Après les ratés de la frégate Iver Huitfeldt en mer Rouge, le chef d’état-major danois a été renvoyé

La frégate de défense aérienne Iver Huitfeldt était-elle prête au combat, au moment de quitter la base navale de Korsør, en janvier, pour rejoindre la mer Rouge, où elle devait participer à la protection du trafic maritime dans le cadre de l’opération « Gardien de la prospérité » ?

L’état-major danois l’a assuré, dans une déclaration évoquée par la chaîne de télévision danoise TV2. Ainsi, l’agence du matériel et des achats du ministère danois de la Défense [FMI] avait testé tous les systèmes du navire avant son départ… et n’avait signalé aucun problème… Si ce n’est des « erreurs logicielles insignifiantes » qui n’étaient pas censées être « critiques » en situation de combat.

Seulement, le 9 mars, lors de son premier engagement contre des drones kamikazes [ou munitions téléopérées, MTO] lancés par les rebelles houthis depuis le Yémen contre des navires commerciaux, la frégate Iver Huitfeldt a frôlé la catastrophe, même si elle est parvenue à abattre quatre engins hostiles. Pendant trente minutes, elle n’a pas été en mesure d’utiliser ses missiles RIM-162 ESSM. « Il a fallu redémarrer le calculateur du système central de défense aérienne » du navire, qui « est donc resté hors service » durant ce temps, explique TV2.

Outre ce problème informatique, qui a, a priori, provoqué un dysfonctionnement entre le radar APAR [Active Phased Array Radar] et le système de gestion de combat C-FLEX, il s’est aussi avéré que les obus anti-aériens tirés par les deux canon de 76 mm de la frégate ont été pour la plupart défectueux.

Le commandant de la frégate, le capitaine de frégate [Kommandørkaptajn] Sune Lund, a rendu compte de ces incidents dans un message daté du 13 mars. D’après l’état-major danois, le ministère de la Défense a été informé de sa teneur deux jours plus tard. A-t-il été communiqué dans sa totalité au ministre, Troels Lund Poulsen ? L’intéressé a dit avoir appris l’ampleur des dysfonctionnements du navire qu’après leur révélation par Olfi, un site dédié aux affaires militaires.

« La dernière déclaration que j’ai vue a beaucoup changé par rapport à la première. Je n’étais pas au courant des événements survenus le 9 mars. Et c’est profondément regrettable », a affirmé M. Poulsen, sans préciser la nature des faits nouveaux portés depuis à sa connaissance. « Je n’essaie pas de cacher quoi que ce soit. Il y a eu différentes perceptions sur ce qui a été révélé lors d’une réunion, le 18 mars », a-t-il ajouté.

Cela étant, d’autres informations sur les conditions dans lesquelles l’Iver Huitfeldt a été préparé pour son engagement en mer Rouge [qualifié de « mission la plus pointue de la marine danoise depuis le Bataille d’Helgoland en 1864 »] ont fait surface. Ainsi, la radio publique DR a révélé qu’il avait fallu prélever des « composants essentiels » sur d’autres frégates, dont les deux canons de 76 mm. Ce que le chef de la marine royale danoise, le contre-amiral Henrik Ryberg, a reconnu.

Quoi qu’il en soit, cette affaire ne peut que susciter des remous à Copenhague… Et le premier à en payer les pots cassés est le général Flemming Lentfer, le chef d’état-major des forces danoises. Le 3 avril, Troels Lund Poulsen a annoncé qu’il venait d’être « renvoyé chez lui » [tels sont ses mots].

« J’ai perdu confiance dans le chef de la défense. J’ai donc décidé qu’il ne serait plus à la tête des Forces armées. Nous sommes confrontés à un renforcement historique et nécessaire de la défense danoise. Cela impose de grandes exigences à notre organisation », a déclaré le ministre. L’intérim sera assuré par le général Michael Hyldgaard, alors à la tête du commandement des opérations spéciales.

Un nouveau rapport – plus complet – sur les incidents ayant affecté la frégate durant son déploiement en mer Rouge est en cours d’élaboration. « Il devrait être prêt la semaine prochaine », croit savoir le journal Avisen Danmark.