de la Santé Urbain Olanguena Awono dénonce un procès sans fondement


Accusé principal d’un énième procès pour détournement de fonds publics devant le Tribunal criminel spécial (TCS), l’ancien ministre de la Santé publique essaie de pousser les principaux acteurs du dossier à arrêter «un procès manifestement fabriqué, sans fondement et injuste» L’affaire concerne de prétendues malversations commises à la Cename, où aucun des accusés renvoyés en jugement n’a jamais été en activité.

C’est le type d’audience où le malaise est visible, à couper au couteau. Le 28 février dernier, M. Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique, était face aux jugés du Tribunal criminel spécial (TCS), où il répond encore d’un présumé détournement de 3 milliards de francs en compagnie d’un ancien collaborateur, Dr Wang Hubert, médecin, qui était le coordonnateur du programme Sida à l’époque des faits au centre du procès.

L’ancien ministre et son coaccusé devaient procéder ce jour-là au contre-interrogatoire du principal témoin de l’accusation, M. Paul Emmanuel Tonye, inspecteur d’Etat à la retraite, auteur d’une contre-expertise ordonnée par le juge d’instruction pendant la phase de l’enquête judiciaire. Il y a longtemps que ce rendez-vous est programmé, mais ne s’est jamais réalisé pour diverses raisons, dont celle relative à l’indisponibilité du témoin pour cause du décès de sa mère.

Portée à l’attention du tribunal, cette information a provoqué la compassion des autres acteurs du dossier D’entrée de jeu cependant, après les formalités liées au début de l’audience, M. Urbain Olanguena Awono a demandé au collège des juges de lui accorder la possibilité d’exprimer son propre malaise au sujet de la procédure judiciaire avant de passer à la phase des questions-réponses avec le témoin.

C’est ainsi qu’il a délivré un message visiblement préparé d’avance message dans lequel il s’étonne de devoir répondre des actes de gestion de la Centrale nationale d’approvisionnement des médicaments (Cename), structure administrative dans laquelle les accusés n’ont jamais joué un quelconque rôle, ni comme employés, ni comme responsables à quelque titre. Il s’est donc plaint, après avoir déjà été condamné par le TCS pour un «détournement de fonds publics par assimilation», de se retrouver devant la même juridiction aujourd’hui «pour le fait d’autrui».

«Est-ce qu’on ne s’est pas trompé de cibles ? Quel sens pourrait-on donner à ce procès manifestement fabriqué, sans fondement et injuste ?», s’est-il questionné avant de laisser Me Memong, l’avocat commun des accusés, interroger quand même le témoin.

Boutade

L’avocat a dit n’avoir préparé qu’une seule question à l’attention de M. Tonye Paul Emmanuel n’ayant vu mentionnés les noms de ses clients nulle part dans le rapport de contre- expertise que l’inspecteur d’Etat à la retraite avait produit à la demande de M. Kouabou Jérôme, le juge d’instruction chargé du dossier Question de l’avocat «Est-ce que, dans le cadre de vos investigations, vous avez constaté que M. Olanguena Awono ou Dr Wang étaient impliqués dans les détournements des médicaments ou des fonds publics au niveau de la Cename ?»

En guise de réponse, le témoin a décidé de rappeler au tribunal le mandat précis qui lui avait été donné dans le cadre de la contre-expertise réalisée par ses soins. Contre-expertise qui justifie sa présence dans la salle d’audience comme témoin et dont il ne veut pas se risquer à violer les frontières.

«D’abord, je devrais vérifier la livraison effective des médicaments par la Cename aux responsables des groupes techniques provinciaux (GTP) de lutte contre le Sida et à certains centres techniques agréés et formations sanitaires puis je devais faire parvenir au cabinet d’information, en dix exemplaires un rapport sanctionnant ces travaux», a dit le témoin en lisant son mandat.

Il a donc répondu par une boutade à la question de l’avocat «A vous de déterminer si je devais aller jusqu’à l’identification des responsables d’éventuelles malversations». C’est une réponse qui n’a pas satisfait aux attentes de l’avocat, lequel est revenu à la charge. «Au-delà de votre mandat, avez-vous perçu les auteurs éventuels des malversations ?».

Réponse instantanée du témoin : «Mon travail était un travail arithmétique, qui ne consistait pas à déterminer la qualité des produits livrés puisque je n’en ai pas la compétence. Je dois le dire à haute et intelligible voix. Tout comme je n’ai pas la compétence de qualifier les faits. Ça ne relève pas de mon domaine». Relance de l’avocat «Vous avez utilisé des documents dans le cadre de votre expertise. Est-ce que les noms des accusés ici présents apparaissent dans ces documents ?»

Réplique du témoin «Il faut exploiter le rapport et voir si ces noms y sont mentionnés». «Nous avons vu îe rapport et nulle part n’apparaissent leurs noms. Est-ce à dire qu’ils ne sont pas concernés par les opérations que vous avez auditées ?», a insisté Me Memong.

«La chaine de la dépense ne commence pas à l’achat du médicament. Il y a une décision de nature juridique au départ, signée par quelqu’un… II y a dès bons de commande… Ce n’était pas mon travail», répond encore l’inspecteur d’Etat à la retraite en restant volontairement énigmatique. Cette réponse va clôturer les échanges entre le témoin et l’avocat, le collège des juges constatant simplement que le témoin a donné sa réponse à la question qui lui a été posée.

Cause renvoyée

En principe, selon la procédure judiciaire, la parole devrait revenir aux accusés pour qu’ils interrogent le témoin à leur tour Le tribunal va le dire à l’ancien ministre et à son compagnon d’infortune. Si ce dernier dit n’avoir aucune interrogation à porter à l’attention de l’inspecteur d’Etat à la retraite, M. Olanguena Awono a indiqué qu’il va quand même poser quelques questions d’ordre général et souhaite que le tribunal donne la possibilité à ses autres avocats, absents à l’audience, d’interroger le témoin.

«Nous notons que vous faites la demande d’un renvoi», précise le président du collège des juges à l’attention de l’ancien ministre. Et, après quelques échanges informels, le tribunal annonce que la cause est renvoyée au 18 avril 2024, à la demand? de M. Olanguena Awono. La date du 25 avril est aussi retenue dans l’espoir que ce sera suffisant pour achever avec l’audition du témoin.





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