Le ministère des Armées justifie l’impasse faite sur l’acquisition d’hélicoptères de transport lourd


Dans un rapport publié en 2014, le Sénat avait trouvé « regrettable » le fait que les forces spéciales françaises ne pouvaient pas compter sur des hélicoptères de transport lourd [HTL] comme leurs homologues américaines et britanniques… D’autant plus que, en 2006, l’Inspection générale des Armées « Air » avait esquissé quelques pistes pour acquérir de tels appareils, conformément à un « objectif d’état-major » énoncé quelques mois plus tôt. Mais aucune d’elles « n’a été poursuivie afin de ne pas remettre en question la commande des 68 NH-90 de l’armée de Terre », avait-il rappelé.

Par la suite, malgré l’engagement des NH-90 Caïman TTH de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] au Sahel, le ministère des Armées obtint de son homologue britannique le déploiement de trois CH-47D de la Royal Air Force [RAF] à Gao [Mali] pour soutenir les opérations de la force Barkhane. Également sollicité, le Danemark envoya également deux EH.101 Merlin en décembre 2019.

« Nous constatons tout le bénéfice des hélicoptères de transport lourd dans le cadre de l’opération Barkhane […] En liaison avec des partenaires comme l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, nous examinons la possibilité de former des pilotes et réfléchissons en parallèle à la location de ce type de capacité », avait d’ailleurs expliqué le général Philippe Lavigne, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], lors d’une audition parlementaire, en 2019.

En outre, le Commandement des opérations spéciales [COS] fit valoir que des hélicoptères de transport lourd permettraient « d’envisager de nouveaux modes d’action, plus à même de contrer les menaces futures, au même niveau que nos alliés d’outre-Atlantique et d’Europe ».

Aussi, au regard de l’activité intense des hélicoptères britanniques et danois au Sahel, il allait être difficile de justifier l’impasse faite par l’état-major français sur une telle capacité lors de l’élaboration des deux dernières Lois de programmation militaire [LPM]. Pourtant, c’est ce que vient de faire le ministère des Armées, dans une réponse à une question écrite posée par une députée.

« La question du besoin français en HTL est née des contraintes du théâtre afghan, où la conjonction, très rare, de hautes altitudes et de températures élevées pénalisait considérablement les hélicoptères de manoeuvre et d’assaut [HMA] en service à cette époque [Cougar et Caracal] engagés par la France sur ce théâtre », affirme le ministère, qui passe donc par pertes et profits l’objectif d’état-major de 2006.

« En condition ‘été afghan’, un Chinook pouvait embarquer plus de 20 combattants équipés, contre environ 5 pour le Cougar ou le Caracal. Mais les remarquables performances du Caïman ont modifié la donne : en bande sahélo-saharienne, par très hautes températures, un Caïman avec le plein de carburant peut embarquer 15 à 20 combattants équipés, contre 25 à 30 pour le Chinook. Cette différence notable de performance pose donc la question de la pertinence du surcoût du HTL », poursuit le ministère des Armées, d’autant plus qu’un appareil de ce type « impose des contraintes très supérieures en termes de mise en œuvre et de caractéristiques des zones de poser ». Et les études qu’il a menées par la suite ont livré un verdict défavorable.

« Les premières conclusions sont les suivantes : un coût estimé à 140 millions d’euros pour l’acquisition de deux Chinook [auxquels s’ajoutent les coûts et contraintes techniques et logistiques de soutien d’un micro parc et les coûts et contraintes en ressources humaines de formation et de gestion de micro-populations] » tandis qu’une « acquisition non patrimoniale [une location, ndlr] représenterait un coût compris entre 140 et 400 millions d’euros sur 4 ans, selon la version d’appareil et le niveau de service demandé », détaille le ministère des Armées.

D’où l’avis défavorable à une telle opération afin d’éviter le risque d’une « éviction significative » sur les composantes « hélicoptères de manoeuvre et d’assaut » et « avions de transport tactique ». Aussi, il a été décidé de « privilégier une composante HMA robuste et homogène par armée [Caïman et Cougar dans l’armée de Terre, Caracal dans l’armée de l’Air et de l’Espace], dont le coût global de possession sera très inférieur à celui induit par un micro-parc HTL, pour une souplesse d’emploi [tactique et ressources humaines] bien supérieure », conclut le ministère des Armées, qui compte cependant sur la bonne volonté des partenaires européens pour obtenir, si besoin, des hélicoptères de transport lourd.





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