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Prison de Yoko: il s’évade après une longue séance de s0domie avec le régisseur voici les détails

Le 28 août 2013, Amadou, 24 ans est « chef courrier chargé du transit » à la Société camerounaise des services. Cette entreprise située au quartier Bastos, porte aux domiciles privés et aux bureaux du courrier et des colis divers. Elle fourni aussi le matériel de bureau et des équipements de toute nature aux entreprises.

Il est arrêté à Yaoundé, suite à une plainte d’un client de nationalité française. Le plaignant déclare avoir perdu trois ordinateurs de marque Apple. Jugé à la deuxième audience au tribunal correctionnel de Yaoundé, Amadou est condamné le 21 novembre 2013 à un an de prison ferme, et à payer au plaignant une amende de 500.000 francs Cfa.

Ecroué à la prison centrale de Kondengui où il, purgeait déjà sa peine, Amadou est transféré le 18 janvier 2014 avec 49 autres prisonniers à la célèbre prison de Yoko dans le département de Mbam-et-Kim.

Dès cet instant, la vie d’Amadou a basculé à son arrivée au pénitencier de Yoko : il est atrophié. Il marche en trainant sa jambe droite. 11 affirme éprouver de violentes douleurs à son anus. Il est convaincu que ces douleurs seraient à l’origine de la perte delà motricité de sa jambe. Amadou accuse sans ambages Mepoui David Ezé, le régisseur de la prison :

« Il est à l’origine de mes souffrances …Quand j’étais arrivé dans cette prison, j’étais comme son protégé. Il me commissionnait régulièrement et je bénéficiais de certaines faveurs de lui. Après le décret du chef de l’Etat portant remise des peines, je devais être libéré dans les plus brefs délais comme certains dans d’autres prisons du pays. Moi je ne m ‘étais pas acquitté de ma de ma caution de détenu. Mais j’avais tout de même fait une avance de cette obligation. Le régisseur m ’a proposé de coucher encore avec lui, si je voulais être libéré sans solder mes obligations financières. J’ai accepté… Je l’ai fait…», nous confie Amadou dans l’enceinte de la prison.

Mais cette liberté promise après l’acte ******, Amadou ne l’a jamais retrouvée. Il explique : « Quand j’ai commencé à revendiquer soit la restitution de mon argent avancé, soit ma libération, le régisseur Mepoui David Ezé a durcit mes conditions de détention… aujourd’hui, je suis un homme fini, je n’ai plus rien à perdre, donc rien à craindre, j’ai décidé de parler, car tout peut m ’arriver à tout moment » affirme Amadou.

Sodomie et cabanon

Amadou n’est pas seul à subir les pratiques de sodomie à la prison de Yoko. Dans une nuit de juin 2014, Alim Garga, un autre prisonnier régulièrement sodomisé par le régisseur, réussi à trouver une faille en trompant la vigilance des gardiens, il s’évade, après une longue séance de sodomie dans les appartements du régisseur situés au dessus de la prison.

David Mepoui Ezé n’est pas un costaud. Il a une taille moyenne, environ 70 kg, âgé d’au plus 50 ans. Il vit seul dans sa maison de fonction. Il a été affecté à la prison de Yoko depuis 2010. A bord de sa moto vieillie, il aime faire le tour de la ville pour prendre la température de celle-ci, épier les conversations des habitants de la vieille, citée construite par les Allemands lors de leur bref séjour colonial au Cameroun, au milieu de la décennie 1880.

De temps à autre, ce régisseur aux allures d’un shérif américain du temps de la conquête de la Côte-ouest des Etats-Unis, parvient souvent à capturer un évadé de prison et le coffrer au cabanon.

Mepoui David Ezé a renvoyé sa femme et ses enfants à Yaoundé depuis plusieurs années pour des raisons que personne ne connait à Yoko. Officiellement, il dit que c’est parce que l’une de ses filles a été exclue du lycée : « J’ai mal pris cette exclusion, c’est pour cela que j’ai décidé de les faire partir », explique t-il d’un air désabusé.

