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Causes du décès de Nestor Nga Etoga : Voici pourquoi la justice accusée par l’entourage du journaliste

• Nestor Nga Etoga s’en est allé

• Le journaliste a laissé un vide dans sa famille

• Ses collègues ne l’oublieront pas de sitôt

L’homme de média Nestor Nga Etoga n’est plus de ce monde. Le Camerounais qui est directeur de publication de plusieurs organes, est décédé à la suite d’une longue procédure judiciaire que narre son confrère Serge Aimé Bikoi, avec beaucoup d’émotions entremêlées de fierté pour l’homme qu’a été le défunt.

L’avocat camerounais au barreau de Paris, Me Christian Bomo Ntimbane a évoqué le sujet sur les réseaux : « La justice de la honte. Ces ouvriers de l’iniquité qui prétendent rendre la justice dans mon pays ! Lisez-vous-mêmes ce récit pathétique, post mortem sur la mort du journaliste Nestor Nga Etoga, écrit par son confrère Serge Aimé Bikoi.

Nécrologie : Un journaliste défenseur des droits humains casse sa plume

Nestor Nga Etoga : une vie dans les tribunaux.

Nestor Nga Etoga est mort.

Le Directeur de la publication des journaux « Le Renard », « Les Scoops d’Afrique » et « Les dépêches d’Afrique » est décédé, hier nuit (24 septembre 2022) à 23h des suites de maladie à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).

Le journaliste, qui ne se présentera plus jamais à une audience au Tribunal de première instance de Douala-Ndokoti en matière correctionnelle, est un homme de médias qui a été, durant sa trajectoire, victime d’un harcèlement judiciaire durant sept ans.

En effet, Nestor Nga Etoga était poursuivi, depuis septembre 2015, par Stephane Muller, l’administrateur général adjoint de la Société d’exploitation forestière, Fipcam (Fabrique camerounaise de parquet). Ce patron de presse avait été persécuté, au plan judiciaire, parce qu’il avait enquêté sur les pratiques relatives aux infractions forestières, à la corruption, ainsi qu’à la violation des droits des employés de cette société. N. Nga Etoga est arrêté en octobre 2016 sur la base de ces accusations avant d’être relâché quelques heures plus tard.

Le 3 février 2017, le correspondant de la presse en ligne « Alwihda info » est, dans le cadre de la première plainte en diffamation, déclaré non-coupable.

Mais, cette procédure se poursuit devant la cour d’appel du Littoral et deux autres procès sont diligentés contre Nga Etoga en parallèle, l’un pour des faits de « diffamation » et, l’autre, pour « chantage » et « complicité de chantage ».

Le rodéo judiciaire dans lequel était embarqué ce journaliste dès 2015 s’est, par la suite, poursuivi avec, à la clé, une sentence d’une gravité extrême, dont les amendes, au plan pécuniaire, se sont avérées énormes. Le 24 février 2017, le Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Ndokoti, statuant publiquement en matière correctionnelle, avait déclaré Nga Etoga coupable des faits de « diffamation par voie d’organe de presse », « publication de fausses nouvelles », « coaction et complicité ».

Les articles 74, 96, 97, 152, 305, 240 du Code pénal ; les articles 74, 75, 76 et 84 de la loi no 2010/012 du 21 décembre 2010 relative à la cyber sécurité et à la cyber criminalité avaient été brandis ce jour-là et avaient, selon le juge, motivé cette condamnation.

N. Nga Etoga avait été alors condamné à « six mois d’emprisonnement avec sursis pendant trois ans et à un million de Fcfa d’amende ferme ».

De plus, le Directeur de la publication de « Les Scoops d’Afrique » avait été condamné à payer la somme de 25 millions de Fcfa à titre de réparation ventilée comme 19 millions 500.000 Fcfa pour le préjudice économique causé à la société Fipcam, 5 millions de Fcfa pour le préjudice subi par Stephane Muller et 500.000 Fcfa pour les frais de procédure.

Aussi cette juridiction avait-elle condamné le journaliste aux dépens de la procédure liquidée à la somme d’un million 276.150 Fcfa.

Le Tpi de Douala-Ndokoti avait, in fine, décerné contre lui le mandat d’incarcération, fixé la durée de la contrainte par corps à douze mois au cas où il y aurait lieu de l’exercer.

Mais deux mois avant la prononciation de cette sentence, le Conseil national de la communication (CNC) avait commencé à remuer le couteau dans la plaie, en infligeant une sanction négative à l’encontre de Nga Etoga qui, visiblement, n’était pas encore au bout de ses peines.

L’organe de régulation des médias avait suspendu le correspondant de « Alwihda info » d’un mois de l’exercice du métier de journaliste pour dérives éthique et déontologique.

Le confrère avait, en réalité, écopé de cette suspension temporaire pour « publication d’accusations non-fondées offensantes et insinuantes à l’égard de Stephane Muller, Administrateur général adjoint de la société Fipcam. C’était le 7 décembre 2016.

N. Nga Etoga était, pour ainsi dire, un journaliste qui avait, comme seconde salle de rédaction, les tribunaux. S. Muller l’avait traîné dans au moins trois tribunaux au Cameroun.

Histoire de l’asphyxier moralement, physiquement, économiquement et socialement.
Quiconque sait quelle est l’incidence financière des procédures judiciaires dans lesquelles les clients sont impliqués.

A cause de cet état de choses, Reporter Sans Frontières (Rsf) est monté au créneau le 1er juillet 2021 et a condamné, sans ambages, le « harcèlement judiciaire » dont était victime N. Nga Etoga.

Cet organe de défense des droits humains et, singulièrement, des journalistes d’ici et d’ailleurs « avait demandé à la société Fipcam et à la justice camerounaise de mettre fin à ces poursuites-bâillons ».

Mais en vain! La dernière audience à laquelle N. Nga Etoga a assisté à la cour d’appel du Littoral, c’était la 94ème relative à cette affaire, qui s’était tenue le 1er juillet 2021.

Cette audience avait été renvoyée sine die.

Ce confrère, que nous ne verrons plus dans les salles d’audience dans les prochains jours, était un journaliste fidèle à la défense des droits humains et, singulièrement, un homme de média engagé activement dans la défense des droits des travailleurs, dont certaines catégories socioprofessionnelles sont en butte, de manière régulière, à des formes d’humiliations, de disqualifications, d’oppression venant des employeurs dans le champ de la division du travail.

C’est non sans pertinence qu’il avait décidé de décrier les pratiques de spoliation des terres imputées à l’entreprise forestière, dont l’un des responsables l’a traîné et persécuté en justice durant sept ans.

Sans conteste, ces nombreuses audiences, dans plusieurs tribunaux, ont, de manière considérable, assiégé, affaibli et asphyxié le journaliste, qui s’est, bon gré mal gré, battu pour la vérité devant ces juridictions.

Mais hélas ! Le téléfilm judiciaire dans lequel était enrôlé Nga Etoga, l’acteur principal, a ouvert ses rideaux en septembre 2015.

C’est aussi en septembre 2022 que ce rodéo judiciaire fait, malheureusement et malencontreusement, tomber ses rideaux.

Cela fait, jour pour jour, sept ans de harcèlement judiciaire ayant, littéralement, endommagé la vie de ce journaliste défenseur des droits humains.

Un combattant pour la défense des droits humains a consumé ses journaux. Vive le combattant Nesta (Nestor Nga Etoga) !

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