La DGA lancera un « partenariat d’innovation » pour la future capacité de frappe dans la profondeur de l’armée de Terre


Au début de cette année, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait évoqué un possible achat du système d’artillerie américain M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] pour remplacer les Lance-Roquettes Unitaires [LRU] encore en dotation au sein de l’armée de Terre. « Le principe est qu’on achète français mais il y a toujours eu des exceptions depuis le début de la Ve République », avait-il dit.

Puis, quelques semaines plus tard, lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, expliqua qu’il y aurait un choix à faire entre deux options : l’achat sur « étagère » du M142 HIMARS, qui, ayant l’avantage d’être déjà sur le marché, était susceptible de présenter un « risque de dépense », ou le développement d’une « solution souveraine nationale ou européenne ».

La réflexion progressa assez vite puisque, en juin, M. Lecornu fit savoir qu’il n’était pas question de lancer un appel d’offres européen pour trouver le successeur du LRU. « Je forme le voeu pour qu’on puisse avoir une solution souveraine et j’ai demandé à la DGA [Direction générale de l’armement] d’objectiver le coût, les délais, le modèle à l’export et les spécificités militaires », avait-il dit devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense.

Alors que la LPM prévoit l’acquisition d’au moins 13 systèmes d’artillerie de longue portée d’ici 2030 [et de 13 autres avant 2035], le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, a récemment plaidé en faveur d’une « solution souveraine » afin de ne pas être soumis à d’éventuelles restrictions d’emploi. Et d’expliquer que les performances de ce futur système devraient être largement supérieures à celle du LRU, avec une portée de 500 km.

Cela étant, plusieurs industriels français ont fait savoir qu’ils développaient des solutions susceptibles de répondre aux besoins opérationnels de l’armée de Terre. Comme par exemple Safran, qui, en mai dernier, avait évoqué une version sol-sol de son A2SM [Armement Air Sol Modulaire]. Depuis, il a noué une entente avec MBDA.

Par ailleurs, KNDS France [ex-Nexter] et Arquus ont fait savoir qu’ils se mettraient en ordre de marche pour développer une solution concurrente.

« Nous ferons, nous avons fait et nous continuerons à faire, avec nos partenaires industriels, des propositions cohérentes avec le besoin et les délais exprimés par les armées », fit ainsi valoir Nicolas Chamussy, le directeur général de KNDS/Nexter. « Nous sommes le fournisseur du châssis du CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie] et nous comptons aussi nous positionner […] sur les porteurs pour de l’artillerie longue portée », avait rebondi Emmanuel Levacher, le PDG d’Arquus.

Auditionné à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances initiale 2024, le 17 octobre, M. Chiva a insisté sur la nécessité de développer une « solution souveraine au sens français et non au sens européen ». Et plusieurs sont visiblement sur la table pour le programme « Frappe longue portée terrestre ».

Il y a « un rapprochement de certains industriels [Safran et MBDA, ndlr] qui sont capables de nous proposer une solution innovante. Ce ne sont pas les seuls. Et comme ce ne sont pas les seuls, nous allons très rapidement lancer un partenariat d’innovation qui nous permettra de ‘challenger’ plusieurs solutions compétitives, de garder au fur et à mesure la meilleure et de pouvoir arriver à développer la capacité dont on a besoin », a expliqué le DGA. « En tout état de cause, je suis confiant sur ce schéma », a-t-il ajouté.

Le « partenariat d’innovation » est défini par l’article L. 2172-3 du Code de la commande publique. Il « vise à pallier les difficultés structurelles des marchés de recherche et de développement [R&D] qui imposaient une remise en concurrence à l’issue de la phase de R&D pour pouvoir acquérir les produits, services ou travaux innovants qui en sont le résultat », explique le ministère de l’Économie et des Finances.

Concrètement, cette procédure se déroule généralement selon trois étapes. La première consiste à notifier des contrats de R&D à chacun des industriels sollicités pour développer une nouvelle capacité. Puis, à l’issue, les solutions jugées les moins efficaces sont éliminées. Celles retenues pour la seconde phase, dite de « développement », sont de nouveau mises en concurrence. La plus convaincante [c’est à dire la meilleure] fera ensuite l’objet d’une commande [phase 3].





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