Aux États-Unis, le coût global du programme F-35 est désormais évalué à 2000 milliards de dollars


Il y a maintenant une dizaine d’années, le coût global du programme « Joint Strike Fighter » [JSF – F-35 Lightning II] avait été estimé à 1000 milliards de dollars durant l’ensemble de son cycle de vie. Ce qui lui valut, de la part de ses détracteurs, d’être surnommé le « trillion program ». Cette évaluation tenait compte des sommes investies en recherche et développement, de l’achat de 2471 appareils [1763 F-35A pour l’US Air Force, 368 F-35B/C pour l’US Marine Corps et 340 F-35C pour l’US Navy] ainsi que des dépenses relatives au maintien en condition opérationnelle [MCO].

Actuellement, et même s’il a du succès à l’exportation, ce programme connaît encore des difficultés, la principale étant liée à la mise à niveau logicielle dite TR3, celle-ci n’étant pas encore stabilisée. D’où la décision du Pentagone de suspendre la réception des F-35 commandés auprès de Lockheed-Martin tant que ce problème ne sera pas réglé. Seulement, cela a des conséquences sur la mise au point de la version Block 4 du chasseur-bombardier, laquelle prévoit l’ajout de 66 nouvelles fonctionnalités inscrites dans son cahier des charges… ce qui nécessitera l’intégration d’un moteur plus puissant que l’actuel F-135 fourni par Pratt & Whitney.

Un autre problème, encore récemment soulevé par le Directeur des tests opérationnels et des évaluations du Pentagone [DOT&E], est la faible disponibilité des F-35 déjà en service par rapport aux objectifs initiaux. « L’aptitude opérationnelle de la flotte de F-35 est en deçà des attentes et des exigences, avec un taux de disponibilité global de seulement 51 % alors que l’objectif fixé est de 65 % », a-t-il ainsi relevé, avant de recommander, à nouveau, des mesures censées améliorer l’approvisionnement en pièces détachées.

En attendant, le coût global du programme a encore été revu à la hausse par le Government Accountability Office [GAO], un organisme de contrôle financier dépendant du Congrès des États-Unis. Ainsi, dans un rapport qu’il vient de remettre, il évoque la somme astronomique de 2000 milliards de dollars, en grande partie due au MCO des F-35.

« Les coûts de maintenance ont augmenté de 44 %, passant de 1100 milliards de dollars en 2018 à 1580 milliards de dollars en 2023 », avance le GAO. Mais la décision du Pentagone de maintenir le F-35 en service jusqu’en 2088 [au lieu de 2077] explique, en partie, cette révision à la hausse du coût du programme.

Cela étant, le temps de vol de ces appareils sera réduit. D’ailleurs, il l’est déjà… « L’US Air Force, l’US Navy et l’US Marine Corps ont fait des progrès en matière d’accessibilité financière [c’est à dire le montant annuel qu’ils estiment pouvoir se permettre de dépenser pour l’entretien d’un avion]. Cela est dû en partie à la réduction des heures de vol prévues et au fait que l’Air Force a augmenté son plafond de dépenses pour le MCO », explique le GAO.

Ainsi, l’entretien d’un F-35A coûte 6,6 millions de dollars à l’US Air Force, ce qui est largement supérieur à l’objectif initial qui était de 4,1 millions de dollars. « En juin 2023, elle a relevé le montant qu’elle peut se permettre de dépenser par avion à 6,8 millions de dollars par an ».

Quant à la disponibilité « globale » du F-35, et comme le DOT&E avant lui, le GAO a relevé qu’elle a « considérablement diminué au cours des cinq dernières années » et qu’aucune des trois variantes de l’appareil n’atteint les objectifs fixés.

Aussi, alors que le bureau du programme F-35 [JPO – Joint Program Office] avait prévu, en 2020, que la flotte de F-35 volerait plus de 382’000 heures par an d’ici le milieu de la décennie 2030, il n’est question que de 300’000 heures par an, alors même que le nombre d’avions en service aura augmenté.

Le point noir se situe toujours au niveau de l’approvisionnement en pièces détachées, le modèle économique du F-35 pouvant faire penser à celui des fabricants d’imprimantes [relativement peu coûteuses à l’achat… mais onéreuses à utiliser au regard du prix des cartouches d’encre].

Pour y remédier, le Pentagone avait envisagé de notifier à Lockheed-Martin un contrat de logistique basé sur la performance [PBL], lequel aurait permis de faire des économies, d’améliorer la disponibilité des composants de rechange et d’accélérer les réparations des appareils… Mais il a finalement dû suspendre les négociations. « Le Congrès nous a vraiment imposé des exigences strictes avant que nous puissions attribuer un PBL », avait expliqué un haut responsable du Pentagone à Breaking Defense.

Dans un livre récent, le co-fondateur de Topgun, le capitaine de vaisseau Dan Pedersen, avait résumé la situation en ces termes : « Les juteux contrats de sous-traitance autour du F-35 s’étendent stratégiquement à pratiquement toutes les circonscriptions des États-Unis. Avec de si nombreux membres de la Chambre des représentants ayant un intérêt dans le programme, ce dernier est assuré de bénéficier d’un large soutien politique indépendamment de ses capacités réelles ou de son coût. »





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