à bout, ces profs dénoncent l’attitude des parents qui ne « voient pas où est le problème »

D’un côté, il y a les adeptes de l’éducation positive, cette approche éducative à laquelle de plus en plus de parents ont recours. Que ce soit dans les rayons des librairies, sur les réseaux sociaux ou encore sur des sites spécialisés, les guide de parentalité sur ce sujet fourmillent. De l’autre, il y a ceux qui dénoncent les dérives de cette approche bienveillante et prônent un retour vers une éducation plus autoritaire.

Entre ces deux perspectives, il y a l’école, lieu où les enfants passent la plus grande partie de leur temps et se voient confier le temps d’une journée au corps enseignant. Si certains tentent de s’inspirer des principes de l’éducation positive, également appelée bienveillante, d’autres en revanche y voient surtout des défis.

Les défis de l’éducation positive vus par les professeurs

L’éducation positive met l’accent sur le bien-être de l’enfant dans ses apprentissages en favorisant une communication bienveillante. Ainsi, au lieu de crier contre son enfant, les parents cherchent à lui expliquer calmement ses erreurs. De même, être à l’écoute de son enfant, le laisser librement exprimer ses émotions et ses envies tout en lui expliquant les règles, mais sans les lui imposer, est au cœur de cette approche éducative.

Si l’éducation positive est très populaire depuis une dizaine d’années, elle ne fait cependant pas l’unanimité parmi des enseignants. Le site HuffPost a consacré un article sur l’impact de l’éducation positive dans les écoles en recueillant les témoignages de trois professeurs du primaire dont les noms ont été changés afin de préserver leur vie privée. Parmi eux, Stéphane, tient à souligner : « L’idée globale d’écouter un enfant ne peut pas être remise en question. Mais l’école n’est pas adaptée aux enfants de parents qui appliquent strictement ces principes. »

crédit photo : Shutterstock Des élèves de maternelle assis à leur table avec leur enseignante

Les enseignants doivent s’adapter dans leur approche pédagogique face aux principes de l’éducation positive

Sandrine, une enseignante de 55 ans qui s’est penchée sur l’éducation positive au travers de livres, reconnaît qu’une telle approche représente un défi à mettre en œuvre dans les écoles : « J’ai vu des élèves s’asseoir sur le bord des fenêtres avec qui il fallait argumenter pour qu’ils descendent. »  Le problème auquel se heurte l’enseignante est que certains de ses élèves ne comprennent pas toujours la notion d’interdiction.

Face à cette difficulté à se plier aux règles, les enseignants tentent alors de s’adapter, mais ils se heurtent à certaines limites, notamment dans leurs méthodes d’enseignement, comme le confie Stéphane en citant l’exemple des mathématiques : « On ne peut pas tout expliquer, un calcul ça se fait de cette manière depuis la nuit des temps, parfois il faut juste appliquer les choses ».

L’éducation positive reste un « idéal » dans le milieu scolaire

Au-delà des élèves, les enseignants rencontrent également des difficultés avec les parents, avec qui il arrive que des tensions se fassent sentir en raison de divergences concernant l’approche disciplinaire envers les élèves. Pour certains parents, une « petite réprimande peut en choquer », confie Stéphane en citant l’exemple : « Pour des parents, dire à un enfant de se taire est une agression. » Un constat partagé par Sandrine qui ajoute : « Certains enfants ne comprennent pas le “non”. Et pour certains parents c’est normal […] Une mère m’a une fois dit que j’avais traumatisé son fils… Car je l’avais empêché d’aller discuter en classe tout en lui expliquant pourquoi ».

crédit photo : Shutterstock Des écoliers avec leur enseignante

Face à ces défis, il y a Laurence, 49 ans et enseignante de maternelle. Cette dernière intègre dans sa classe l’éducation positive qu’elle utilise d’ailleurs aussi dans la sphère privée. Elle explique adapter son approche en fonction de l’âge de ses élèves : « En petite section, ils apprennent à s’adapter aux contraintes du groupe et à respecter les règles minimales. La troisième année, j’insiste sur les acquis et je les embête beaucoup plus. » Cela lui a certes valu quelques ajustements dans sa manière d’enseigner. Elle reconnaît que l’usage de ce type d’éducation à l’école reste un « idéal » et que l’effectif a également son importance : « Quand on est 29, c’est difficile de régler quatre conflits en même temps. Une année, on était 16. C’était beaucoup plus facile à mettre en place. »