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Les avocats des détenus anglophones sèchent la justice à Yaoundé

Les avocats des détenus de la crise anglophone avaient décidé de déposer les robes pour dénoncer la violation des droits de l’homme dans les procédures judiciaires engagées à l’encontre de leurs clients. Ils l’ont démontré en boycottant l’audience criminelle militaire de la Cour d’appel du Centre, le 16 décembre 2021.

Le 16 décembre 2021, les bancs des avocats étaient quasiment vides dans la salle d’audience de la Cour d’appel du Centre statuant en matière criminelle militaire. M. Tita Tebib alias Congress Man et ses 36 autres coaccusés étaient également absents. Seule, une vingtaine de détenus a comparu. Mais toutes les affaires programmées ce jour-là, ont été renvoyées au 20 janvier 2020.

La Cour d’appel semble justifier l’absence de certains prisonniers à l’audience par le fait que les mandats d’extraction qui prennent parfois d’autres destinations, ne parviennent pas toujours aux concernés. Des recommandations auraient été données au greffier audiencier de corriger ce dysfonctionnement tors de la prochaine audience.

S’agissant de l’affaire de M. Tita Tebib alias Congress Man et ses 36 compagnons qui a fait l’objet de quelques débats, il est ressorti que le représentant du parquet n’était pas prêt pour présenter ses réquisitions par rapport à l’exception d’incompétence du Tribunal militaire à juger les personnes non militaires soulevée par les avocats de la défense. Le ministère public a sollicité et obtenu un renvoi pour préparer lesdites réquisitions. Un renvoi que les détenus et leurs avocats qualifient de dilatoire qui a, d’après eux, pour seul objectif de garder indéfiniment les accusés en prison.

Les avocats de la défense ont dénoncé le fait que M. Tita Tebib alias Congress Man et d’autres détenus déportés nuitamment de la prison centrale de Yaoundé vers les cellules du secrétariat d’État à la défense (SED) sans titre d’une autorité judiciaire compétente ne sont pas extraits lors des audiences et ne sont toujours pas jugés cinq après leur arrestation alors qu’ils avaient été appréhendés à la même période que Sisiku Ayub Tabe, président de l’état fictif de l’Ambazonie.

Arrêtés en 2018 au Nigéria en compagnie de neuf autres personnes, ce dernier avait été jugé et condamné à vie. Cette condamnation était assortie d’une amende de 250 milliards de francs à payer au titre du préjudice causé l’État du Cameroun.

Interrogés à la sortie de l’audience, certains détenus qui ont requis l’anonymat, ont déclaré leur ras-le-bol face aux manœuvres de toutes sortes organisées par les autorités judiciaires pour prolonger leur séjour en prison. Me Amungwa Tanyi, chargé de la communication du collectif d’avocats des détenus anglophones que Kalara a rencontré est du même avis.

L’avocat explique que le 15 novembre 2021, tous ses confrères constitués pour la défense de Sisiku Ayub Tabe, et 60 jeunes gens poursuivis dans le cadre de la crise anglophone avaient suspendu leur participation aux audiences du Tribunal militaire de Yaoundé. Les hommes en robes noires dénoncent la violation des droits fondamentaux de leurs clients par les autorités judiciaires, notamment le commissaire du gouvernement (procureur de la République) qui entretient un certain flou sur le sort de certains détenus gardés dans le cachot du SED pour des raisons que les avocats ignorent.

Il est important de signaler également qu’un collectif d’avocats camerounais avait renoncé, jeudi 9 septembre 2021, à défendre une centaine de militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, écroués depuis plus d’un an à la prison centrale de Yaoundé. Le collectif justifiait sa décision par le fait que leurs clients étaient dans l’impossibilité d’avoir « accès à une justice équitable». Le collectif avait déclaré ne plus s’associer à l’arbitraire et à l’illégalité, et avait pris la lourde et délicate décision de son retrait des procédures en cours engagées contre les militants du MRC.

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