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Panique au sein du sérail: Voici pourquoi une marche sur le Palais d’Etoudi se prépare

Les misères des travailleurs du secteur et la non prise en compte des instructions du Chef de l’Etat à l’origine du projet.

« Si rien n’est fait, dans les prochains jours, le pays va bouger ». La menace est réelle. Yimga Moussa, président de l’Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun (Anosilp) n’est pas passé par quatre chemins pour annoncer le projet de manifestations des acteurs du secteur informel, regroupés au sein de l’Anosilp. Trois motifs poussent ces millions de personnes à vouloir marcher sur Yaoundé, en direction d’Etoudi : le non recasement des acteurs du secteur informel, le non remboursement des fonds collectés dans le cadre d’un projet soutenu jadis par la France, et le non financement des projets de l’Anosilp par le par le Projet intégré d’appui aux acteurs du secteur informel (Piassi).

Pour le premier point, l’Anosilp revendique l’initiative de l’extension du marché Mokolo à Yaoundé, à l’effet de recaser les acteurs du secteur informel. Projet réalisé en son temps par Gilbert Tsimi Evouna, ci-devant Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. « Mokolo était prévu sur 11 hectares, 6 hectares n’étaient pas occupés. Le chef de l’Etat a demandé qu’on recase les acteurs du secteur informel, rien n’a été fait », dénonce l’homme face à la presse ce 29 juin 2021. Pour ce qui est du second point, un vieux problème, Yimga Moussa et certains de ses camarades ont déjà séjourné en prison pour avoir réclamé le remboursement des fonds collectés dans le cadre du projet Pneaad/Pid, auprès de 12 mille jeunes Camerounais, aux fins de subvention de leurs projets, mais l’initiative se transforma en une escroquerie impliquant l’Etat français en 2010, et les quatre milliards FCfa collectés se sont volatilisés. Le dernier point a fait l’objet d’une nouvelle saisine particulière du Chef de l’Etat. « Quand j’écris au Chef de l’Etat, il répond toujours », peut se vanter le patron de l’Anosilp. Sauf que, « il a donné des instructions qui ne sont pas respectées», regrette-t-il. Brandissant un courrier adressé à Paul Biya le 02 octobre 2020. L’homme y écrivait que « les moyens dont dispose le Piaasi paraissent insuffisants pour le financement des projets d’un grand nombre de sollicitateurs (Sic), plombant de ce fait son objectif cardinal de réduction du chômage et de la pauvreté». Faisant remarquer que « la recrudescence des violences, des conflits et des guerres observées depuis quelques années dans le pays… est la résultante de nombreuses frustrations aux premiers rangs desquelles le chômage et la misère». Concluant ainsi: «votre main tendue au Piassi fera de lui un organisme avant-gardiste pour le secteur informel »Paul Biya le bienfaiteur, ses collaborateurs à l’opposé

La documentation dont a pu avoir copies la rédaction, laisse croire que Paul Biya a réagi à la sollicitation du requérant. Le 27 octobre 2020, le Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) saisit son homologue des services du Premier ministre, pour lui « demander de bien vouloir tenir une concertation avec les administrations concernées, visant à examiner la situation qui paralyse le Piassi du fait de la diminution drastique de son budget et proposer des solutions appropriées à celle-ci». Le 27 novembre 2020, c’est au tour du directeur du Cabinet civil Samuel Mvondo Ayolo, d’écrire au ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et familiale (Minpmeesa), au sujet du même courrier, portant « Augmentation des capacités financières du Piassi». A en croire Yimga Moussa, « les fonds ont été alloués à cet effet mais aucune suite à nos 450 projets».

Par la suite, c’est au directeur de cabinet du Premier ministre d’informer l’Anosilp de la transmission de son dossier au ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), à charge pour l’auteur du courrier de le suivre. « Nous avons sollicité une audience, on ne nous l’a pas accordée», accuse-t-il. A l’Anosilp, on soutient que «le président Paul Biya a toujours voulu que les acteurs du secteur informel migrent vers le secteur formel. C’est pour cela qu’il a créé le ministère des petites et moyennes entreprises, et le Piaasi ». Mais pour Yimga Moussa, les collaborateurs du Chef de l’Etat ne s’exécutent pas. Convoquant la situation de ses collègues de la ville de Garoua délogés de force dans le premier arrondissement de la ville, et même les interventions des ministres en charge de l’Administration territoriale et des Affaires foncières n’ont pas fait fléchir les « bourreaux » de ses pairs.

De tout cela, aucune revendication des acteurs du secteur informel n’a prospéré. Du coup, « ces gens-là luttent contre le gouvernement», peut conclure le conférencier. Alors, l’homme qui ne cesse de chanter des louanges à Paul Biya, appelle ses partisans à se tenir prêts pour envahir les rues à Yaoundé. L’Anosilp a le soutien de quatre organisations syndicales, issues du secteur des transports. «Nous avons de la peine à rouler et à stationner dans nos rues à cause des acteurs du secteur informel qui envahissent les rues. Si des moyens sont mis à disposition pour les recaser, pourquoi ne pas le faire ? » se demande Patrice Samen, président de syndicat qui, comme les trois autres, partagent les misères du secteur informel, parce que victimes collatérales de leurs misères. Mototaxis, taxis et autres moyens de transport sont annoncés pour accompagner la manifestation à programmer.

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