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Voici comment les USA ont sous-traité la sécurité de Paul Biya avec les Israéliens

Le président de la République entretient une relation particulière avec Israël. Les éléments de la garde présidentielle et le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) sont formés par d’anciens militaires et ex agents des services de renseignement israéliens. Et pourtant l’Israel n’était pas la première option de Paul Biya. Le président camerounais avait après le coup d’Etat manqué de 1984 sollicité l’appui des USA au détriment de la France. Ce sont les Américains qui ont sous-traité la sécurité de Biya avec les Israéliens. CamerounWeb vous propose les extraits du livre « Au Camerou de Paul Biya » qui retrace ce deal entre les USA et les Israéliens.

Après la tentative de coup d’État de 1984, il a fait des changements importants : soupçonnant la France, qui assurait jusque-là sa protection, d’avoir joué un rôle dans ce coup de force, il s’est tourné vers les États-Unis. Ces derniers ont sous-traité le marché de sa sécurité à Israël. Pendant de nombreuses années, le colonel Avi Sivan45, retraité de l’armée israélienne et ancien attaché de défense à l’ambassade d’Israël à Yaoundé, a assuré la formation et le commandement de la Garde présidentielle (GP), qui bénéficie d’un traitement privilégié par rapport aux forces de sécurité ordinaires.

Le déploiement de la GP autour du président est toujours impressionnant : quand Biya « sort », ce qui signifie en général qu’il se rend à l’aéroport, ses hommes en armes sont postés tous les cinquante mètres, sur les immeubles et le bord des routes, tout le long de l’itinéraire qu’emprunte à toute allure le long cortège présidentiel constitué de voitures noires aux vitres fumées et de motos. Pendant ce temps, les commerces ont l’ordre de fermer leurs portes, les particuliers leurs fenêtres, et les routes d’une partie du centre-ville sont bloquées pour laisser la voie libre au président, créant d’immenses embouteillages et handicapant tout le fonctionnement de la capitale pendant plusieurs heures. Pour éviter que les forces de sécurité ordinaires ne se retournent contre lui comme en 1984, Biya a pris un certain nombre de mesures. Il leur a accordé de nombreuses faveurs : il a notamment veillé à ce qu’elles ne soient pas concernées par les importantes baisses de salaire des fonctionnaires de 1993.

À qualification égale, un militaire est aujourd’hui beaucoup mieux payé qu’un civil. Biya a aussi multiplié les avancements et donné un important budget au secteur de la Défense, qui occupait en 2010 la troisième ligne du budget national, sans compter les dépenses hors budget réalisées par la présidence à son profit. La haute hiérarchie est particulièrement privilégiée : pour l’éloigner du politique, Biya lui a donné des prébendes et la possibilité d’investir le champ économique, à tel point que la plupart des généraux et colonels sont devenus de véritables businessmen.

Certains possèdent de vastes plantations, de gros hôtels, des immeubles, des concessions forestières tandis que d’autres ont fait des investissements dans le secteur minier ou celui de la sécurité privée. Le colonel Sivan possédait lui-même une discothèque à Yaoundé, une entreprise de services internet et était le fournisseur en armes et en équipements de la GP et du Bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite créée en 2001 et dépendant directement de la présidence. Pendant longtemps, Biya a conservé les généraux en poste au-delà de l’âge légal de la retraite à la fois pour les tenir en mains et pour qu’ils puissent continuer à profiter de leur position de rente.

Ce n’est que début 2011 que, pour la première fois, quatre généraux, le général d’armée Pierre Semengué, les généraux de corps d’armée Oumaroudjam Yaya et Jean Nganso Sunji, et le général de division James Tataw Tabe, tous âgés de plus de 70 ans (78 ans pour Tataw Tabe), ont été mis à la retraite, avec cependant des avantages très importants.

Mais s’il a favorisé les individus, Biya a fait en sorte que l’armée ne soit pas opérationnelle : les militaires ont peu d’armes et de munitions et ne s’entraînent pas. Beaucoup de brigades de gendarmerie ne comptent que trois ou quatre éléments et aucun moyen de transport. Biya a ainsi rendu l’armée totalement inoffensive : elle ne peut a priori rien tenter contre lui.

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