Face aux accusations de sodomie, David Mepoui Ezé lance un sourire qui cache sa gêne : « Je ne connais pas ça. Ici on n’en parle pas ; mais personne n’est jamais venu se plaindre chez moi », nous confie t’il, tout en balançant, ses jambes, assis sur sa chaise, le regard lointain. A la question de savoir ce qui pouvait motiver les détenus à porter de telles accusations contre lui, il n’a aucune explication plausible.

Il se contente de dire : « Je n ’encourage pas ça. Ils sont entre eux et savent ce qu’ils font là-bas » renchérit-il. Mais, les détenus maintiennent leurs accusations. C’est la parole de tous contre celle du régisseur.

L’un d’eux,, qui revient de corvée, fatigué et en guenille, précise : « Il utilise la violence, il nous flatte par moment. Il sodomise certains jeunes détenus à qui il promet une libération sans amende », explique Brad, un jeune qui utilise ce sobriquet pour sa sécurité. Il fait également partie des victimes du régisseur.

Escroquerie et complicités

Aux accusations de sodomie, le régisseur fait également face à des accusations d’escroquerie. Le cas d’Engueme Michel est régulièrement mis en exergue. Ce détenu fait partie du contingent parti de Kondengui pour Yoko le 18 janvier 2014. Il avait de petits revenus provenant de sa famille. Il décide d’ouvrir une petite boutique au complexe commercial de Yoko (à-proximité de la gare). Il affirme ayoir obtenu au départ une autorisation. du régisseur contre compensation financière.

Après avoir versé 133.000 Fcfa, pour la location de la boutique, il a reçu une quittance délivrée par le maire. Il effectue des travaux dé rénovation évalués à environ 700 000 Fcfa. Un habitant de la ville affirme d’ailleurs n’avoir pas été surpris par une telle démarche du détenu Engueme car, précise t-il, << Certains détenus ont des foyers avec femmes et enfanls ; ils dorment chez eux, et non à la prison ». Cette information est confirmée par certains membres du clergé local.

Au moment où Engueme Michel s’apprête à lancer ses activités, il reçoit le 22 mai 2014, un courrier de la Commune de Yoko. Il est écrit dans cette correspondance :

« J’ai le regret de vous annoncer qu ‘en tant que détenu de la prison principale de Yoko, vous êtes privés de vos droits civiques et donc interdit de signer un contrat de bail (..’.) par conséquent, vous voudriez bien, dans, les plus brefs délais, suspendre toute activité’êntamée dans l’espace commercial en question, y retirer vos effets et remettre les clefs au chef du marché ».

La correspondance précise : « En outre, des mesures sont déjà prises pour vous rembourser le montant figurant sur la quittance (sus-évoquée) ».

Paradoxalement, la correspondance n’est plus signée du maire, mais plutôt de son 1er adjoint, Abena Assoke Charles. Jusqu’au moment où nous bouclions notre enquête à Yoko, Engueme n”était entré en possession des sommes qu’il avait investies. Lorsqu’il s’en remet au régisseur pour revendiquer son argent, il est aussitôt mis à l’isoloir et enchaîné au cabanon.

David Mepoui Ezé reste muet, pendant que le détenu écope d’une sanction sévère. Le régisseur affirme ne pas être au courant de la transaction pour l’acquisition d’un comptoir commercial au marché, pourtant, la lettre du 1er adjoint au maire était adressée à « Engueme Michel, S/C de Monsieur le régisseur de la prison principale de Yoko ».

A Yoko, les membres du clergé sont tout aussi intrigués par la situation à la prison. Sous anonymat, un prêtre confie : « Les décisions de justice ne sont pas appliquées ici à Yoko. Ceux qui doivent être libérés ne le sont pas. Les détenus dorment hors du pénitencier. On a le sentiment que Yoko est un Etat dans un Etat »

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