Avions de patrouille maritime : Berlin relance le projet franco-allemand MAWS en solo


En 2018, la France et l’Allemagne signèrent une lettre d’intention en vue d’étudier « les conditions d’un développement d’une solution européenne permettant de disposer d’une capacité de patrouille maritime autonome et performante en Europe », dans le cadre du projet MAWS [Maritime Airborne Warfare System].

Il s’agissait alors de mettre au point, à l’horizon 2030, un « système de systèmes », avec un avion de patrouille maritime de nouvelle génération associé à un réseau de capteurs [sémaphores, satellites, drones, etc.]. Cela supposait également de mener des travaux portant sur les radars, les bouées acoustiques, la guerre électronique ainsi que sur l’armement antisurface et anti-sous-marin.

Pour la Marine nationale, ce projet devait lui permettre de remplacer ses dix-huit avions de patrouille maritime Atlantique 2 portés au standard 6. Même chose pour la MarineFlieger [aviation navale de la marine allemande], dont les P-3C Orion étaient censés « tenir » jusqu’en 2030.

Deux ans plus tard, une étude de faisabilité et « d’architecture système » fut confiée à un groupement formé par le groupe français Thales et trois entreprises allemandes, à savoir Hensoldt, ESG [ESG Elektroniksystem- und Logistik-GmbH] et Diehl. Un « plateau technique » fut ouvert à Vélizy à cette fin.

Seulement, Berlin décida de retirer les P-3C Orion de la MarineFlieger plus tôt que prévu, en expliquant que leur modernisation et leur maintenance allaient être beaucoup trop coûteuse… alors que, depuis, ils ont été revendus au Portugal.

Pour les remplacer, le ministère allemand de la Défense jeta son dévolu sur le P-8A Poseidon de Boeing, tout en jurant qu’il s’agissait d’une « solution intérimaire ». Sauf que, après une première commande portant sur cinq avions de ce type, il a annoncé l’acquisition de trois exemplaires supplémentaires en novembre dernier.

« Le P-8A Poseidon du constructeur américain Boeing prendra le relais du P-3C Orion pour la chasse aux sous-marins et la reconnaissance maritime à titre de solution intérimaire à partir de fin 2024 », a-t-il réaffirmé à cette occasion. Et d’insister : « À terme, de telles capacités seront développées via le projet de coopération franco-allemand MAWS ».

Reste, que côté français, on peine à croire que le P-8A Poseidon constitue une solution temporaire… Aussi, le plateau de Vélizy a été démantelé et la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié des études à Dassault Aviation et à Airbus pour préparer la succession de l’Atlantique 2, un choix devant se faire entre le Falcon 10X et l’A320neo.

D’une durée de dix-huit mois, ces études porteront « sur l’amélioration des capteurs » et « des moyens de communication », ainsi que sur des solutions d’intelligence artificielle et l’intégration de l’armement », avait expliqué la DGA, en janvier 2023. Elles « contribueront aux réflexions sur l’avion de patrouille maritime futur, dont le lancement est envisagé en 2026 dans la perspective d’une nouvelle capacité dans la décennie 2030-2040 », avait-elle ajouté.

Mais le projet MAWS est-il définitivement mort et enterré ?

Si la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 n’en dit pas un mot [alors qu’elle cite abondamment le SCAF et le MGCS, menés en coopération avec Berlin], trois entreprises allemandes, réunies au sein d’un groupement, viennent d’être notifiée d’un contrat relatif à la « deuxième phase d’étude nationale complémentaire » du projet « franco-allemand » MAWS.

Ce groupement, appelé MAWS GbR, est constitué par ESG, Hensoldt Sensors GmbH et Diehl Defence GmbH & Co. En clair, il s’agit des mêmes acteurs qui avait été chargés de mener les études de faisabilité en 2020… À la différence que Thales ne figure pas parmi eux.

« MAWS vise à établir un système de systèmes en réseau pour la reconnaissance maritime, la chasse aux sous-marins et l’engagement de cibles maritimes en utilisant des plateformes habitées et sans pilote en coordination avec des stations au sol. Les éléments clés de ce projet comprennent des liaisons de données avancées pour la mise en réseau et une solution ‘cloud’ basée sur l’intelligence artificielle pour analyser les données des capteurs », ont expliqué ESG, Hensoldt et Diehl Defence, via un communiqué commun publié le 6 mai.

Et d’ajouter : « L’étude vise à proposer des solutions concrètes pour les aviateurs navals allemand […], en plus de la solution provision reposant sur le P-8A Poseidon de Boeing ». Il est aussi question de développer un « Maritime Warfare Cloud » censé « garantir la souveraineté des données ».

« Grâce à cette technologie tournée vers l’avenir, le projet de coopération MAWS permettra à la marine allemande de relever les défis attendus en matière de politique de sécurité », a conclu le groupement « MAWS GbR ».





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