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Tortures et homicide : Voici ces hautes instructions qui scellent le sort du Lamido de Garoua

• La situation se complique pour le lamido de Garoua

• Il a été officiellement inculpé d’homicide

• Etoudi exige la lumière dans cette affaire d’assassinat

L’affaire d’assassinat dans laquelle est fortement impliquée le lamido de Garoua prend une allure qui surprend les Camerounais. En moins de deux semaines la plus haute autorité religieuse de la région du Nord est formellement inculpée par le tribunal militaire de Garoua. Il est officiellement accusé de torture et d’homicide. Le 31 janvier 21, Ali Youssouf cousin de lamido décédait chez ce dernier. La dépouille de jeune élève a été enterrée dans la précipitation. Les populations dénoncent des actes de torture sur l’enfant. Les images du cadavre ont fuité et scandalisé tout le pays. Le 3 février, sur instruction des hautes autorités du pays, le corps de Ali Youssouf fut exhumé. Les résultats de l’autopsie sont sans appel. Le neveu du lamido a été victime de torture.
Jeune Afrique qui a consacré un article a ce scandale qui ébranle la ville de Garoua, suspecte un lien entre la rapidité avec laquelle l’affaire est traitée et des instructions du Palais de l’Unité.

« Est-ce parce que l’affaire a provoqué un véritable scandale à Garoua que l’enquête progresse rapidement ? Ou parce que l’autorité traditionnelle et religieuse la plus puissante du Nord est mise en cause et que le palais d’Etoudi lui-même a demandé à ce que le dossier soit instruit avec célérité ? Quelques jours seulement après avoir été entendu par la gendarmerie sur les circonstances du décès de l’un de ses neveux, le lamido de Garoua a été déféré devant un tribunal militaire, le 7 février », écrit le journal.

Jeune Afrique révèle également que le Lamido a échappé de justesse à un lynchage. Il fut extrait de son palais par les éléments de la gendarmerie nationale. « Ibrahim El Rachidine est soupçonné d’être lié à la mort d’Ali Youssouf, un jeune homme tué le 31 janvier dernier sur la propriété du lamido et enterré dès le lendemain dans un cimetière de la ville. Le 3 février, le corps de la victime avait été exhumé pour être autopsié après que plusieurs témoignages avaient fait état de tortures et de sévices. Le 4, alors que la foule en colère menaçait de lyncher le lamido, les forces de sécurité l’avaient extrait de sa résidence pour le conduire dans les locaux de la gendarmerie de Garoua afin de l’entendre », précise le journal.

Le journal Le jour livre quelques extraits des résultats de l’autopsie
La directrice de l’hôpital régionale de Garoua signataire du certificat médical d’Ali Youssouf mentionnant qu’il est mort d’un arrêt cardiaque a été entendue trois fois par le pool des enquêteurs de la gendarmerie. Une source proche de l’hôpital régional de Garoua a confié sous anonymat que l’autopsie faite par un groupe de médecins légistes révèle que l’adolescent est mort de suites de torture. Il avait sept côtes cassées, les testicules brouillés et la colonne vertébrale éclatée. Dans un communiqué non signé, le lamidat de Garoua expliquait alors que le neveu du Lamido Ibrahim El Rachidine est mort d’un arrêt cardiaque. Et que c’était sous l’emprise psychotique qu’il voulait attenter à la vie de sa maman.

Après l’audition de la mère du jeune Ali Youssouf et trois membres de la Faadah et deux militaires, les enquêteurs ont déféré les mis en cause au Tribunal militaire. Il ressort des enquêtes préliminaires et des déclarations des mises en cause que tous exécutaient les instructions du lamido de Garoua.

La sœur ainée du lamido de Garoua, mère d’Ali Youssouf est accusée de complicité de meurtre et de traitements dégradants. « La mère de cet adolescent est poursuivie pour avoir commandité le meurtre de son fils. Elle est en garde à vue depuis le mercredi dernier. L’affaire a été transmise au tribunal militaire de Garoua parce que nous avons déjà entendu tous les mises en cause », a confié sous anonymat une source proche de l’enquête.

Dans la ville de Garoua, des tracts demandant la destitution du lamido de Garoua circulent. Selon les auteurs de ces tracts, sa majesté Ibrahim El Rachidine, le lamido de Garoua aurait déshonoré le lamidat. « Le lamido Ibrahim El Rachidine humilie le lamidat de Garoua ainsi que les princes et princesses de Garoua par le non-respect des traditions. En bastonnant à mort votre neveu Ali Youssouf, unique fils de votre grande sœur nous constatons que vous êtes inhumain », peut-ton lire sur le document abondamment publié sur les réseaux sociaux et distribué dans la ville de Garoua. Les auteurs du tract achèvent leur pétition en ces termes : « vous n’êtes pas le gardien de nos traditions ».

En rappel, c’est le 1er février 2022 qu’un message porté du gouverneur de la région du Nord adressé au préfet de la Bénoué et au procureur général près la cour d’appel du Nord ainsi qu’au délégué régional de la santé du nord prescrivait l’ouverture d’une enquête sur la mort d’un adolescent au Lamidat de Garoua. Une mort suspecte, qui, selon Jean Abate Edi’i, le gouverneur, aurait été dissimulée. Le lendemain 2 février, le préfet de la Bénoué décide par arrêté, de l’exhumation du corps du jeune Ali Youssouf, 18 ans.

Selon les témoins, les sévices corporels sont visibles sur la dépouille de l’adolescent. Le lamido est alors accusé de complicité de meurtre avec les éléments de sa cour. Il a été retenu depuis plus de 36 heures à la compagnie de gendarmerie, officiellement pour sa sécurité. Le lamidat a été scellé le vendredi 4 février 2022 et le lamido est sommé de ne pas quitter la ville de Garoua. Il a été alors mis sous surveillance dans sa résidence privée au quartier Haut-Plateau, jusqu’au transfert du dossier au Tribunal militaire.

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