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Douala : Club 78, la boite de nuit ‘satanique’ qui a changé la vie de Chantal Biya

Rejetée par son père Georges Vigouroux qui ne voulait d’enfant, Chantal Biya a grandi sans l’amour paternel. Adolescente elle quitte Yaoundé pour Douala à la rencontre d’un de ses parents paternels. I fut rejeté par ce dernier qui nie l’existence d’un enfant métisse de Georges Vigouroux. La femme de cet homme également issue d’une union avec un colon comprend la peine de Chantal et la met en contact avec une amie. C’est ainsi que Chantal découvre l’univers de la nuit et de la fameuse boite de nuit Club 78. CamerounWeb vous propose quelques extraits du livre « La belle et la République bananière» (Éditions Nation Libre, Douala) de l’écrivain Bertrand Teyou.

La voisine de Mme Vigouroux se montre chaleureuse, et est sensible à l’histoire de Chantal dont elle fait une amie. Elle s’appelle Marie A. et détient, avec son mari français, une boîte de nuit à la mode à Douala, le club 78, version XL du club Saint-Hilaire, à cette époque le passage obligé de tous les ambitieux.

Grâce à son avant-gardisme festif, le 78 est une arène ouverte à tous les genres humains, surtout de ses pénombres où, pour la première fois au Cameroun, le mythe de l’homosexualité féminine est dévoilé, et Marie, du haut de son irrésistible beauté, érigée en prêtresse des insatisfaites.

Les soirées s’y vivent comme un moment de pèlerinage pour tous, y compris les hommes voulant mettre en lumière l’immense part de féminité en eux. C’est aussi l’antre sublime où les bienfaiteurs se passionnent de l’immolation des fées qui s’exhibent sur les pistes de danse cadencées de lumières multicolores.

Au sein de la micro bourgeoisie de Douala, l’âge sordide de Yaoundé est métamorphosé en œuvre d’art, avec pour maître de cérémonie un certain Donatien Koagne, célèbre par sa mallette magique qui blanchit la fortune des chefs d’État. Par son aura, l’homme bien de là-bas célèbre le baptême des muses, en arrosant ces dernières de billets de banque, sous les rayons denses des stroboscopes et les louanges endiablées des DJ du 78.

On est en extase jusqu’au bout du bout de la nuit, et de magique, le nec du petit matin, quand au sortir de la boîte de nuit, la bulle rétrécit et éclate dans la paume de main, en vous laissant un parfum inoubliable. Puis, en titubant, sous la lumière du petit jour, bien que traînant encore ce petit soupçon de soufre, vous rentrez, en promettant de revenir.

La patronne du 78 fait découvrir à Chantal toutes les facettes de Douala, surtout, lui dévoile que tout se résume dans la petite bulle du matin qui éclate dans la paume de main et disparaît, et, subitement, plus de bienfaiteurs.

Et que la vraie vie c’est d’avoir un mari et des enfants. Une révélation bouleversante pour Chantal qui croyait en cette gloire-là, Chantal qui au fil des jours redécouvre Marie, dans la vraie vie, femme au foyer infiniment attachée à sa fille et à son mari, loin de l’icône choyée de boîte de nuit, la vraie vie de famille que nourrissait Chantal avant de basculer.

Les jours suivants, la présence de Chantal au 78 est plus détendue, Marie l’y invite pour le fun, lui prodigue quelques conseils pour le choix de ses amants et la dépanne en argent de temps en temps. Chantal se confie à Marie, lui raconte ses déboires et aussi sa récente rencontre avec un monsieur bamiléké qui s’occupe merveilleusement d’elle, mais souffre parce qu’elle ne le voit que selon la disponibilité de sa vie de famille, elle s’ouvre entièrement pour la première fois, une complicité avec Marie qui la console du violent rejet par son père.

En retournant à Yaoundé, Chantal, qui n’a certes pas reçu le réconfort paternel qu’elle espérait, se trouve infiniment revigorée par le soutien et les conseils de Marie. Elle n’a plus l’obsession de la recherche de gloire, car elle sait désormais que partir peut aussi signifier un retour à ses premiers sentiments, et non pas toujours l’assaut vers la ville lumière.

Elle ne désespère plus tant. Sa mère s’occupe un peu plus de ses jumeaux, ce qui lui permet d’enchaîner des petits boulots pour assurer la survie du quotidien. Elle travaillera dans quelque bar très fréquenté de la capitale politique, fera des défilés de mode ou de miss, un héritage maternel qu’elle entretient avec beaucoup de nostalgie. Cependant, les sorties tardives en boîte de nuit se feront rares.

Elle a coupé toute relation avec le géniteur de ses jumeaux qui la violentait et ne cessait de lui pourrir la vie, par des scènes absurdes de jalousie venant du plus infidèle des amants. Chantal avait besoin de répit. C’est pourquoi elle déclinait aussi l’offre répétée de certains bienfaiteurs qui revenaient, elle les fuyait, ceci après avoir compris le mystère des bulles matinales.

A défaut d’amour fusionnel, elle a suivi le chemin de la raison et s’est mise avec un homme d’affaire égyptien installé à Yaoundé qui lui redonne le sourire. Sa vie se passe tant bien que mal jusqu’au jour où une amie, Élise Azar, l’entraîne à une soirée où son charme retient l’attention du président.

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