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Etoudi : Voici comment Dion Ngute oppose les jeunes à Paul Biya

Alors que le déficit en enseignants du secondaire est de 13.000, selon certaines études, le nombre de places à pourvoir dans les écoles normales supérieures (Ens) et Écoles normales supérieures de l’enseignement technique (Enset) connaît, lui, une baisse drastique et inquiétante depuis trois ans. Une situation que les érudits des usages administratifs imputent à l’arrivée du Premier ministre, en poste depuis le 4 janvier 2019 à l’Immeuble étoile. Les services du Premier ministre sont en effet à la base de tout projet de recrutement dans la fonction publique et, par ricochet, du quota des places attribuées à chaque grande école dont les lauréats sont directement intégrés dans la masse salariale de l’Etat. Pour cette année 2021, seulement 1000 places sont à pourvoir, pour un total dehuit Ens et Enset. Cela représente 125 places par école, premier et second cycle confondus.

Certaines filières ont, d’ores et déjà, été mises sous l’éteignoir. C’est le cas de la filière espagnol (lettres ibériques), pour ce qui est du second cycle de l’Ens de Yaoundé 1, «la mère des universités camerounaises». C’est aussi cette institution de la capitale qui abrite ce qu’il conviendrait d’appeler I’«Ecole normale supérieure principale du Cameroun».

Sur le banc des accusés, le Premier ministre Joseph Dion Ngute. De mauvaises langues imputent au chef du gouvernement la baisse plus que drastique du nombre de places d’élèves- professeurs dans les Ens et Enset. «Le Premier ministre est le principal responsable de cette situation, analyse un responsable syndical. Depuis son arrivée à l’Immeuble étoile, en 2019, le nombre de places dans les Ens et Enset est devenu insignifiant, intrigant voire insultant pour les jeunes diplômés. M. Dion Ngute veut liguer les étudiants contre le chef de l’État, Paul Biya. Il est évident qu’il décide unanimement du nombre de places, sans consulter les ministères concernés que sont les Enseignements secondaires (Minesec) et l’Enseignement supérieur (Minesup).

Le quota des places doit être arrêté en fonction des besoins qui prennent en compte les départs à la retraite, les décès des enseignants, les démissions ainsi que la création des lycées et collèges.» Actes de perfidie. En 2019, le chef de l’État était intervenu pour augmenter le nombre de places dans les Ens et les Enset. Ayant été informé de la gestion fantaisiste et inappropriée du nombre de places à pourvoir, Paul Biya avait pris la décision d’accroître les effectifs de 1000 places, à deux semaines du début de ces concours. Une décision du président de la République qui avait alors mis du baume au cæur de dizaines de milliers de diplômés, qui frappent aux portes de ces grandes écoles chaque année.

Le locataire d’Etoudi venait en réalité d’éventrer un complot ourdi par ceux qui, par divers actes de perfidie, veulent liguer contre lui les campus, en particulier, et les jeunes en général. Le phénomène actuel de réduction drastique du nombre de places dans les Ens et les Enset est l’œuvre de M. Dion
Ngute. Avant son arrivée à la tête de l’équipe gouvernementale, rien de pareil ne s’était jamais produit. Trois ans plus loin, tout laisse croire qu’il s’active à saboter, subtilement, la politique de Paul Biya en donnant l’impression que le premier Camerounais délaisse le secteur de l’éducation, pourtant capital pour son projet de promotion de la jeunesse, et donc d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035.

En 2020, le Premier ministre était déjà resté sur la même logique. Rebelote un an plus loin. Pourquoi avoir poussé le chef de l’État à créer des Ens et des Enset partout, si l’objectif n’est pas d’accroître l’offre en enseignants ? Le Cameroun compte huit Ens et Enset. Parmi les huit universités d’État, seules Dschang et Yaoundé 2- Soa, n’en sont pas pourvues. Yaoundé I et Bamenda mènent le bal avec chacune une Ens etYaoundé l possède une Ens principale destinée à l’enseignement secondaire général. Buea possède une Enset, cependant que Ngaounderé et Maroua ont une Ens chacune. Secteur de masse. Avec des effectifs de quatre élèves-professeurs par classe, le contribuable camerounais ne fait aucune économie. «Même si vous avez un élève-professeur par classe, les charges de l’Etat restent les mêmes : le nombre d’enseignants par unité d’enseignement, ne change pas.

Vous payez même plus cher parce qu’il s’agit du même nombre de ressources humaines et financières mobilisées. C’est une curiosité déjà que, au Cameroun, l’Ecole d’administration et de magistrature (Enam), qui forme l’élite de la fonction publique par excellence, recrute un nombre d’étudiants deux fois supérieur à celui d’une Ecole normale une Enset. Douala possède une Enset, la principale du pays, en concurrence avec supérieure, alors que l’éducation est un secteur de masse, tout comme l’armée et la police», soupire un professeur titulaire d’université, enseignant dans une Ens.

Pour plusieurs observateurs avisés, il aurait nettement été mieux de ne lancer que le concours d’entrée à l’Ens de Yaoundé, pour ce qui est des élèves- professeurs de l’enseignement secondaire général et l’Enset de Douala, pour les élèves-professeurs de l’enseignement technique. Cela aurait eu le mérite d’être logique, tout en permettant à l’Etat de réaliser des économies plutôt que de disséminer 1000 élèves dans huit écoles. «Le Premier ministre Dion Ngute doit éviter de liguer, consciemment ou inconsciemment, les jeunes contre le chef de l’Etat», soupire l’enseignant sus-évoqué.

Comme en 2019, une intervention du chef de l’État reste vivement attendue par de nombreux jeunes diplômés. Lesquels espèrent une augmentation du nombre de places à pourvoir dans les Ens et les Enset ne serait-ce que de 1600, de manière à obtenir 200 places de plus par école de formation.

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