Un avion de combat chinois J-10 a largué des fusées éclairantes près d’un hélicoptère MH-60 australien

Les relations diplomatiques entre Canberra et Pékin commencèrent sérieusement à se dégrader à partir de 2017. Et cela pour plusieurs raisons, dont l’influence croissante de la Chine dans le voisinage immédiat de l’Australie et l’ingérence chinoise dans les affaires intérieures australiennes.

La décision du gouvernement australien de bannir l’équipementier chinois Huawei de son réseau de télécommunication 5G et, surtout, son appel à lancer une enquête indépendante sur l’apparition en Chine du covid-19 accentuèrent la brouille entre les deux pays.

Durant cette période, l’Australie dénonça à plusieurs reprises le comportement « dangereux » et « non professionnel » des forces chinoises à l’égard de ses avions de patrouille maritime et de ses frégates. Dans le même temps, Pékin prit des mesures de rétorsions économiques à l’égard de Canberra, en augmentant les droits de douanes sur des exportations australiennes clés, comme le bœuf, le vin, les céréales et autres matières premières.

Cela étant, la visite que fit à Pékin Anthony Albanese, le Premier ministre australien, marqua le début d’un réchauffement des relations entre l’Australie et la Chine. « Nos deux nations n’ont pas de griefs historiques ou de contentieux ni de conflits d’intérêts fondamentaux. Et elles peuvent vraiment devenir des partenaires de confiance et réussir ensemble », fit valoir Xi Jinping, le président chinois, à cette occasion.

En mars, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, s’était félicitée de la normalisation des relations entre Canberra et Pékin, après avoir souligné « l’ampleur des progrès accomplis en peu de temps ».

Pour autant, ce réchauffement diplomatique n’a pas empêché un nouvel incident sérieux entre les forces australiennes et chinoises.

Ainsi, le 6 mai, Canberra a accusé un avion de combat chinois de type J-10 d’avoir largué des fusées éclairantes près d’un hélicoptère MH-60 Seahawk mis en œuvre depuis le « destroyer » HMAS Hobart, alors en mission en mer Jaune dans le cadre de l’opération Argos [nom de la contribution australienne à l’United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell, qui vise à documenter les violations des sanctions internationales infligées à la Corée du Nord].

« Le 4 mai 2024, le HMAS Hobart se trouvait dans les eaux internationales de la mer Jaune pour mener des activités de routine dans le cadre de l’opération Argos. […] Au cours de ces activités, un hélicoptère MH-60R de la Royal Australian Navy opérant depuis le HMAS Hobart a été intercepté par un avion de combat de la composante aérienne de l’Armée populaire de libération [PLA-AF]. Celui-ci a lancé des fusées éclairantes sur la trajectoire de l’hélicoptère. Il s’agissait d’une manœuvre dangereuse qui présentait un risque pour l’équipage et son appareil », a expliqué le ministère australien de la Défense, via un communiqué.

Selon Richard Marles, le ministre australien de la Défense, le J-10 a largué ses fusées éclairantes à une distance d’environ 300 mètres devant et à 60 mètres au-dessus de l’hélicoptère, ce qui a obligé son équipage à « prendre des mesures d’évitement ».

« Le gouvernement australien a fait part de ses inquiétudes au gouvernement chinois après cette interaction dangereuse et non professionnelle », a indiqué Canberra.

Cet incident est le plus sérieux depuis celui survenu en novembre dernier, alors que M. Albanese venait de se rendre à Pékin. Pour rappel, la frégate HMAS Toowoomba avait fait l’objet d’intimidations de la part du « destroyer » chinois Ningbo, dans la zone économique exclusive [ZEE] du Japon.

Alors que le navire de la Royal Australian Navy s’était mis en panne pour retirer un filet de pêche emmêlé autour de ses hélices, le « destroyer » chinois s’était approché très près de lui avant d’activer son sonar de coque, « d’une manière qui présentait un risque pour la sécurité des plongeurs australiens ».