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Les résultats d’une enquêtes des services secrets américains sur le Cameroun dévoilés

Il y a quelques années, les services secrets américains, notamment le FBI ont été informés de l’interception par la douane américaine dans le port de Baltimore (Maryland) d’une cargaison contenant des armes.

Ces armes qui étaient en destination du Cameroun, en passant par le Nigéria. Informés, les autorités camerounaises ont collaboré avec le FBI, afin que les auteurs et toutes les complices d’armes soient identifiées.

Des équipes du service secret américain semblent avoir pris la menace au sérieux et mené les enquêtes aussi bien aux USA et au Cameroun.

Dans un article publié par nos confrères du journal Afrique Intelligence, l’on découvre les résultats de cette enquête qui a permis d’identifier les soutiens des ambaboys au Cameroun, les communautés qui sont plus impliquées, ainsi que les personnes qui envoient armes et moyens financiers à lutte armée du Noso.


« Un an plus tôt, dix activistes avaient déjà été inculpés et avaient plaidé coupables d’avoir tenté d’envoyer des armes légères via le Nigéria, et levé des fonds pour les ARF, avant que leur cargaison ne soit stoppée par la douane américaine dans le port de Baltimore (Maryland).

COLLECTE PAR LA PRESSION SOCIALE

Le modus operandi des principales campagnes de financement reste difficile à appréhender pour les services américains, tant celles-ci sont « décentralisées ». Surtout, les multiples associations créées à cet effet ont une durée de vie très limitée et naissent aussi vite qu’elles disparaissent. Dans la pratique, ces circuits reposent avant tout sur une solidarité communautaire et villageoise entre la diaspora établie aux US et la région du NO/SO. Les fonds sont le plus souvent récoltés lors de réunions mensuelles, organisées aux Etats-Unis, majoritairement chez des particuliers. Une importante pression sociale pèse sur les participants.

Parmi les communautés identifiées comme les plus actives par les autorités américaines figurent les Bakweri, originaires de Bue (Sud-Ouest), les Banyangui de Mamfé (SO), les Bangfo, les Mankon de Bamenda (NO), les Bafut de la ville éponyme (NO), et surtout, les Bakossi de Kumba (SO).

Au début du conflit, en 2016-2017, chaque cotisant avait été contraint de verser un subside de 1 000 dollars minimum sous six mois afin de payer « une arme à un combattant », puis de le parrainer en s’assurant que ce dernier touche un salaire mensuel. Mais depuis deux ans, les fonds récoltés sont en chute libre. En cause, des détournements, auxquels se seraient livrés certains leaders ambazoniens, ayant débouché sur une crise de confiance conjuguée à l’action des autorités américaines.

CONCURRENCE ENTRE MOUVEMENTS DE LA DIASPORA

Outre le principe de la « solidarité communautaire », les enquêteurs américains notent une intense concurrence pour capter le maximum de fonds, accentuée par la course à la notoriété à laquelle se prêtent les chefs rebelles. Plusieurs groupes sont par ailleurs divisés, à l’instar de l’Ambazonia Interim Government, aujourd’hui composé de quatre mouvements distincts.

Parmi les Etats voisins privilégiés pour effectuer des mouvements financiers figure le Nigeria. Les fonds passent le plus souvent par des transferts personnalisés, généralement via les Etats de l’Est, à l’instar de celui de Taraba, jusqu’à la ville d’Awaba, dans la région du sud-ouest du Cameroun, en profitant des couloirs logistiques de l’Indigenous People of Biafra (IPOB), mouvement séparatiste biafrais, allié régulier des Ambazoniens.

UN AVOCAT EN PREMIERE LIGNE

Parmi les relais de Yaoundé engagés dans la lutte contre ces mouvements de collecte de fonds figure l’avocat camerounais installé à Los Angeles, Emmanuel Nsahlai. Ce dernier est le fils d’un ancien ministre des transports de Paul Biya, Christopher Nsahlai. Il est à l’origine de plusieurs plaintes visant une série d’associations sécessionnistes basées aux USA, parmi lesquelles l’Ambazonia Recognition Collaborative Council, du médiatique Herbert Boh, l’Ambazonia Consulting fondée par Samuel Ikome Sako, ou encore l’Ambazonia Broadcasting Corporation, influent média en ligne dirigé par Paul Chi, l’un des inculpés en novembre 2022. L’avocat a également tenté de lancer deux ordonnances de restriction envers Chris Anu, l’un des trois leaders de l’assemblée générale, que ce dernier est finalement parvenu à faire annuler.
Officiellement, Emmanuel Nsahlai se présente comme le conseil de la Cameroon Association of Victims of Ambazonia Terrorism, qu’il a en fait lui-même fondée en 2020, et dont la justice américaine continue de douter de l’existence réelle. Dans les faits, l’avocat est très lié au secrétaire général de présidence de la République, Ferdinand Ngoh Nogh, et au ministre de l’administration du territoire, Paul Atanga Nji, à qui il rend personnellement compte des procédures en cours. Les deux « faucons », partisans d’une résolution sécuritaire du conflit, ont décidé de tirer profit des actions en justice déclenchées par l’avocat.

GUERRILLA JUDICIAIRE

Emmanuel Nsahlai a dans ce cadre directement tenté d’envoyer des informations aux différents bureaux du FBI. En mars 2019, il avait ainsi échangé avec le bureau de l’agence américaine d’Albany, dans l’Etat de New York, intéressée par ses informations. En mai de la même année, il était entré en communication avec les équipes de Los Angeles et de Houston à propos du leader anglophone Tapang Ivo Tanku. Enfin, en avril 2021, c’est la Counter-terrorism Finance Targeting Unit de l’agence qui prend contact avec l’avocat, là encore à la suite d’un signalement.

Ces échanges ont-ils abouti aux arrestations des derniers mois ? Plusieurs figures avisées du dossier en doutent, son nom n’apparaissant pas dans les procédures ayant récemment amené à des inculpations ou des condamnations.
Si Emmanuel Nsahlai se prévaut de certains succès, il a aussi connu plusieurs revers. Au printemps 2020, en marge d’une plainte contre Tapang Ivo Tanku, il avait assigné l’entreprise de paiement mobile Square à fermer le compte nommé $AmbazoniaMission et géré par l’Ambazonien, l’accusant de soutenir des « actions terroristes ». Après une série d’échanges parfois musclés avec le service juridique de Square, qui s’oppose à l’assignation, la juge avait finalement donné tort à l’avocat camerounais et avait l’obligé à payer 2 720 dollars de frais de procédures à Tapang Ivo Tanku ».

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