Faute de munitions, les forces ukrainiennes approchent dangereusement du point de rupture


Le 15 mars, deux missiles balistiques Iskander-M, lancés depuis la Crimée, se sont abattus au même endroit, sur un quartier résidentiel d’Odessa, à quinze minutes d’intervalle. Les autorités locales ont ensuite fait état d’un bilan de vingt tués et de soixante-quinze blessés. S’il n’a aucun intérêt militaire, un tel mode opératoire vise surtout à terroriser la population civile… Laquelle n’est probablement pas au bout de ses peines, malgré les différents systèmes de défense aérienne fournis par les partenaires de l’Ukraine [Patriot, NASAMS, IRIS-T SLM, SAMP/T, Gepard, Crotale, etc.].

Les attaques russes étant incessantes et de grande ampleur [ce 18 mars, les régions de Soumy et de Kharkiv ont encore été visées par plusieurs dizaines de drones kamikazes, abattus pour la plupart, selon Kiev], les forces ukrainiennes sont désormais confrontées au risque de manquer de munitions sol-air, alors qu’elles ont déjà des difficultés pour se réapprovisionner en obus d’artillerie de 152 et de 155 mm.

Ainsi, selon des confidences faites par des responsables au Washington Post, les forces ukrainiennes avaient encore récemment la capacité d’abattre quatre missiles sur cinq lancés vers une grande ville. Si rien n’est fait d’ici la fin mars, ce ratio tombera à un missile sur cinq.

« Les décideurs politiques ukrainiens ont déclaré aux responsables européens et américains que les munitions de certains de leurs systèmes de défense antimissile pourraient être presque épuisées d’ici la fin mars », rapporte le Washington Post.

D’où l’appel lancé par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, aux partenaires occidentaux de Kiev, le 2 mars dernier.

« Nous avons besoin de davantage de défense aérienne de la part de nos partenaires. Nous devons renforcer le bouclier aérien ukrainien pour mieux protéger notre peuple du terrorisme russe. Davantage de systèmes de défense aérienne et davantage de missiles pour les systèmes de défense aérienne sauvent des vies », a-t-il en effet déclaré.

Seulement, les États-Unis ne sont actuellement pas en mesure de fournir les missiles intercepteurs utilisés par les systèmes de défense aérienne qu’ils ont cédés à l’Ukraine, faute d’un accord au Congrès pour débloquer une aide militaire de 60 milliards de dollars au profit de Kiev. Même chose en Europe, mais pour des raisons qui tiennent davantage aux capacités de production industrielles.

Un conseiller du président Zelensky, cité par le Washington Post, a dit craindre que la Russie soit en mesure d’obtenir des « gains territoriaux significatifs » si les forces ukrainiennes ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin. « Les gens ne comprennent pas à quel point le front est difficile en ce moment. […] Le moral est bas, l’élan est faible. Les jeunes hommes ont peur d’être mobilisés pour mourir, faute d’armes », a-t-il dit.

Le directeur de la CIA, William J. Burns, a fait le même pronostic, lors d’une audition au Congrès, la semaine passée. « Sans l’aide américaine, les pertes territoriales [ukrainiennes] risquent d’être importantes. Le temps presse », a-t-il averti.

Pour le moment, et comme l’ont confié des commandants ukrainiens à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, les unités engagées sur la ligne de front sont réduites à gérer la pénurie de munitions et d’équipements, certaines ayant juste le nécessaire pour tenir leurs positions actuelles… Quitte à se dégarnir dans certains endroits, avec le risque que les forces russes en profitent.

Dans un point de situation publié le 13 mars, l’Institute for the Study of War [ISW] estime ainsi que les forces russes ont désormais l’initiative « sur l’ensemble du théâtre » et que, partant, elles seront « en mesure de déterminer le moment, le lieu et l’ampleur de leurs opérations offensives » tant qu’elles la conserveront.

« Les déclarations du [commandant en chef ukrainien], le général Oleksandr Syrskyi, suggèrent qu’une intensification des opérations offensives russes dans une zone où les forces ukrainiennes n’auront pas été prioritaires pour recevoir des munitions pourrait conduire à une percée russe », conclut l’ISW. À moins que, d’ici-là, l’aide militaire occidentale – en particulier américaine – ne finisse par arriver.





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