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Cameroun : voici l’un des rares cantons sans élite dans le sérail

Cette localité n’a aucune élite dans le cercle des décisions pour pouvoir bénéficier de l’eau potable, de l’électricité et des infrastructures de développement.

C’est du moins le cri de cœur des populations du canton Bidjouki. Une localité enclavée et isolée dans les forêts humides du département de la Boumba-et-Ngoko qui a gardé ses traditions ancestrales. « Notre canton est constitué de 22 cheffe- ries de troisième degré et d’une chefferie de deuxième degré dont je suis le chef depuis le 06 mai 2013 », explique Sa Majesté Alembo Eugène Elie.
Situé à 48 km de Yokadouma sur l’axe Yokadouma-Mboy, et à 07 km de la frontière Cameroun-Rca, l’accès à ce canton en saison des pluies a souvent été difficile. Les infrastructures routières sont presqu’inexistantes ou réduites à leur plus simple expression. Dans les bourbiers de ses routes impraticables, la marche à pied est parfois mieux pour rejoindre le canton Bidjouki.

« Nous avons un sérieux problème de routes. Toutefois, le gouvernement est en train de faire des efforts pour rendre ce canton accessible. Et je profite d’ailleurs de dire merci au chef de l’Etat parce ce que nous avons bénéficié cette année d’un fond d’entretien routier dans le cadre de la décentralisation. Actuellement, les travaux sont en train d’être exécuté par une société forestière du groupe Cefac de Libongo », se réjouit Sa Majesté Alembo Eugène Elie.
Tel que présenté par cette autorité traditionnelle, le canton Bidjouki compte environ 5000 âmes qui vivent essentiellement de l’agri- culture. Leur journée est rythmée par un départ à l’aube dans les champs.

Les problèmes de ce canton sont complexes et multiformes. « L’accès à l’eau potable. Ce qui a entrainé une augmentation des maladies hydriques dues à la consommation d’une eau souillée. Sur le plan éducatif, nous enregistrons un déficit criard d’enseignants tant au primaire qu’au niveau secondaire ».

Dans certaines écoles primaires du canton Bidjouki explique-t-il, « vous trouverez un seul enseignant qui fait en même temps office de directeur. Ce qui est regrettable c’est que ce sont les parents qui malgré leur faible pouvoir d’achat se battent pour couvrir les besoins des établissements scolaires. Grace aux petits fonds des Associations des parents d’élèves et enseignants (Apee), certaines écoles par- viennent à prendre en charge certains maîtres de parents », explique notre interlocuteur.

Comme l’ensemble des villages de cette zone forestière, les populations du canton Bidjouki vivent dans l’obscurité. « Ce sera peut-être exagéré de poser le problème d’extension du réseau Eneo chez-nous mais, nous avons besoin que d’une centrale solaire. Elle permettra au moins à nos populations de jouir de l’électricité ».

Au plan sanitaire, le canton Bidjouki est couvert par 03 centres de santé intégrés et un centre de santé Catholique qui ne disposent pas de plateaux techniques assez relevés.

L’enclavement numérique n’est pas en reste

Ici, le chef de Canton qui est la plus haute autorité coutumière et par ricochet conseiller régional, est habileté à régler l’ensemble des problèmes de la communauté.

« Le 06 mai dernier, j’ai déposé une demande d’installation d’une antenne du réseau Mtn au village Mparo, auprès du directeur régional de l’Est. Depuis 2019, nous bénéficions certes des services de l’opérateur Orange mais, avec les perturbations du réseau que nous connaissons dans la zone, nous souhaitons être égale- ment être couvert par un deuxième opérateur », explique-t-il.
Pour ce qui est de la cohabitation avec les réfugiés centrafricains, le canton Bidjouki a accueilli plus de 2000 réfugiés depuis le déclenchement de la crise socio-politique qui secoue la Rca depuis 2013. « Avec ces réfugiés, nous partageons un bon climat de convivialité, parce que l’homme camerounais comme de manière générale a l’esprit d’hospitalité. Lorsque ton frère est en danger, il est mieux de l’accueillir que de la chasser », conclut le chef de canton Bidjouki.

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