Et soudain, on parle de la traite d’être humains. Jusqu’à présent, cet aspect de la lutte renforcée contre un soi-disant phénomène de «mendicité organisée» (le terme «agressive» a disparu du vocabulaire) avait été mis entre parenthèses.
Ou tout au plus, le ministre Léon Gloden et la députée-maire de la capitale, Lydie Polfer, ont clamé que c’est bien en faisant déguerpir les victimes de réseaux de traite que la sécurité et la salubrité pourront être rétablies dans Luxembourg.
Marc Baum (déi Lénk) n’a pas manqué de fustiger cette hypocrisie, hier, dans une réplique qui doit encore siffler ce matin dans les oreilles des derniers défenseurs d’une mesure répressive, contestée par l’opposition (sauf l’ADR), les plus hauts magistrats, la société civile et, désormais aussi, la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, ayant pris une plus grande distance avec son collègue de parti.
«Personne n’a encore pu expliquer pourquoi on interdit la mendicité simple pour lutter contre la mendicité organisée. Il n’existe pas de vraie empathie pour les victimes de traite d’êtres humains. Et désormais, la procureure générale dénonce que la criminalité organisée ne peut plus être poursuivie, en raison d’un dispositif de police disproportionné», résume le député.
Auparavant, une motion surprise, déposée par le quatuor LSAP-déi gréng-Parti pirate-déi Lénk, avait semé la zizanie dans les rangs de la majorité CSV-DP. La députée-maire de Luxembourg, absente, a été d’urgence appelée à la rescousse.
Des conciliabules réunissant le ministre Gloden (CSV), la bourgmestre Polfer (DP) et l’échevin-député Mosar (CSV) se sont tenus sur les bancs du gouvernement, où des SMS ont été échangés en nombre. Une fois la concertation achevée, Elisabeth Margue (CSV) a quitté la Chambre.
Visiblement, l’attitude du «shérif qui tire à tout-va dans l’espoir de toucher quelque chose» commence aussi à irriter à l’intérieur du CSV et du DP, hormis les édiles de la capitale. Cette fois, les 35 élus de la majorité, soutenus par l’ADR, ont tenu bon.
Qu’en sera-t-il si l’opposition demande une commission d’enquête? Les quatre partis faisant front disposent en tout cas des 20 députés nécessaires pour empêcher ou, au pire, résoudre une crise institutionnelle.
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