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Vaccin anti-Covid-19 de Valneva : Voici cinq minutes pour comprendre la résiliation du contrat par le Royaume-Uni

Le groupe franco-autrichien devait livrer plus de 100 millions de doses de vaccin au Royaume-Uni, selon qui l’industriel a manqué à ses obligation. Ce que Valneva « conteste vigoureusement ».

La presse britannique parle d’une histoire mystérieuse et se perd en conjectures. Le groupe franco-autrichien Valneva a indiqué ce lundi que le gouvernement britannique avait résilié son contrat portant sur au moins 100 millions de doses de vaccins contre le Covid-19. Le Royaume-Uni « prétend que Valneva a manqué à ses obligations », ce que le groupe « conteste vigoureusement ». Un coup dur pour l’industriel, qui n’avait pas trouvé d’accord avec la Commission européenne. On fait le point.

Que sait-on de ce vaccin ?

Il s’agit d’un vaccin dit inactivé, c’est-à-dire qu’il a été conçu en partant d’un virus rendu inopérant. L’organisme réagit ainsi comme s’il était infecté par le « vrai » virus. « C’est une technologie assez classique et bien maîtrisée, qui a l’avantage de générer une gamme importante d’anticorps. Mais Valneva était assez en retard sur ce créneau, notamment par rapport aux vaccins chinois [Sinovac et Sinopharm] », indique au Parisien l’immunologue Stéphane Paul, membre du comité vaccins anti-Covid.

Le groupe basé près de Nantes avait indiqué fin août, sur la base des essais de phases 1 et 2, « avoir un vaccin qui soit efficace de manière supérieure à 80 % ». Mais peu de données ont véritablement filtré. Et les résultats plus complets de phase 3, comparant le produit du groupe britannique AstraZeneca avec le candidat-vaccin Valneva, ne sont pas attendus avant la fin de l’année. « Pour Sinovac et Sinopharm, l’efficacité entre 40 et 50 %. Ce n’est clairement pas suffisant », indique Stéphane Paul.

Que s’est-il passé ce lundi ?

C’est l’industriel lui-même qui l’a annoncé dans un communiqué paru tôt ce lundi matin : le gouvernement britannique a fait savoir à Valneva qu’il mettait fin au contrat liant les deux parties. Le groupe, qui était censé livrer au moins 100 millions de doses de vaccins outre-Manche, à partir du début de l’année 2022, précise que le contrat incluait « une clause permettant au gouvernement britannique d’y mettre fin », sans en dire plus. Le Royaume-Uni avait été le premier gros client à passer commande de vaccins Valneva.

Pour le moment, on n’en sait pas davantage sur les raisons précises. Stéphane Paul juge « possible que des résultats intermédiaires de phase 3 aient été transmis au gouvernement britannique, qui a considéré que l’efficacité était trop faible par rapport à AstraZeneca ». Il pourrait aussi y avoir des doutes sur la capacité de rendement, un tel vaccin pouvant être compliqué à fabriquer. Le groupe prévoyait de faire sortir d’usines situées en Ecosse ses doses à destination du Royaume-Uni.

Quelles conséquences pour le groupe ?

Dans son communiqué, Valneva dit « continuer à être pleinement engagé dans le développement » de son candidat vaccin et il « va accroître ses efforts avec d’autres clients potentiels ». Son produit, au nom de code VLA2001, pourrait aussi servir à des vaccinations de rappels « puisque les vaccins inactivés ont démontré par le passé être particulièrement appropriés pour ce genre [de chose] », estime-t-il.

Mais cette annonce est clairement un coup dur pour l’industriel, qui emploie environ 500 salariés. Dans l’immédiat, il doit composer avec une chute de plus de 40 % de son cours en Bourse, passé en quelques dizaines de minutes de 20 à 12 euros. « C’est une société française qui avance sur beaucoup de projets en même temps, et qui a vu la boîte de Pandore des vaccins contre le Covid-19 s’ouvrir », observe Stéphane Paul, pas totalement surpris par l’annonce britannique.

Et pour la France ?

A priori, cette annonce n’aura pas d’impact direct sur la France. La Commission européenne (qui regroupe les commandes françaises) n’a en effet commandé aucune dose de ce vaccin, malgré le souhait de plusieurs Etats, dont la France et l’Allemagne. « Il y a une dizaine de pays intéressés par un accord avec Valneva. Le contrat est écrit, mais les deux parties doivent encore se mettre d’accord sur quelques paramètres structurants. Une fois cela réglé, la situation pourrait avancer rapidement », indiquait fin avril une source européenne. Mais la société franco-autrichienne « n’a pas rempli les conditions » pour être retenue, avait indiqué au printemps dernier la Commission européenne.


Des discussions avec l’Union européenne sont « toujours en cours », a assuré fin août le PDG de Valneva, Franck Grimaud. A priori, la décision britannique ne risque pas de débloquer la situation à court ou moyen terme. En France, la très grande majorité des doses administrées actuellement sont du Pfizer.

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