Mamma Mia, Tali est en finale de l’Eurovision !

La plus longue aura sûrement été de passer en toute dernière position, juste après le Portugal. «Patienter dans les coulisses et voir tous les autres défiler sur scène, c’est dur et stressant», confiait-elle quelques heures avant son passage.

Elle a pu toutefois en prendre la mesure après trois «dress rehearsal» (soit des répétitions générales), d’abord lundi pour la presse et les besoins de la télévision, et le lendemain après-midi pour le public (plus familial en raison de tickets «bon marché») avant la grand-messe du soir.

Au cœur d’un show aux moyens techniques ébouriffants, aussi précis qu’une partition de musique (le plateau se transforme en 50 secondes, montre en main), les chansons et les performances défilent sans que l’une ne domine les autres.

Même deux des «grands» et le pays organisateur, déjà qualifiés pour la finale, qui s’incrustent dans la partie pour se mettre en jambes et rester chauds pour samedi, sont d’un niveau identique : l’Allemand ISAAK joue avec le feu, les jumeaux Marcus et Martinus (Suède) le mettent sur la piste de danse, et Olly Alexander (Grande-Bretagne) donne le tournis dans sa boîte magique.

Car l’Eurovision, ce n’est pas qu’une question de chansons, mais aussi d’enrobage (sans parler de folklore). Parmi les extravagances, celle qui en fait le moins reste l’Islandaise Hera Björk, diva à la voix pure, entourée sur scène par des choristes au sens commun de la mesure. Et celle qui en fait le plus, façon prêtresse sortie tout droit des enfers, est l’Irlandaise Bambie Thug, qui espère peut-être jeter une malédiction sur ses concurrents.

Parmi ceux-ci, le Finlandais Windows95man ferait mieux de se rhabiller. Enfin, l’Australie et son tandem Electric Fields rappellent, avec leur chanson sonnant comme celles des années 1990, que Kylie Minogue reste inspirante pour ses compatriotes, tandis que la Croatie aimerait sûrement que le groupe Rammstein s’installe à domicile.

Un jour nouveau

Au cœur de la mêlée, Tali, elle, avec son morceau Fighter, ne dénote pas : si vocalement, elle n’impressionne pas (avec un démarrage toujours poussif), son morceau reste dans les têtes et sa chorégraphie a du mordant (confère le jaguar en arrière-plan).

Suffisant, en tout cas, pour que le Luxembourg et sa protégée aient le droit de poursuivre l’expérience – ce qui soulage également au passage RTL, incontournable acteur de cette renaissance.

Les prochains jours, avant la finale de samedi parmi 25 autres nations, risquent d’être plus détendus. Toute l’équipe aura le loisir de souffler, de regarder l’autre demi-finale (jeudi), de corriger les éventuels faux pas et d’attendre l’ordre de passage, crucial pour le résultat de la compétition (dévoilé dans la nuit de jeudi à vendredi).

Les amateurs de chiffres auront probablement remarqué que celui des votes de la demi-finale n’a pas été communiqué (il le sera à la fin du concours, pour ne pas influencer les votants). Qu’importe ! Comme l’aurait dit Tali, l’heure n’est plus au calcul, mais au plaisir simple et immédiat.

C’est d’ailleurs comme ça que les meilleures surprises arrivent. Oui, samedi est un jour nouveau. Sera-t-il celui du Luxembourg, comme c’est arrivé cinq fois par le passé ? Qui sait, mais ça, c’est déjà une autre histoire.