L’entraînement des pilotes de chasse français sera en partie externalisé, dans l’attente du successeur de l’Alphajet


Actuellement, l’Escadron d’entraînement 3/8 « Côte d’Or », basé à Cazaux, assure des missions dites « Red Air » dans le cadre de la préparation opérationnelle des équipages de Rafale et de Mirage 2000. En clair, il s’agit pour cette unité, dotée d’avions d’entraînement Alphajet, de tenir le rôle de « force adverse » [ou « d’agresseur »]. En outre, lors des campagnes de tir, comme celles régulièrement organisées depuis la base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara [Corse], elle est chargée de mettre en oeuvre des cibles acoustiques tractées [les « biroutes »].

Seulement, l’Alphajet est maintenant un avion ancien, dont les années sont comptées. Et, ses performances sont sans doute limitées pour préparer au mieux les pilotes de chasse à un engagement dit de « haute intensité ». Sous d’autres cieux, comme aux États-Unis, les prestations « Red Air » font l’objet de marchés attribués à des entreprises de services de sécurité et de défense [ESSD] ayant consenti de lourds investissements pour se doter d’avions de combat récemment retirés du service [Mirage F1, F-16, etc.].

L’an passé, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], le général Stéphane Mille, n’avait pas exclu d’externaliser cette fonction Red Air… Mais pas à n’importe quel prix. « Il ne faudrait pas que le coût de l’heure de vol du Red air soit supérieur à celui que nous connaissons en générant l’activité en interne », avait-il soutenu, lors d’une audition au Sénat. Et d’ajouter : « Les discussions se poursuivent aujourd’hui autour du modèle économique du Red Air pour garantir qu’il soit compétitif vis-à-vis des besoins d’entraînement ».

Visiblement, la réflexion a depuis avancé… Et le projet annuel de performances [PAP] relatif au programme 178 « Préparation et emploi des forces », publié à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances 2024, évoque « la mise en place », dès l’an prochain, d’un « contrat de location de 6 ans de prestation RED AIR, afin de mettre à disposition des forces une capacité d’entraînement au combat adaptée au contexte actuel ».

L’opération budgétaire « Activités et entraînement des forces » [dotée de 87,9 millions d’euros, tant en autorisations d’engagement qu’en crédits de paiement, ndlr] inclut « l’activité liée aux services spatiaux et regroupe les crédits nécessaires à la préparation opérationnelle des forces, notamment l’achat d’équipements spécifiques et de télécommunication, l’instruction et l’entraînement externalisés et l’assistance en escale », lit-on dans le document. « Elle double sa dotation en 2014 [+104% en AE] notamment avec la mise en place d’un contrat de location de prestation RED AIR », précise-t-il.

Lors d’un audition à l’Assemblée nationale, ce 5 octobre, le général Mille a justifié ce recours au secteur privé. « Nous avons à gérer la fin de vie de l’Alphajet. […] Nous avons fait le choix, au moins temporairement, d’externaliser la fonction Red Air. Nous le faisons parce que, au-delà de l’aspect matériel, il y a aussi la question de la ressource humaine. Nous préférons nous concentrer sur le coeur de la mission », a-t-il expliqué.

« Pour des missions de biroutage [la mise en oeuvre des cibles acoustiques, ndlr], objectivement, on n’a pas besoin d’y consacrer des heures de pilotes que je préfère mettre dans un Rafale qui se prépare pour des missions de haute intensité », a insisté le général Mille. « C’est un choix qui me semble raisonnable. Il est pour l’instant temporaire. On verra plus tard [ce que l’on fera] une fois qu’on aura décidé le [sic] successeur de l’Alphajet », a-t-il conclu.

Reste maintenant à connaître le prestataire qui sera choisi pour assurer ces missions Red Air. Le français Procor, qui s’est procuré des Mirage 2000C à cette fin, fait partie des favoris… De même que SDTS, qui a signé un accord avec Aeralis, le constructeur britannique d’avions d’entraînement « modulaire », en vue d’être en mesure de « répondre aux besoins futurs de Red Air en Europe, d’ici 2030 ». À moins qu’une entreprise étrangère [et américaine] soit mieux placée, comme Draken International, qui été choisie par la Royal Air Force après la dissolution du No.100 Squadron, alors chargé de jouer les « agresseurs ».





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