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Présidentielle 2025 : Voici une importante lettre sur la table de Franck Biya

Les prochaines élections présidentielles au Cameroun doivent se tenir en 2025. Dans la foulée, Dr Fridolin Nke a fait une importante demande au fils du président Paul Biya. En effet, dans une lettre ouverte, il a demandé à Franck Biya, le fils ainé du président camerounais, à se présenter aux prochaines élections.

Voici un extrait de sa lettre ouverte adressée à Franck Emmanuel Biya

À Franck Emmanuel BIYA
Lettre ouverte au sujet du « Frankisme »
« Comment voulez-vous travailler avec des personnes
qui n’ont pas le sens de l’humain ? » (Paul Biya)
Monsieur le Fils du Président de la République,

Le temps social et politique qu’il fait dans notre pays est si empesté par le brigandage d’État et la décrépitude de la morale publique, qu’il ne laisse point de répit pour l’expression de quelques égards galants. La félonie rampante au sommet de l’État et l’apathie générale où est plongée toute une nation m’imposent de renoncer aux civilités d’usage et de vous dire le fond de mon cœur, qui a la température critique de notre cité. La seule possibilité que j’ai d’éteindre le brasier de ce calorifère ensanglanté, c’est de le vider de ses charbons ardents, en vous confiant, vous le Conseiller de Paul Biya, en toute franchise le ressenti des millions de jeunes qui n’ont pas eu le privilège de ne pas lui parler depuis presque quarante ans que vous êtes installés au palais d’Étoudi.

Vous me comprendrez aisément, puisque vous êtes réputé humble et beau, c’est-à-dire un sujet aussi agréable que précieux. Cela veut dire que vous êtes une personne susceptible d’être confondu avec ses fragilités, ce qui n’est pas nécessairement la preuve d’une mauvaise fortune. Mais souvenez-vous que l’humilité qui manque d’audace n’est pas nécessairement une qualité prisée en politique et songez à cette pensée d’Érasme : « La beauté recouvre la laideur ; la richesse, l’indigence ; l’infamie, la gloire ; le savoir, l’ignorance. Ce qui semble robustesse est débilité ; ce qui semble de bonne race est vil » (Érasme, Éloge de la folie [1511], Paris, Garnier-Flammarion, 1964, p. 36). Ces mots ne sont pas une invite au renoncement et à la simplicité de cœur. Ils nous interpellent sur le caractère corrosif de tous ce qui est avenant, de tous ceux qui passent pour affables. Ils nous rappellent que les figures humaines qui attirent le plus sont aussi les plus susceptibles de dissimuler de grands vices, tels que l’avarice, la convoitise, une mollesse d’esprit qui frise l’idiotie ou le narcissisme sans ressorts. Et les faits d’arme politico-littéraires d’un de vos lointains oncle, un valet de cœur atypique, montrent que la brillance n’est pas synonyme de vaillance. Par ses gaucheries, ce Pic de la Mirandole des Tropiques démontre, au quotidien, que l’élégance doit être prise avec méfiance, que tout ornement serait dément et que très souvent le « stylisé » peut être confondu avec la débilité. Dans tous les cas, son comportement permet de soutenir, avec force, que dans le domaine du politique, l’humilité sans l’esprit de conquête fait couver dans la société une humidité économiquement contreproductive ; que la tranquillité n’implique pas nécessairement la responsabilité ; que la beauté qui manque d’énergie et de fermeté entretient l’oisiveté, en un mot que la beauté paresseuse qui dilue l’indépendance d’esprit est une malédiction de la nature, car un homme, un bantou de surcroît, n’est pas une « blonde ». Tout se joue, tout se décide au niveau de l’éducation : « C’est l’éducation qui doit donner aux âmes la force nationale et diriger tellement leurs opinions et leurs goûts qu’elles soient patriotes par inclination, par passion, par nécessité. Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie et jusqu’à la mort ne doit plus voir qu’elle » (Jean-Jacques Rousseau, Projet de gouvernement pour la Pologne). Malheureusement, cet oncle paternel débauché n’a pas approfondi la science de la citoyenneté qui est intimement liée à l’approfondissement du patriotisme.

