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Covidgate : ça sent mauvais pour Ferdinand Ngoh Ngoh et Dion Ngute

De l’avis de nombreux observateurs, nationaux et étrangers, le Premier ministre et le Minetat Sg/Pr, seraient à l’origine du scandale. Curieusement, la Justice semble les esquiver. Mieux, les protéger.
De nombreux membres du gouvernement camerounais qui défilent au Tribunal criminel spécial (Tes), depuis une semaine, dans le cadre des présumés détournements de fonds de la riposte nationale contre le Covid-19, peinent à comprendre pourquoi le Premier ministre et le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République ne sont pas eux aussi appelés à croiser le fer avec le corps spécialisé des officiers judiciaires (Opj) du Tcs.

Au sein de l’opinion nationale et internationale, ils sont nombreux qui estiment que ces deux membres du gouvernement sont à l’origine du scandale qui met sur la sellette une vingtaine de ministres. En effet, les noms de Ferdinand Ngoh Ngoh et Joseph Dion Ngute reviennent sans arrêt dans les auditions autour des détournements d’une partie des 180 milliards de francs provenant respectivement des 135 milliards de Fcfa d’un emprunt auprès du Fonds monétaire international (Fmi) et des 45 milliards de Fcfa du Trésor public débloqués sur instructions du président de la République, Paul Biya.

Selon des indiscrétions qui filtrent des auditions au Tcs, ce duo serait des donneurs d’ordres dans la passation des marchés et le décaissement des fonds, dans le cadre de la gestion de 30% des 180 milliards de francs destinés à la riposte contre le coronavirus.

Dans le cas de M. Ngoh Ngoh, l’on apprend de sources proches du dossier qu’il est indexé comme celui-là qui a instruit l’attribution de plusieurs prestations à des dizaines d’entreprises, dont une bonne partie est aujourd’hui remise en cause par le rapport d’audit de la Chambre des comptes de la Cour suprême.

En effet, comme dans un scénario bien écrit, les choses vont prendre un revirement spectaculaire, le 08 avril 2021, lorsque Ferdinand Ngoh Ngoh répercute au Secrétaire général des services du Premier ministre, les instructions présidentielles prescrivant une réorganisation du plan de riposte contre le Covid-19 et l’approvisionnement du Cameroun en vaccins.

De cette dernière correspondance du non moins ministre d’Etat, il apparaît que le chef de l’Etat a décidé de « la création d’une Taskforce covid-19, logée à la présidence», mettant sous quasi-tutelle les ministères concernés. Cette reprise en main, mieux cette intrusion de l’ancien secrétaire général du ministère des Relations extérieures dans ces dossiers aujourd’hui objet de toutes les controverses, en inquiète plus d’un.

D’ailleurs, lors de son audition au Tes, le ministre de la Santé, Manaouda Malachie n’a pas manqué de le relever.

La création de la Task Force a pour conséquence, que les propositions relatives aux actions stratégiques à mener dans le cadre de la riposte, de même que les propositions de ventilation des fonds Covid-19 actuellement en étude au ministre de l’Economie, de la Planification et l’Aménagement du territoire (Minepat) devront être soumises à cette unité logée à la présidence, pour validation préalable du chef de l’Etat. Il va s’en dire que le Premier ministre n’est plus le coordonnateur de la gestion des fonds Covid-19. Bien que mis à l’écart, d’après des avis, la responsabilité de la primature n’est pas à écarter, pour avoir été en première ligne de la riposte.

C’est d’ailleurs son décret qui a partagé l’enveloppe à chaque administration. Du coup, pour plus de transparence dans la gestion des fonds destinés à la lutte anti-Covid, les Camerounais rencontrés exigent des comptes au chef du gouvernement et au Minetat Sg/Pr. «Pour faire jaillir toute la vérité dans ce scandale, il importe que tous les maillons de la chaîne soient auditionnés, à l’instar du Pm et du ministre d’Etat Sg/Pr. Tous les membres du gouvernement soupçonnés de détournements de deniers publics dans cette affaire devraient faire face à la rigueur de la loi », soutient un avocat au Barreau du Cameroun.

Mafia dans la répartition de la dotation
Le 22 juillet 2020, le Premier ministre a signé un décret fixant la répartition de la dotation allouée au fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociale. Un fonds doté d’une enveloppe de 180 milliards de Fcfa, constituée des ressources issues du budget de l’Etat, des versements à caractère non fiscal des personnes physiques ou morales, ainsi que des contributions des partenaires techniques et financiers sous forme de dons ou de prêts. Ces fonds sont répartis entre 24 administrations sectorielles.

Dans son décret du 22 juillet, le Pm prescrit un rapport d’activité trimestriel à chaque chef de département ministériel bénéficiaire d’une dotation, à transmettre au ministère des Finances. Le Minfi devra à son tour rendre compte des dépenses tous les six mois. Dans la répartition, l’on note que les administrations des secteurs les plus touchés comme la Santé, l’Education, ILfconomie, les Transports ou encore le Tourisme ont été retenues. Par contre, la Culture, le Sport, la Formation professionnelle et bien d’autres n’y figurent pas.

Dans les détails, le ministère de la Santé publique s’en sort avec 45,63 milliards de Fcfa. Suivent le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (26 milliards), le ministère des Enseignements secondaires (7 milliards), le ministère de l’Education de base (6,5 milliard), le ministère de la Recherche et de l’innovation (6,1 milliards), le ministère de l’Enseignement supérieur (6 milliards), le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (6 milliards), le ministère de la Défense (3,6 milliards), la Délégation générale à la Sûreté nationale (3 milliards), le ministère de la Décentralisation et du Développement local (2,5 milliards), le ministère des Petites et Moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (2 milliards), le ministère des Pêches, et des Industries animales (2 milliards), le ministère du Tourisme et des Loisirs (1,7 milliard), etc.

Fait curieux, plusieurs secteurs qui ont été impactés par la pandémie, a’ont pas été pris en compte dans ~ cette répartition. Ils sont en tout 15 ministères mis à la touche parJoieph Dion Ngute. Allez y savoir pourquoi.

Source: Info Matin n°875

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