En Ukraine, les forces russes utilisent de nouveaux modèles de drones « kamikazes » Shahed 136/Geran-2


Lors de leur contre-offensive, et si elles ont obtenu des avancées dans les secteurs de Robotyne et de Verbove, situés dans la région de Zaporijjia, les forces ukrainiennes n’ont pas encore réussi à percer le rideau défensif mis en place le long de ligne de front par les Russes… lequels ont par ailleurs gagné du terrain, en particulier dans le nord-est de l’Ukraine. C’est en effet ce vient de souligner le New York Times.

Ainsi, depuis le début de cette année, l’armée ukrainienne a reconquis environ 370 kilomètres carrés de leur territoire… tandis que, dans le même temps, elle a dû en céder 857 kilomètres carrés. Ce qui fait que, pour le moment, le gain net pour les forces russes est de 487 kilomètres carrés.

« Les forces russes sont presque trois fois plus nombreuses que celles de l’Ukraine sur le champ de bataille. Et avec une population plus nombreuse pour reconstituer ses rangs, la Russie pourrait considérer qu’une défense prolongée serait dans son intérêt », écrit le journal américain.

Et ceci valide l’évaluation de la situation faite par la Direction du renseignement militaire [DRM], en juillet dernier. « Tout au long de l’été, des capacités de saisie d’opportunité émergeront d’un côté comme de l’autre. Lorsque l’on lance une offensive comme le font les Ukrainiens, il faut concentrer les efforts sur des points particuliers de la ligne de front pour maximiser les effets produits, ce qui peut affaiblir d’autres secteurs du front, donc créer des opportunités pour la partie adverse », avait en effet expliqué le général Jacques Langlade de Mongros, son chef, lors d’une audition parlementaire.

Et celui-ci d’ajouter que, à l’approche de la « raspoutitsa d’automne » et de l’hiver, « l’hypothèse d’un statu quo de la ligne de front [était] plus probable que celle d’une percée ou d’un effondrement de l’un des deux belligérants ». Aussi, faute d’une issue diplomatique ou de la mise en oeuvre de nouvelles armes susceptibles d’inverser le cours des combat, la guerre devrait se prolonger en 2024, voire en 2025. D’ailleurs, les deux belligérants s’organisent en conséquence, en restructurant, par exemple, leurs industries de l’armement, ou bien encore en augmentant significativement leurs dépenses militaires, comme a l’intention de le faire la Russie, avec une hausse de 70% annoncée pour 2024 [ce qui portera son montant à 106 milliards d’euros].

En attendant, et comme l’a récemment souligné Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, devant les députés, la « défense sol-air va redevenir, pour l’hiver, un sujet clé » pour les Ukrainiens « parce qu’il ne s’agira pas que de protéger le champ de bataille mais aussi les infrastructures civiles et énergétiques puisqu’on voit que les frappes russes dans la profondeur vont reprendre ».

Cela étant, ces dernières n’ont pas vraiment cessé, avec l’envoi quasi-quotidien de dizaines de munitions téléopérées [MTO] Shahed 131/136 [ou Geran-1/Geran-2] de conception iranienne contre des cibles situées dans la région d’Odessa, les forces russes visant principalement les infrastructures portuaires ukrainiennes. Cependant, beaucoup sont détruites avant d’atteindre leur obtjectif par la défense ukrainienne, grâce en partie aux blindés anti-aériens Gepard fournis par l’Allemagne.

Ces MTO ont fait leur apparition en Ukraine durant l’automne 2022, alors que Moscou et Téhéran s’apprêtaient à renforcer significativement leur coopération militaire. Et il est question que la Russie en produise, une usine devant ouvrir à cette fin dans le Tatarstan, afin d’en assembler 6000 d’ici l’été 2025. « Assembler » est bien le mot qui convient, étant donné que ces Shahed 136 utilisent des composants de diverses origines… y compris européennes.

C’est en effet ce qu’a avancé le quotidien britannique The Guardian, sur la foi d’un rapport du renseignement militaire ukrainien [GUR]. Selon ce document, établi après l’analyse de débris trouvés en Ukraine, un Shahed-136/Geran-2 contiendrait 57 composants électroniques produits par des entreprises occidentales [et 52 pour le Shahed-131]. « Parmi les fabricants figurent des sociétés dont le siège se trouve aux États-Unis, en Suisse, aux Pays-Bas en Allemagne, au Canada, au Japon et en Pologne », avance-t-il.

Cependant, les Shahed 131/136 utilisés par les forces russes ne sont pas exactement les mêmes que ceux produits en Iran. « La pause dans les attaques observée entre le 17 novembre et 7 décembre [2022] était probablement due à l’adaptation des drones conçus pour le climat chaud à l’hiver ukrainien », a estimé le GUR. Et cela suggère une « coopération accrue » entre Moscou et Téhéran dans la « production et la modernisation » de ces drones kamikazes, a-t-il ajouté.

En tout cas, des Shahed 136 modifiés ont fait leur apparition à partir de juillet dernier.

Lors d’une conférence de presse donnée le 28 septembre, le capitaine Andriy Rudyk, de l’état-major général des forces armées ukrainiennes, a expliqué que ce nouveau modèle est équipé d’une ogive contenant des billes de tungstène [ce qui augmente leur capacité de pénétration] et que la structure de son fuselage a été repensée. Il intègre un nouveau servomoteur [de type KST X30-12-165] ainsi qu’une antenne satellitaire kometa – de fabrication russe – pour utiliser le système de radionavigation par satellite GLONASS tout en se préservant du brouillage électronique. Enfin, le moteur à pistons d’origine, le Mado MD55 d’origine iranienne, a laissé la place à un MD550, fourni par le groupe chinois MicroPilot UAV Flight Control Systems.

L’intérêt de ces modifications est que celles-ci permettront de produire davantage de Shahed 136/ Geran-2… Et plus rapidement. Et le tout à un coût moindre. Mais elles restent toutefois insuffisantes pour réduire la vulnérabilité de ce « drone kamikaze » face aux systèmes anti-aériens ukrainiens. S’il dispose d’un long rayon d’action [2000 km], il reste encore trop lent, sa vitesse de croisière étant de « seulement » 180 km/h.

Aussi, il y a quelques jours, la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution a fait savoir qu’un Shahed 136 équipé d’un micro-turboréacteur [le Ranesh-1, présenté en 2021?] était en cours de développement. Seulement, ce que ce drone « kamikaze » gagnera en vitesse – et donc en chances de « survie » – sera perdu en autonomie, un tel mode de propulsion étant plus gourmand en carburant. En outre, sa signature thermique sera plus élevée, ce qui le rendra moins discret [cela étant, il ne l’est déjà pas…]. Reste à voir si les forces russes en disposeront bientôt.





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