L’allongement des missions des frégates multimissions passe par un maintien en condition opérationnelle continu

En 2015, la Marine nationale avait expérimenté le nouveau concept de « disponibilité opérationelle à dix jours » [PDO 10] sur ses porte-hélicioptères amphibies [PHA] de la classe Mistral, l’objectif étant alors d’assurer un Maintien en condition opérationnelle [MCO] continu de ce type de navire. L’idée était alors de « détensionner » les arrêts techniques programmés en réalisant des « tâches réglementaires hors période d’entretien ».

Ce « MCO en continu permet surtout de réaliser des opérations d’entretien intermédiaire tout en conservant le bâtiment disponible », avait résumé la Marine nationale.

Ce concept « PDO 10 » fut ensuite expérimenté sur les frégates de défense aérienne [FDA], puis sur les frégates anti-sous-marines [FASM] et les frégates anti-aériennes [FAA] dont la fin de vie était proche. Interrogé à ce sujet lors d’une audition au Sénat, en 2017, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], qui était alors l’amiral Prazuck, avait laissé entendre que ce MCO continu faisait aussi partie de « mesures palliatives » prises pour les bateaux les plus anciens, afin de leur permettre de continuer « à naviguer en sécurité » pour les équipages. « Il faut surveiller et réparer les fissures dans les coques et les chaises de lignes d’arbres », avait-il souligné.

Cela étant, et maintenant que les FAA et les FASM ont toutes été retirées du service, la PDO 10 concerne maintenant les frégates multimissions [FREMM], dont les missions sont de plus en plus longues, grâce au concept de « double équipage », lequel permet d’augmenter significativement le nombre de jours passés en mer.

Seulement, cela suppose de pouvoir réaliser cette PDO 10 à l’étranger… Comme par exemple aux Émirats arabes unis, où la France dispose d’une base navale. C’est ainsi que la FREMM Languedoc vient d’y subir des opérations de maintenance assez importantes, alors qu’elle enchaîne les missions et les exercices en Méditerranée orientale et dans l’océan Indien depuis mai.

« Du 11 au 20 septembre 2023, 17 intervenants de la société Naval Group, 5 de Thales et 5 techniciens du Service logistique de la Marine [SLM] sont intervenus à bord de la FREMM Languedoc dans le cadre de sa période de disponibilité opérationnelle [PDO] 10 sur la base navale d’Abu Dhabi », a en effet indiqué la Marine nationale, le 28 septembre. « Les ouvriers et techniciens ont réalisé différents travaux de réparation et d’entretien afin d’assurer la furtivité du bâtiment ainsi que les installations de mise en œuvre de l’hélicoptère NH-90 », a-t-elle ajouté.

Cette opération a aussi « fortement sollicité » l’équipage, celui-ci ayant été amené à effectuer de « nombreuses maintenances préventives », notamment au niveau de la turbine à gaz et des moteurs électriques du système de propulsion de la frégate.

En même temps, elle a nécessité le renfort de deux experts du SLM « armes-équipements » [SLM ARMEQ]. Venus de Toulon, ils ont participé aux travaux de maintenance préventive de niveau d’intervention 2 [NTI2] sur la tourelle supportant le canon de 76 mm du navire, aux côtés des mécaniciens d’armes [MEARM] du bord.

Cette NTI2 a été lourde puisqu’elle a consisté à démonter, à contrôler et, le cas échéant, à remplacer des pièces maîtresses de la tourelle. « Les essais concluants ont ainsi permis de valider les travaux et la FREMM Languedoc repart avec un système d’artillerie principale pleinement opérationnel pour les 6 mois de mer encore à venir », a résumé la Marine nationale, avant de préciser que ce concours du SLM/ARMEQ a été une « première dans le cadre d’une PDO 10 à l’étranger ».

Avec cette PDO 10, la FREMM Languedoc va pouvoir poursuivre son déploiement d’une « longueur inédite », avec près d’un an de missions consécutives, dont huit passés dans la zone maritime de l’océan Indien [ZMOI].