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Cameroun : Découvrez les nouvelles révélations sur la face cachée du régime Ahidjo

• Le régime Ahidjo trainerait des casseroles

• Il entretiendrait des relations incestueuses avec la France

• Plusieurs aspects de cette histoire sont cachés par les partisans de l’ancien président

Les multiples crises que vivent les Camerounais sous le régime de Paul Biya leur rend parfois nostalgiques de l’époque Ahidjo. Et pourtant, si l’ancien président de la République a de grandes réalisations à son actif, il traine également des casseroles que ses partisans évoquent rarement.

Thomas Deltombe, Manuel Demergue et Jacob Tatsitsa, révèlent dans l’ouvrage « Kamerun! Une guerre cachée aux origines de la franceafrique », raconte la face cachée du régime Ahidjo.

Pour expliquer l’accession au pouvoir d’Ahmadou Ahidjo et sa longévité à la tête de l’État camerounais, ses thuriféraires furent nombreux à dresser la liste de ses atouts et de ses qualités. Certains osèrent parler de lui comme d’un « génie », un patriote réaliste aimant et aimé de son peuple, un travailleur infatigable doté d’une rare intelligence et sachant voir loin en avance les meilleures solutions pour l’avenir de son pays… Tout cela est évidemment faux et le fruit d’une patiente propagande.

Ahidjo, instrument efficace du néocolonialisme

Un portrait plus fidèle nous le montrerait plutôt tête courbée et tremblant comme un mauvais élève devant ses maîtres français. Ou s’enivrant à fortes doses de whisky, dont il est un amateur immodéré en privé tout en affichant ostensiblement une inébranlable foi islamique en public, avec ses quelques courtisans, sous les lambris de l’ancien palais des Hauts Commissaires transformé en présidence de la République. L’ancien télégraphiste, lancé en politique par quelques colons français à la fin des années 1940, monté en grade grâce au trucage administratif des élections dans les années 1950, cornaqué par son mentor Louis-Paul Aujoulat pendant plus d’une décennie, placé par circonstance à la tête du Cameroun à la veille d’une indépendance qu’il n’a jamais réclamée, n’était pas, a priori, le candidat idéal pour diriger un pays nouvellement souverain. Il se révélera en revanche un instrument efficace de cette forme renouvelée de colonialisme qu’on commence tout juste, au début des années 1960, à appeler « néocolonialisme » et que certains préfèrent qualifier de « colonialisme indirect ».

Conscient des défauts de son favori, dont chacun constate le singulier manque de charisme et de culture, le pouvoir français le laissera donc, en l’orientant habilement (voir chapitre 27), installer un régime fort, à tous égards dictatorial, et s’entourer d’hommes musclés capables de pallier ses nombreuses faiblesses. N’ayant jamais été nationaliste autrement que sous la forme « modérée » qu’ont théorisée les Français au milieu des années 1950, n’ayant jamais revendiqué quoi que ce soit en dehors des lignes prescrites, n’ayant, en somme, à peu près aucune légitimité, Ahidjo va s’imposer autrement. D’abord en usurpant une partie substantielle du combat de ses opposants, en en travestissant les méthodes et l’esprit. Puis en éliminant ceux qui ont la légitimité qui lui manque, et ceux qui ont la force de contester.

Ennemie jurée et repoussoir éternel, l’UPC fascine Ahidjo. Lequel rêve autant de l’écraser et de la faire oublier par les populations camerounaises que de s’y substituer et de capter l’immense popularité que le mouvement nationaliste a su attirer sur son nom et sur ses idéaux. En 1961-1962, ce processus de substitution et de travestissement, qui n’est pas sans rappeler les projets de Roland Pré en 1955 (voir chapitre 8), a déjà bien progressé : l’« indépendance » proclamée a été livrée aux fidèles de l’ancienne métropole et l’armée française a largement « nettoyé » les zones rebelles pour faire place nette à la nouvelle administration. Mais il reste encore à faire. Beaucoup à faire. La « réunification » du Cameroun, autre point central du programme nationaliste, est à peine ébauchée. L’« élévation du standard de vie » des populations, dernier point souvent oublié du programme upéciste, est à peine évoquée. Et la popularité des authentiques nationalistes et l’indocilité des populations camerounaises semblent ne pas vouloir s’éteindre. Mutilée, écartelée, défigurée, décapitée, ce qu’Um Nyobè appelait l’« âme immortelle » du peuple camerounais résiste, contre vents et marées (voir chapitre 28).

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