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Réaction : Claude Abé réagit sur la crise qui prévaut à la Fecafoot

Le , Professeur de sociologie fait une chirurgie sans anesthésie des différents problèmes que traverse la Fecafoot de Samuel Eto’o depuis quelques jours. camerounweb.com vous propose ci-dessous l’intégralité de son texte.

« Ce que je pense de certaines démarches périphériques autour de la gestion de la Fécafoot depuis l’élection de Samuel Eto’o Fils

L’on découvert cette semaine un récit de présomption de corruption et de gabégie imputées à Eto’o Fils et compagnie. La même semaine ce même Eto’o s’est tiré à lui-même une balle dans la jambe en montrant un visage traduisant une dérive autoritaire avec la suspension de mon ami Guibaï Gatama. Une autre distraction s’est ajoutée au cours de la même semaine, la querelle entre la fédération et le ministère autour de la nomination de l’entraîneur des lions indomptables, pourtant domptables! A cette allure, ce qui est en jeu, c’est l’intérêt pour le football car tout se passe comme si des individus tapis dans l’ombrelle avancent leurs pions pour reprendre la main sur l’Histoire du Cameroun dont-ils se rendent compte subitement qu’ils ne sont pas les faiseurs malgré leurs arrogantes positions.
Humblement je pense que ceux qui posent le problème sous l’angle de la lutte pour la représentation d’une région ou d’une communauté ethno-régionale font fausse route. Le problème est mal posé si c’est celui d’un ressortissant du Nord à une position res publicaine. Un « nordiste » peut être à Etoudi sans que le « grand Nord » en bénéficie. De nombreux exemples existent actuellement à l’instar de l’administration de l’Assemblée Nationale où un individu joue noyau familial. Ce que je dis du Nord est vrai du Sud, de l’Est…Le problème est celui de la sensibilité des dirigeants à l’idée de res publica. Le problème que les entrepreneurs identitaires comme Guibaï Gatama posent à la Fécafoot me gêne particulièrement car le sport est jusque-là demeurée une citadelle imprenable part le factionnalisme communautariste. Plus grave, ils font le jeu de ceux qui résistent au changement, c’est-à-dire à la transformation structurelle en profondeur du pays. Ce qui se passe à la Fécafoot depuis l’arrivée de Monsieur Eto’o va au-delà du simple football. Les apparatchiks ne voulaient pas de ce dernier à cause de son insaissabilité par eux. Du coup, aujourd’hui il me semble qu’ils ont décidé de démontrer que Monsieur Eto’o était un mauvais choix. Pour y arriver, ils ont choisi de le dé-concentrer en inversant l’ordre des priorités: l’intérêt du football va donc céder la place à des luttes byzantines secondaires comme le déficit de prise en compte de la diversité sociologique du Cameroun dans la constitution de l’appareil administratif de la fédération. Je ne serai pas étonné que l’on fasse très bientôt renaître l’abonné du contentieux au TAS. Ce que je veux dire que tout est mis en place pour que la distraction prenne le dessus sur l’essentiel. Et j’ai peur que sur ce coup en suivant mon ami Guibaï Gatama, les entrepreneurs communautaristes ne se trompent de cible. Cette manière de voir les choses ne veut pas dire dédouaner Monsieur Eto’o notamment sa tentative de dérive autoritaire.
Sachons rester concentré sur l’essentiel car le basculement de modèle de gouvernance et de logiciel politique peut se faire à partir d’un espace où dominent les émotions comme le football. Ce dernier pourrait s’avérer être pour les apparatchiks locaux ce que le Mali symbolise actuellement pour la France.

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