Deux semaines après « l’affaire Abad », un autre membre de la majorité, Gilles Le Gendre, l’ancien président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, se retrouve au cœur de graves allégations. A l’origine, un signalement auprès de la procureure de la République qui vient tout droit de la maire Les Républicains (LR) du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati. Dans un courrier, daté du 30 mai, révélé par Le Canard enchaîné et Le Parisien que Le Monde a pu consulter, Mme Dati pointe du doigt le député de la 2e circonscription de Paris, candidat à sa réélection, pour avoir été « mis en cause publiquement à plusieurs reprises, depuis 2020, dans des affaires de harcèlement moral et ****** ».

L’ancienne garde des sceaux s’appuie notamment sur un communiqué de presse en date du 27 février 2020, dans lequel sept organisations syndicales de collaborateurs parlementaires (CFE-CGC, CFTC, CGT, CFDT, SNCP, Solidaires et UNSA) dénonçaient les « allégations mensongères » de M. Le Gendre, après ses déclarations sur France Inter, le même jour, où il avait affirmé « ne pas avoir connaissance de cas précis de harcèlement moral et ****** à l’Assemblée nationale ». Et ce, alors que ces organisations l’avaient informé de « tels délits s’agissant d’au moins un député du groupe qu’il présidait ».

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Rachida Dati invoque également un article de Mediapart, toujours en date du 27 février 2020, où l’on peut lire que M. Le Gendre « ne saurait ignorer [qu’]au moins deux députés LRM sont accusés de harcèlement ****** par des ex-collaboratrices. Des cas qui ne peuvent lui être étrangers en tant que président du groupe ».

En outre, elle met en cause directement M. Le Gendre, soulignant qu’il aurait lui-même été l’auteur de « comportements inappropriés » à l’égard d’au moins une collaboratrice parlementaire. Elle appuie son argumentaire, là encore, sur un autre article de Mediapart, en date du 25 mai 2022, où il est question d’un entretien entre Richard Ferrand, alors président du groupe LRM, et une collaboratrice parlementaire, qui fait état de « comportements déplacés et inappropriés susceptibles de recevoir, sous l’appréciation des parquets et des tribunaux, une qualification pénale », de la part d’un élu qui ne serait autre que Gilles Le Gendre, selon la maire du 7e.

« Une campagne de caniveau »

Toujours dans la même veine, Rachida Dati mentionne, dans sa lettre au procureur de la République, un message Facebook du 29 mai 2022, de l’ex-député LRM Joachim Son-Forget dans lequel celui-ci accusait M. le Gendre « d’être soupçonné lui-même d’abus sexuels », d’après des témoignages « directement rapportés par les victimes présumées, collaborateurs et militants du groupe et du parti » . M. Son-Forget soutient également que ces accusations auraient été « étouffées en donnant des postes à ceux qui devaient se taire et en changeant le chef de file des députés En Marche ».