Après les nuages de sable du Sahara, gare aux pluies sableuses qui vont s’abattre sur la France

Un tableau baigné de teintes jaunes, le sol jonché de particules après les averses… Les vents méridionaux s’apprêtent à nous déposer une nouvelle cargaison de sable du Sahara, et ce, jusqu’au mercredi 1ᵉʳ mai. La configuration météorologique actuelle favorise ce phénomène en ce début de semaine : des vents soutenus balayent le nord de l’Afrique, notamment le Maroc, propulsant les particules en suspension vers nos contrées. En parallèle, une dépression sur l’ouest du continent européen crée des flux d’air aspirant ces poussières de l’autre côté de la Méditerranée.

Le Sahara, titan des étendues désertiques, déploie annuellement entre 60 et 200 millions de tonnes de poussière minérale lorsqu’il est balayé par des vents. Comme un voyageur sans frontières, ce voile a déjà caressé dimanche les terres de Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Languedoc. Dans les jours à venir, les fins grains dorés atteindront la Corse et le sud-est de la France, offrant un spectacle qui suscite l’inquiétude.

Un nouveau nuage de sable du Sahara couplé à des pluies intenses

Les particules de sable extra-fines, de moins de 10 micromètres, peuvent provoquer des problèmes respiratoires chez les personnes sensibles. Heureusement, selon les prévisions de Copernicus, la majeure partie de ce nuage de sable survolera la Corse et l’est de la France à une altitude de plus de 1 000 mètres, limitant ainsi les risques pour la santé. Cependant, en cas de pluie, cette poussière retombera au sol, laissant sa marque sur les voitures, les tables de jardin et les feuilles d’arbres.

Ce phénomène n’est pas étranger à notre année : les épisodes de transport de poussières sahariennes se multiplient. Toujours selon Copernicus, l’intensité et la fréquence de ces événements ont augmenté ces dernières années, propulsés par des changements de circulation atmosphérique et des périodes de sécheresse récurrentes qui facilitent l’envol des sédiments. Ces épisodes, bien que saisonniers, se produisent plus fréquemment en cette période printanière, où les conditions de vent sont les plus propices au transport des poussières sahariennes vers l’Europe.

Des nuages de sable du Sahara de plus en plus nombreux en France

D’après une prépublication rédigée par un groupe de chercheurs espagnols, la circulation atmosphérique subit des changements favorables à l’arrivée des nuages de sable en Europe de l’Ouest. Selon leurs conclusions détaillées, le nombre de ces nuages traversant cette région a nettement augmenté entre 2020 et 2022, comparativement aux années antérieures jusqu’en 2003.

Cette hausse significative se concentre particulièrement durant les mois de février et mars, certains de ces épisodes de remontée de sable étant même qualifiés d’exceptionnels, avec une durée jamais observée auparavant. Le groupe de scientifiques s’est également penché sur certains des facteurs liés à la circulation atmosphérique. « Les dépressions de coupure, situées entre l’est subtropical de l’Atlantique Nord et l’ouest de la Méditerranée, et les systèmes de haute pression en aval, déclenchent un grand nombre d’épisodes de poussière hivernale sur la région euro-méditerranéenne occidentale. », a rapporté l’auteur principal de l’étude, Emilio Cuevas, du service météorologique espagnol AEMET.

Des phénomènes météorologiques qui se multiplient et qui ont des répercussions sur le transport de ce sable du Sahara

« Le type de systèmes anticycloniques varie d’un cas à l’autre, impliquant souvent des blocs de hautes latitudes, mais aussi des dorsales subtropicales, qui étaient assez courantes pendant l’épisode de poussière hivernale de 2020-2022. », a ajouté le co-auteur David Barriopedro de l’institut de géosciences (IGEO). Une analyse datant de 2021 avait, quant à elle, révélé une hausse considérable de la fréquence des observations satellitaires de poussière entre 2005 et 2019.

Cependant, les scientifiques n’ont pas encore démontré de manière concluante l’impact du réchauffement climatique sur la fréquence de ces nuages. « Il n’y a pas de conclusions définitives entre ce type de phénomène et le dérèglement climatique. », a assuré, auprès de France Bleu, Alix Roumagnac, président de Predict, société spécialisée dans les phénomènes climatiques et leur prévention.