« Mes 12 années à la tête du Sénégal »


Dans une tribune, Macky Sall réfléchit à ses 12 années passées à la tête du Sénégal. In extenso sa déclaration.

Lorsque je réfléchis à mes douze années passées à la tête du Sénégal, une leçon prévaut : le système financier international est défavorable aux pays en développement comme le mien.

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Quelle que soit la solidité de nos politiques économiques, nous sommes considérés comme un pari risqué. Notre accès aux capitaux est à la fois restreint et excessivement cher. Nos politiques fiscales et monétaires sont dictées, en fait, par des banques centrales lointaines. Et lorsque nous essayons de protester, nous découvrons que nous n’avons pas de voix.

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Il a fallu une pandémie et l’implosion économique qui s’en est suivie pour que ces failles apparaissent au grand jour. Cela a conduit les Nations unies et le Fonds monétaire international (FMI) à appeler à un nouveau « Bretton Woods » : une réforme en profondeur des institutions financières internationales.

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Quatre ans plus tard, alors que le Covid est sous contrôle et qu’une reprise économique mondiale fragile est en cours, le zèle réformateur risque de s’estomper à mesure que le sentiment d’urgence s’estompe.
Mais pour la plupart d’entre nous dans le monde en développement, ces efforts ont été insuffisants. Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés n’ont pas disparu. Rien qu’au cours des trois dernières années, dix pays en développement ont connu 18 défaillances souveraines, soit plus que toutes les défaillances de dettes des deux décennies précédentes réunies.

Selon la Banque mondiale, 60 % des pays à faible revenu présentent un risque élevé de surendettement ou y sont déjà confrontés. Les paiements d’intérêts de ces pays ont quadruplé au cours des dix dernières années, alors que les taux d’intérêt mondiaux ont grimpé en flèche.

Pour honorer le remboursement de leur dette, les pays à faible revenu réduisent leurs dépenses en matière d’éducation, de santé et d’autres services publics. Ce faisant, ils sacrifient également leur droit à un avenir meilleur. L’Afrique paie aujourd’hui davantage en service de la dette qu’elle n’a besoin d’investir dans la résilience climatique, estimée à 50 milliards de dollars par an. La dette extérieure de l’Union européenne a atteint 824 milliards de dollars en 2021, les pays consacrant 65 % de leur PIB au service de ces obligations.

Lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI cette année, le FMI a averti que les inégalités mondiales se creusaient et que « les pays les plus pauvres prenaient encore plus de retard ».
Il est plus urgent que jamais de rendre le système financier international plus équitable, plus sensible aux besoins réels des pays en développement et plus représentatif de la communauté mondiale.

L’année dernière à Paris, lors d’un sommet mondial convoqué par le président français Emmanuel Macron, 32 pays, dont le Sénégal, se sont mis d’accord sur le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (P4). Nos objectifs sont clairs : créer un monde où la pauvreté a été éradiquée et la planète préservée, et où les pays vulnérables sont mieux armés pour faire face aux crises. Pour ce faire, nous visons à mobiliser toutes les sources de financement, et c’est pourquoi la réforme du système financier international est une priorité.

Nous savons que de nombreuses institutions partagent nos objectifs et nous ne souhaitons pas reproduire leurs efforts. Au lieu de cela, nous préconisons une nouvelle approche, que j’appelle le « multilatéralisme inclusif ». Nous cherchons à rassembler le plus grand nombre de pays possible, de tous les continents et de tous les niveaux de revenus, en surmontant les divisions – Est contre Ouest, Nord contre Sud, verts contre pollueurs – qui ont gâché les initiatives dans le passé.

Réécrire les règles de la finance mondiale

En tant que plateforme, nous pouvons d’ores et déjà faire état de certains progrès. Par exemple, notre campagne en faveur d’une plus grande participation des pays en développement à la gouvernance des institutions financières internationales est prise en compte. En octobre dernier, les membres du FMI ont approuvé l’élargissement de son conseil d’administration à un troisième représentant de l’Afrique sur 25, ce qui contribuera à renforcer la voix du continent dans les affaires économiques et financières.

Nous encourageons également les gouvernements à exiger des critères objectifs, transparents et mesurables pour l’évaluation du risque souverain par les agences de notation.

Les recherches menées par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) montrent que ces agences attribuent systématiquement des notes de risque plus élevées aux pays pauvres, sans tenir compte des réalités économiques sur le terrain.

Cela a conduit à une situation où, en moyenne, les pays africains paient leurs emprunts quatre fois plus que les États-Unis et huit fois plus que les économies européennes les plus riches. Notre accès au financement du développement et du climat dépend de la fin de cette discrimination financière.

Un autre objectif est d’attirer au moins un euro de financement privé pour chaque euro de financement public consacré au développement, au climat et à la nature.

Nous invitons d’autres pays à rejoindre le Pacte de Paris afin de réécrire les règles de la finance mondiale, de donner aux pays en développement un plus grand poids dans les institutions financières internationales et de mobiliser des fonds pour une croissance durable. Nous espérons ainsi créer un nouvel ordre financier mondial et inclusif, adapté au XXIe siècle.

*Macky Sall, ancien président du Sénégal (2012-2024) est l’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète



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