«Je ne crois pas que des espèces vont disparaître»


Pour Roland Proess, naturaliste au Grand-Duché, la propagation des champignons asiatiques «Bd» et «Bsal», mortels pour certains amphibiens, est à surveiller mais sans risque d’extinction pour autant.

Dans notre article paru le 19 janvier dernier, David Porco, biologiste et chercheur au musée d’Histoire naturelle de Luxembourg, alertait sur la présence de champignons menaçant les amphibiens du Grand-Duché. Ce dernier, auteur d’une étude publiée le 5 janvier, laissait entendre qu’une extinction d’espèces pourrait être causée par Batrachochytrium dendrobatidis («Bd») et/ou Batrachochytrium salamandrivorans («Bsal»), deux pathogènes asiatiques.

Roland Proess, un naturaliste indépendant, partage l’inquiétude de David Porco, avec une pointe d’optimiste tout de même.

Roland Proess, naturaliste indépendant.

Quel a été votre rôle dans la détection du champignon « Bd » ?

Roland Proess : Le champignon « Bd«  a été détecté pour la première fois au Grand-Duché en 2008 lors d’une étude réalisée par L. Wood en collaboration avec l’administration des Eaux et Forêts et l’université de Kent, en Grande-Bretagne. Puis en 2014, j’ai participé à une deuxième étude qui avait pour but d’évaluer la présence du champignon dans les populations du crapaud accoucheur, espèce particulièrement menacée par le « Bd« .

Lors de cette étude, nous avons constaté la présence du champignon dans 56 % des sites étudiés, un taux légèrement inférieur à celui de 62 % trouvé récemment dans l’étude de David Porco. On ne peut néanmoins pas nécessairement en conclure qu’il y a eu une propagation du champignon puisque les méthodes employées lors des deux études étaient différentes.

Évidemment, il y a une menace, mais il est difficile de la quantifier

Quelles mesures peuvent être prises afin de stopper cela ?

Pour lutter contre la propagation des champignons « Bd«  et « Bsal« , un protocole de désinfection a été élaboré. Il vise surtout les personnes qui fréquentent régulièrement les milieux aquatiques et celles qui font des inventaires d’amphibiens. Le protocole prévoit notamment le port de gants lors de la manipulation des animaux et la désinfection des bottes et du matériel utilisé.

En plus du protocole de désinfection, un programme de surveillance a été mis au point afin de mieux connaître la répartition des deux champignons et leurs impacts sur les populations d’amphibiens. Stopper complètement la propagation de ces champignons sera néanmoins impossible, car ils ne se propagent pas uniquement par l’intermédiaire des humains, mais aussi par les oiseaux aquatiques ou les sangliers.

Partagez-vous l’avis de David Porco sur la menace que ces champignons représentent ?

Oui, évidemment, il y a une menace, mais il est difficile de la quantifier. Les impacts sur les amphibiens diffèrent suivant les espèces et même suivant les populations d’une même espèce. Ainsi, il y a des populations qui résistent en présence des champignons alors que d’autres disparaissent. Personnellement, je ne crois pas que des espèces vont disparaître du Grand-Duché à cause de ces deux champignons.

J’espère plutôt qu’à moyen terme, des résistances se développeront et que les espèces pourront apprendre à coexister avec les champignons. Mais il faut se rendre compte que les amphibiens souffrent déjà de nombreux autres facteurs, comme l’intensification de l’agriculture, la fragmentation des habitats et le changement climatique, avec les périodes de sécheresse. Les champignons pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Les champignons pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase

Y a-t-il d’autres espèces animales ou végétales menacées par des champignons au Luxembourg ?

Mis à part les espèces cultivées comme les vignes, les arbres fruitiers et les céréales, où on lutte depuis toujours contre différentes espèces de champignons, certains champignons posent actuellement surtout des problèmes au niveau de plusieurs espèces d’arbres indigènes. Notamment le frêne commun, l’aulne glutineux ainsi que les érables et les ormes. De nombreux arbres de ces espèces ont déjà dépéri en raison d’une infection par des champignons.



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