Mais laissons de côté cette psychologie des tourmentés qui ne vous concerne que très peu, puisqu’on vous attribue la formule d’anthologie récemment produite par les laboratoires de désinformation du Palais : « Les amis de mon père ne sont pas mes amis » ! Moi, je vous crois et j’espère que vous avez la force de votre foi, que vous avez le cœur sur les lèvres. Comment d’ailleurs pourrais-je en douter ? N’est-il pas admis que le doute profite à l’accusé ? Ce, d’autant plus que vous paraissez fort introverti, c’est-à-dire méditatif, et, donc, conscient qu’il y a une sorte de paraître attirant qui s’avère humainement stérile, entrave l’émancipation et fige le développement d’une communauté. Seuls les égocentriques l’ignoreraient. Je peux, juste en apercevant furtivement votre silhouette faussement innocente au petit écran, dans la compagnie majestueuse d’un jeune Sultan immaculé, que vous avez été tenu éloigné du rituel des égorgements d’Étoudi et que vous êtes donc, en principe, incapable de faire partie de cette engeance maudite. À voir votre silhouette svelte, j’en conclus que vous êtes insensible à la tyrannie des instincts ; que vous êtes tout, sauf un glouton ; que vous êtes capable de faire la distinction entre l’art de gouverner et l’art de manger. Or, je préfère mille fois la gourmandise des yeux que celle du ventre. Je sais surtout que vous savez que la beauté de l’homme d’État, c’est son caractère trempé, son intelligence vive du fonctionnement et des besoins de sa société d’appartenance et du cours du monde, et sa probité à toute épreuve qui irrigue sa volonté intrépide.

Revenons aux lampions du pouvoir qui vous fascinent tant, malgré votre exposition cinquantenaire à l’intensité de leurs rayonnements envoûtants. Dans cette correspondance, j’indique d’abord l’objet de mon écrit (I) ; je fournis aussi les arguments en soutien à ma position (II) ; je marque ensuite un temps d’arrêt sur votre personnalité et je m’interroge : Frankisme ou dandysme ? (III) ; j’esquisse surtout la peinture de l’avenir implacable qui se dessine sous nos yeux (IV) ; je dénonce, au passage, votre stratégie foireuse en matière d’alternance politique (V) ; et je présente enfin ma conviction intime : après quarante ans d’un règne d’inertie bulu, les Ekang doivent passer la main (VI).

I- Sur l’objet de ma correspondance

Monsieur Franck Biya,

Dans une de ses sorties, Paul Biya, votre auguste géniteur, semblait excédé devant les soupçons lancinants du journaliste français qui lui prêtaient l’intention de préparer un dauphin. Il déclara ceci : « Nous avons fait tous ces efforts pour bâtir une démocratie. Le moment venu, il y aura des candidats. Je crois que l’idée de préparer quelqu’un ou …c’est un peu des méthodes proches de la monarchie ou de l’oligarchie. Les Camerounais sont assez mûrs. Ils pourront, le moment venu, choisir. […] Je crois que dans une république qui fonctionne bien, le mot dauphin résonne mal ». Cela semblait le révulser de se voir suspecté de préparer un successeur.

