La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit d’augmenter significativement le format de la réserve opérationnelle; l’objectif étant de disposer de 105’000 réservistes à l’horizon 2035, ce qui donnera un ratio d’un militaire de réserve pour deux militaires d’active. Reste à voir ce que feront les armées de tels renforts…
Pour l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], il s’agira d’abord de constituer une « réserve de compétences » pour des domaines exigeant des connaissances et des savoir-faire particuliers, notamment dans les métiers ayant trait à l’espace et au cyber.
« Chercher des spécialistes qui viennent faire réserviste [sic] au Commandement de l’Espace [CdE], ça a du sens », a ainsi estimé le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [CEMAAE], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 5 octobre.
Ensuite, et plus traditionnellement, les réservistes de l’AAE viendront renforcer ponctuellement le « fonctionnement » des bases aériennes dans le cadre d’activités « locales », comme c’est d’ailleurs déjà le cas actuellement quand il s’agit de remplacer des aviateurs « projetés » en opération extérieure. Mais le général Mille a l’intention d’aller encore plus loin.
« On a mis sur la table, une fois que la montée en puissance [des réserves] sera terminée, l’idée que l’on pourrait mettre en place une base aérienne de réservistes », a-t-il dit. Et cela afin de pouvoir, le cas échéant, avoir la capacité de disperser les moyens de l’AAE.
Il s’agirait ainsi d’identifier des réservistes aux compétences « utiles », de les regrouper sur une base et de les engager dans des exercices de dispersion lors des manoeuvres majeures de l’AAE.
« On fait armer une base par des réservistes que l’on rappelle pour un exercice majeur de ce type », a résumé le général Mille. « On a déjà des réservistes qui travaillent sur les bases aériennes et qui occupent certaines fonctions. Donc, ce n’est pas totalement une vue de l’esprit que d’imaginer une base aérienne de réservistes. Il s’agit simplement d’identifier toutes les ressources, de les regrouper et de leur dire ‘à vous de jouer » », a-t-il ajouté.
En poussant le raisonnement du général Mille, une telle base aérienne de réservistes pourrait même mettre en oeuvre des aéronefs… grâce aux peu connues Sections de réserve de l’armée de l’Air [SARAA].
Ces unités, au nombre de 13, comptent, en moyenne, 8 pilotes titulaires du brevet militaire de pilote d’avion « Estafette » [BMPE] et 5 mécaniciens. Les avions qu’elles mettent en oeuvre – DR400, Cessna – sont généralement loués auprès d’aéroclubs conventionnés. Enfin, les missions qu’elles assurent sont variées : cela va du rôle de plastron pour l’entraînement aux mesures actives de sûreté aérienne [MASA] des escadrons de chasse et d’hélicoptères à l’observation aérienne dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt, en passant par des vols d’expérimentation au profit de certaines unités de l’AAE.
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