L’Allemagne et la Norvège proposent un partenariat stratégique au Canada pour protéger l’Arctique


Publiées en avril, les nouvelles lignes directrices de la politique de défense du Canada mettent l’Arctique au premier rang des priorités d’Ottawa en raison de son « importance « stratégique », amplifiée par les effets du changement climatique et l’intérêt particulier que lui portent des « puissances perturbatrices », comme la Russie et la Chine. Ce qui n’est pas foncièrement nouveau : durant la Guerre Froide, cette région était déjà stratégique dans la mesure où elle était susceptible de constituer, aux yeux de l’Union soviétique, une base de départ pour attaquer le continent américain.

« La tâche la plus importante et la plus urgente qui nous incombe est de protéger la souveraineté du Canada dans les régions de l’Arctique et du Nord, où l’évolution de l’environnement géopolitique et des paysages naturels a créé de nouvelles menaces pour le Canada et sa population. Pour ce faire, nous devons améliorer nos capacités de défense continentale pour dissuader les menaces, ou les vaincre au besoin », est-il en effet avancé dans ce document, intitulé « Notre Nord, fort et libre ».

Celui-ci prévoit un investissement de 8,1 milliards de dollars canadiens [CAD] dans les cinq prochaines années afin de moderniser et de renforcer les capacités des forces armées canadiennes. Ce qui permettra de porter les dépenses militaires du pays à 1,76 % du PIB à l’horizon 2029-30, ce qui restera en-deçà de l’objectif des 2 % du PIB fixé par l’Otan [dont le Canada est membre]. Mais il est question d’accentuer cet effort par la suite, avec une enveloppe de 73 milliards CAD sur vingt ans.

Par ailleurs, le Canada envisage de se procurer de nouveaux sous-marins, afin de remplacer les quatre unités de type Victoria que tente d’exploiter la Marine royale canadienne [MRC].

Cependant, rien n’a été décidé pour le moment, les lignes directrices soulignant seulement la nécessité d’étudier les « possibilités de renouvellement et d’expansion » de la « flotte de sous-marins pour que la MRC continue d’agir comme élément de dissuasion sur les trois côtes grâce aux sous-marins à propulsion classique capables de naviguer sous la glace ».

À vrai dire, les projets d’Ottawa sont encore flous. La seule certitude, à ce stade, est que la MRC souhaiterait disposer de 12 nouveaux sous-marins et obtenir, à cette fin, un budget de 60 milliards CAD. Ce qui ne lui pas été accordé pour le moment.

Par ailleurs, si les lignes directrices évoquent une « propulsion classique », le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré que son gouvernement « examinerait la pertinence d’acheter des sous-marins à propulsion nucléaire pour mieux garantir sa capacité à défendre la souveraineté canadienne dans l’Arctique », comme cela avait été envisagé à la fin des années 1980. En outre, la possibilité pour Ottawa de se joindre à la deuxième phase du pacte AUKUS, formé par l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, n’est pas exclue.

En attendant, et ce n’est probablement pas sans arrière-pensée, l’Allemagne s’est associée à la Norvège pour proposer au Canada un « partenariat stratégique » afin de protéger les voies maritimes de l’Arctique et de l’Atlantique-Nord.

La coopération de l’Allemagne avec le Canada est stratégique, « que ce soit sur terre, en mer ou sous l’eau », a affirmé Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, après avoir rencontré Bill Blair, son homologue canadien, à Ottawa, le 10 mai.

Si l’intérêt de la Norvège pour l’Arctique est évident, il l’est moins pour l’Allemagne… Cela étant, ces deux pays ont noué un partenariat autour du sous-marin à propulsion conventionnelle U212CD de ThyssenKrupp Marine Systems [TMKS], via une commande conjointe de 6 unités [4 pour la marine norvégienne, 2 pour la Deutsche Marine] pour 5,5 milliards d’euros.

« Le programme 212CD constitue une première étape décisive pour l’établissement des normes Otan de pointe dans le domaine des sous-marins », avait d’ailleurs fait valoir Oliver Burkhard, le PDG de TKMS, en septembre dernier.

Aussi, le partenariat proposé au Canada pourrait se concrétiser par une coopération en matière d’armement, et notamment dans le domaine des sous-marins. Cela serait de nature à faciliter l’interopérabilité de la MRC avec ses homologues allemande et norvégienne et permettrait aussi à Ottawa [mais aussi à Berlin et à Oslo] de réduire les coûts d’acquisition grâce à des économies d’échelle.

Reste maintenant à voir l’accueil que fera Ottawa à cette proposition… qui n’a pas fait l’objet d’un commentaire dans le communiqué publié par le ministère canadien de la Défense à l’issue de la visite de M. Pistorius, celui-ci ayant surtout mis l’accent sur le soutien à l’Ukraine et au renforcement du flanc oriental de l’Otan. « Le Canada et l’Allemagne entretiennent une solide relation de défense basée sur la collaboration, et nous continuerons à resserrer les liens qui nous unissent tout en veillant au maintien de la paix, de la stabilité et de l’ordre international fondé sur des règles », a-t-il conclu.





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