Ce serait inutilement prétentieux de ma part de vous expliquer la pensée de votre Créateur. Vous êtes mieux placé pour démêler ses proverbes et ses aphorismes qui ont rendu sa réputation si prégnante et son magister si sordide. Mais si j’avais été à votre place, si j’avais grandi et vieilli, comme vous, au palais d’Étoudi, j’aurais tout fait pour succéder à mon père. D’ailleurs, en tant que Camerounais, sur le principe, vous avez pleinement le droit d’être candidat aux élections présidentielles, votre tribu, vos convictions religieuses ou idéologiques et votre appartenance familiale ne sauraient vous en exclure. J’aurais donc cultivé cette fougue particulière, si caractéristique des personnalités résolues et inébranlables, qui pourchasse l’espièglerie, le larbinisme, la forfaiture et la courtisanerie où excellent les minables. J’aurais contribué à hisser si haut l’impact des grandes réalisations et le stand de vie de mes compatriotes, à travers les conseils donnés au Prince, et à rendre les succès économiques de mon père si retentissants, qu’ils auraient moralement constraint les populations des quatre coins du triangle national à me surlever jusqu’au ciel terrestre, c’est-à-dire au sommet du Char des dieux.

Cher « Petit Franck »,

Votre père a échoué ! Rester au pouvoir pendant un demi-siècle, avoir l’opportunité déférente de gouverner sans partage pendant quarante ans et laisser le pays exsangue et en pleine guerre civile, c’est-à-dire entre les mains de chasseurs insatiables, de coupeurs de têtes, d’exécuteurs de nos enfants, de nos femmes et de terroristes puérils. Cela veut dire échouer lamentablement. On lui aurait pardonné, s’il s’était contenté de maintenir le pays en l’état, tel qu’il l’avait reçu des mains d’Ahidjo. On comprendrait qu’il n’avait pas la personnalité et la force nécessaire pour faire avancer un pays si prometteur. Il eût été rémissible s’il avait juste été inutile, moins coûteux, et s’il ne l’avait pas ruiné. Or, il a ramené le niveau de vie des Camerounais(es) aux antipodes des pires désillusions qui soient. Les compatriotes s’interrogent d’ailleurs, à juste titre, à votre sujet, précisément sur votre implication dans ce désastre économique, sur votre responsabilité individuelle dans la déroute sociale, politique et culturelle du régime de votre père : en tant que Conseiller du Prince, n’était-il pas de votre devoir de rappeler à votre illustre géniteur, au quotidien, cette phrase consacrée, destinée aux Princes depuis la Rome antique : « Souviens-toi que tu n’es qu’un homme » ! Fort de ce passif déplorable, pouvez-vous, sensément, à présent, inspirer des espoirs nouveaux ? Comment un candidat pressenti à la magistrature suprême, qui fut naguère Conseiller d’un échoueur assumé, avec son instinct qui le pousse à tout ronger, et son frein, et son sang, et ses ongles, et son avenir, peut-il réussir à son tour ? Un mauvais conseiller peut-il être un bon décideur, un bon gouvernant ? Peut-on se faire des illusions sur votre éventuel bilan en tant que Président ?

De surcroît, votre affaire fait des vagues. Le sage africain, Ptahhotep, nous met pourtant :

« Une affaire n’a jamais abouti au milieu de louanges,

Et comme surgit le crocodile surgit le dédain » (Maxime, 15).

Tous ceux qui vous soutiennent maintenant le font parce qu’ils veulent continuer à se servir avec les deux mains dans les caisses de l’État. Ils vous assimilent à l’âne de Nietzsche qui ne parlait pas, sauf pour approuver toujours le monde qu’il a créé (Nietzsche, « Le réveil », in Ainsi parlait Sarathoustra). À leurs yeux, vous représentez non seulement un levier essentiel pour accéder aux rentes exorbitantes qui nourrissent leurs extravagances criminelles, mais aussi le paillasson qui préserve intact leurs prébendes maudites et sécurise leur magot. C’est pourquoi ma thèse est la suivante : votre venue prématurée et imméritée à la tête du pays consacrerait, de fait, et la suprématie de ce que vos universitaires de la cuisine désignent par le substantifs « Ékang » sur les centaines de communautés que compte notre pays, et la partition de fait de celui-ci. À cet égard, le fameux Mouvement citoyen des frankistes pour la paix et l’unité nationale, créé pour soutenir votre candidature à la présidence de la République, est le comble de l’imposture : il va amplifier les divisions parmi les Camerounais et fait planer le spectre de l’éclatement du pays.

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