Certaines odeurs peuvent soigner la dépression

Les odeurs que nous sentons chaque jour ont un impact sur nos sentiments. C’était d’ailleurs le postulat du livre paru aux éditions du CNRS, La chimie de l’amour, de Regine Dee, Hans Hatt, et Caroline Lee. « Peur, dégoût, rejet, ou désir, excitation, joie : venues de notre passé le plus archaïque, les odeurs ne cessent de jouer avec notre psychologie. Mais qu’il s’agisse de gastronomie ou d’oenologie, de spiritualité ou d’érotisme, d’artisanat ou d’industrie, elles rendent compte aussi de notre culture et de notre sociabilité », expliquait en préface un chercheur du CNRS, Gilles Boëtsch. Récemment, des chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont publié une étude dans la revue JAMA Network Open, pour démontrer que les odeurs ont la capacité d’aider à lutter contre la dépression. Explications.

Selon cette étude, les odeurs permettraient d’évoquer des souvenirs, de manière plus efficace encore que des récits par les mots. C’est le Dr Kymberly Young, psychiatre, qui a eu l’idée d’aller chercher le lien entre odeurs et bien-être mental, en travaillant sur les souvenirs autobiographiques. L’un des points de départ de sa recherche était que les personnes qui souffrent de dépression ont du mal à mobiliser leurs souvenirs.

Les odeurs familières rappellent des souvenirs positifs

Ces derniers sont suscités par l’activation de notre cerveau reptilien. Chez les personnes en bonne santé, on remarque que certaines odeurs parviennent à les réveiller, et que cela peut avoir un impact positif sur leur état psychique. Alors, la chercheuse a voulu se servir de cet outil olfactif pour voir si cela pouvait avoir une incidence chez les personnes déprimées.

L’étude a été faite via des tubes dans lesquels se trouvaient des odeurs, comme du café, du cirage, des agrumes… Les personnes qui ont participé au test ont du sentir les tubes et convoquer un souvenir. Globalement, elle s’est rendu compte que les odeurs étaient souvent associées à des souvenirs positifs pour les testeurs. Mais aussi que l’intensité de ces souvenirs était plus importante qu’avec des mots, comme si les senteurs avaient permis une immersion dans cet instant du passé qui leur revenait à l’esprit.

Elle n’a pas utilisé de scanner pour voir ce qu’il se passait dans le cerveau des cobayes. Cette étude nécessiterait donc d’aller plus loin pour prouver son observation. Mais elle est persuadée qu’en travaillant sur la mémoire, on pourrait travailler sur les émotions et in fine, sur la dépression.

Sources : CNRS, JAMA