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Drame de Buea : Voici comment le ministre de la défense change de version et accuse

• L’affaire Caroline connait un nouveau rebondissement

• L’armée camerounaise revoie sa copie

• Elle révèle les véritables causes du drame de Buea

Le ministère de la défense se serait-il prononcé trop tôt sur le drame de Buea qui avait occasionné le 14 octobre 2021 l’assassinat d’une fillette de 5 ans et d’un gendarme ? En effet quelques heures après l’incident déplorable, l’armée camerounaise a sorti un communiqué pour condamner l’attitude du militaire qu’elle juge maladroite et disproportionnée. Cette sortie avait créé des polémiques dans le sérail car selon plusieurs cadres du régime, le porte-parole de l’armée est allé trop vite en besogne. Son communiqué qui accusait uniquement le militaire, empêchait le gouverneur de la région du Sud, premier responsable de la localité, de livrer ses premiers résultats de l’enquête préliminaire.

Atonfack Guemo, le chef de division de la communication du Mindef a vraisemblablement pris bonne note des remarques formulées par des pontes du régime parmi lesquels figuraient son prédécesseur Didier Badjeck.

Dans un éditorial, Atonfack Guemo a fait un rétropédalage impressionnant en accusant cette fois-ci le conducteur du véhicule de n’avoir pas respecté les lois en vigueur dans la République du Cameroun. Selon le porte-parole de l’armée, la quasi-totalité des faiseurs d’opinions sont passés à côté de la vérité.

« Drame de Buea : portés par des faiseurs d’opinions de tout bord, recyclés par des malveillants derrière l’anonymat des réseaux sociaux, les narratifs falsifiés, imputations infondées et déclaration incendiaires ont brillé par leur dangereuse partialité, fumisterie et superficialité. Aucun de ces apprentis sorciers aux vocations soudaines d’intrépides éveilleurs de conscience, pyromanes des plateformes médiatiques, n’a eu le courage de relever que la tragédie unanimement déplorée, résultait en réalité d’un mépris de la loi d’une part et d’un abus d’autorité d’autre part. Personne parmi ces redresseurs de tort pour rappeler aux populations que la vraie liberté réside dans l’obéissance aux lois que l’on s’est données », indique Atonfack Guemo.

Pour rappel, la petite Caroline a été abattu le 14 octobre 2021 à Buea alors que sa mère l’amenait à l’école. Le soldat qui a tiré le coup mortel a été lynché sur place par la population en colère. Selon les premières versions des faits rapportées par plusieurs sources, le véhicule sur lequel le soldat avait tiré était conduit par la mère de la victime et refusait d’obtempérer à un checkpoint. Cette version a été démentie par la famille de victime qui a précisé que Lizette, la mère de Caroline ne savait pas conduire et n’était pas au volant du véhicule au moment du drame. D’autres sources ont rapporté par la suite les pratiques peu orthodoxes du soldat assassiné et ses camarades dans la localité.


Le journal Le jour rapporte le témoigne d’autres victime du gendarme Achille Mvogo

Le gendarme assassin et trois autres collègues commis pour assurer la sécurité au lycée de Bokova, s’étaient illustrés dans l’arnaque des populations, piétons et automobilistes confondus.

À Buea, le gendarme qui a assassiné la petite Enondiale Tchuengia Carolaise, âgée de six ans et élève en classe d’initiation (SIL), traînaient une mauvaise réputation. L’arnaque dans laquelle ses collègues et lui étaient passés maîtres était visiblement inscrite dans leur ADN. Elle avait pris une telle proportion que la population en général et les victimes en particulier, les avaient surnommés « Men for five hundred ».

Traduction littérale : « Les hommes de 500 francs CFA ». Allusion au montant standard ou minimal qu’ils exigeaient à chacune de leurs victimes. « Ce sont des malfrats. Je n’ai pas peur de dire cette vérité », déclare un habitant de la ville, qui exerce une activité commerciale non loin de l’endroit où a été abattue l’élève du CUIB de Buea, un établissement scolaire catholique sis au quartier Molyko, et dont nous avons rencontré le principal, le révérend père Pascal Siben.

Des témoins affirment que les deux gendarmes n’étaient pas supposés effectuer un contrôle sur l’embranchement de route menant au lycée de Bokova et à Munya. En revanche, ils avaient l’obligation d’assurer la sécurité des élèves et du personnel enseignant du Government High School of Bokova, un lycée situé un peu en périphérie de Molyko, dans une zone où des bandes armées (des séparatistes ?) effectuent régulièrement des incursions, selon nos sources. Délaissant la plupart du temps leur poste de travail, les bérets rouges descendaient par binôme jusqu’au marché où ils érigeaient un poste de contrôle improvisé. Le montant couramment connu de la grande majorité des riverains et des usagers de cette servitude était de 500 francs CFA.

D’où le tristement célèbre surnom attribué aux gendarmes. Selon des victimes que nous avons rencontrées, le gendarme assassin, particulièrement, n’était pas du genre à faire des concessions. « Quand il vous voyait passer, il vous regardait d’un air nerveux et méchant, en braquant l’arme contre vous, comme si vous aviez tué quelqu’un. Vous comprenez aussitôt que vous devez lui donner quelque chose », déclare un commerçant à Molyko. Il se souvient avoir été contrôlé un jour alors que son assurance avait expiré. « Je lui ai donné 5000 francs, pour un montant convenu à 2000F CFA. Comme il n’est pas parvenu à faire la monnaie, il a préféré empocher tous ces 5000F que je lui avais remis », poursuit le commerçant.

La sœur cadette traumatisée

Les conducteurs de taxis qui empruntaient cette voie routière confirment les allégations et dénonciations accablant ces hommes en tenue. Un taximan nous a déclaré dans la nuit de jeudi dernier que les gendarmes opérant à ce check- point illégal, ne demandaient même pas à voir les documents de la voiture quand ils avaient affaire aux automobilistes. « Parfois, nous leur remettons le dossier de la voiture juste pour les formalités. Car dans le dossier, nous avons introduit un billet de 500F qu’il retire avant de nous restituer le document », relate le jeune taximan, qui ne cache pas sa joie d’apprendre que la justice populaire a eu raison de l’un de leurs bourreaux.

En respect pour la mémoire d’Enondiale Tchuengia Carolaise, la victime collatérale des arnaqueurs, les classes sont restées fermées vendredi dernier dans son école, où étaient inscrits les deux autres enfants de Lisette. Cette semaine, un service religieux sera dit au sein de l’établissement scolaire confessionnel en mémoire de l’enfant. Il n’est pas sûr que la sœur cadette de la défunte se sera remise de ses traumatismes d’ici à là. Elle qui, pour avoir été arrosée par le sang de sa sœur, après la fusillade de celle-ci, aurait confié ne plus avoir l’envie d’aller à l’école, selon le principal de l’école.

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