Les 3 stades de l’alcoolisme : comment savoir dans lequel je me situe ?

Le terme alcoolisme n’est plus employé par les spécialistes de l’addiction qui lui préfèrent les termes d’addiction à l’alcool ou de troubles de l’usage d’alcool. « Ce trouble de l’usage de l’alcool est une maladie avec des critères de diagnostic (11 critères dans le DSM-5) », rappelle le Pr Mickaël Naassila, professeur de physiologie à l’université de Picardie Jules Verne et directeur de l’unité INSERM U1247 (Groupe de Recherche sur l’Alcool & les Pharmacodépendances – GRAP, Président de la Société Française d’Alcoologie. Celui-ci précise aussi que l’addiction ne se mesure pas à la quantité d’alcool bue mais aux conséquences personnelles, familiales, socio-professionnelles de cette consommation.

Les signes d’une addiction à l’alcool

Certains symptômes doivent vous alerter sur une possible addiction à l’alcool : vous ne pouvez plus vous passer d’une consommation d’alcool, vous augmentez la quantité bue ou la fréquence de consommation, vous ne pouvez plus vous arrêter de boire lorsque vous avez commencé, vous buvez en cachette, vous avez besoin de boire une quantité plus importante d’alcool pour atteindre les mêmes effets (développement d’une tolérance), vous avez des envies de consommer de l’alcool de façon irrépressible, vous passez de plus en plus de temps à rechercher et à consommer des boissons alcoolisées et vous éprouvez de plus en plus de désintérêt pour les autres activités.

Alcool : ai-je une consommation à risque de dépendance ?

Si vous pensez avoir un usage problématique d’alcool ou si ce sont vos proches qui vous en ont parlé, la première chose à faire est de vous tester sur un alcoomètre en ligne (alcool-info-service). « Le questionnaire AUDIT regroupe dix questions sur la quantité d’alcool consommée, la fréquence, les éventuelles conséquences…, qui permettent de faire le point sur votre consommation et de voir si vous avez une consommation à faible risque, à risque ou à risque de dépendance », informe le Pr Naassila qui précise qu’on peut avoir une consommation excessive d’alcool entraînant des problèmes de santé sans être dépendant.

Si ce test révèle un risque de dépendance, il est recommandé de voir son médecin. « Des techniques d’intervention brève permettent d’évaluer la consommation et d’accompagner la réduction de la consommation si besoin », indique le spécialiste. On parle de RIPB (Repérage précoce Intervention Brève).

Une addiction à l’alcool plus ou moins sévère

Il existe des degrés de sévérité des troubles de l’usage d’alcool. « L’intervention est adaptée au niveau de sévérité de l’addiction », indique le Pr Naassila. Lorsque la dépendance est faible à modérée, la prise en charge consiste en des entretiens motivationnels ou des thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Si la dépendance est modérée à sévère, un traitement médicamenteux est prescrit, une psychothérapie voire les deux.

Consommation d’alcool en excès : les risques

Une consommation supérieure à 2 verres par jour peut entraîner divers problèmes de santé. En deçà la consommation est à moindre risque. La consommation, même faible, dès le premier verre, est un facteur de risque pour le développement de certains cancers, notamment ceux de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, du colon-rectum, et chez les femmes, du sein.

La consommation d’alcool est également associée à plusieurs maladies chroniques, telles que les maladies du foie (notamment la cirrhose) et du pancréas, les troubles cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, ainsi que des affections du système nerveux et des troubles psychiques (anxiété, dépression…) et à un risque accru de démence précoce.

C’est pourquoi les recommandations françaises pour limiter les risques liés à la consommation d’alcool sont les suivantes : ne pas boire plus de 10 verres standard d’alcool par semaine ; boire au maximum 2 verres standard par jour ; avoir des jours de la semaine sans consommation d’alcool ; réduire la quantité d’alcool bue à chaque occasion.