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Alternance/Bafoussam : la mobilisation monstre fait trembler Etoudi, voici ce que Paul Biya redoute

L’acceuil de Maurice Kamto à Bafoussam est historique. Mais les enjeux se son meeting le sont tout aussi. Serge Aimé Bikoi dans une tribune décrypte les véritables enjeux de cette manifestation qui porte en triomphe le leader du MRC.

BAFOUSSAM : WE ARE THERE.

Les enjeux de la tenue du meeting du président national du Mrc

Ce samedi, 20 août 2022, dès 13h à l’esplanade de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec), le leader national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun(Mrc) va présider la cérémonie d’installation des nouveaux responsables élus dans la fédération régionale du parti à l’Ouest. De 13 à 16h, tous les membres de cette formation politique de l’opposition camerounaise élus en fin juillet 2022 lors du renouvellement des organes de base vont se masser sur le site de cette congrégation religieuse à la chapelle du quartier Diengdam. Maurice Kamto arrive à la capitale régionale de l’Ouest-Cameroun dans un contexte précis. En effet, le Mrc a connu, au cours des récentes échéances électorales internes, des dissensions au sein de la fédération régionale. Une partie des militants, dont la candidature, à différents postes, à été rejetée pour certains manquements, n’a pas accepté la disqualification. L’on se souvient que Emmanuel Kueka et d’autres militants, ont opté pour la dissidence et se sont décidé à créer une nouvelle formation politique. Le Comité national de médiation d’arbitrage du parti a rejeté leurs dossiers de candidature pour:
** fausse déclaration sur la date d’adhésion;
** cartes inconnues dans les données de production du parti ;
** militants inconnus dans les unités indiquées et dans les données de production du parti ;
** non-représentation de toutes les fédérations départementales sur la liste.

La cérémonie d’installation de ce jour présente un enjeu, celui d’apaiser les tensions internes, d’assainir l’environnement et de laver le linge sale en famille. C’est une atmosphère de dégel politique que la tête emblématique du Mrc veut faire germer à l’Ouest. De plus, cette région est un bastion politique où le Mrc est en compétition avec le Rdpc et d’autres formations politiques. Le leader du Mrc va profiter de cette occasion opportune pour marquer sa présence et faire, pour ainsi dire, son come back en force. La mobilisation tous azimuts observée dans les sections communales, départementales, ainsi que dans la fédération régionale de cette partie du pays témoigne, sans conteste, d’une effervescence populaire. Des milliers de militants marquent, depuis ces derniers jours, le terrain. Il y a quelques années, à l’issue de la réunion de la délégation permanente régionale du Rdpc pour l’Ouest, présidée par le Sultan du Royaume Bamoun, de regrettée mémoire, des journaux à la solde du pouvoir de Yaoundé avaient fait un tir groupé et avaient, de manière collégiale, publié l’information selon laquelle « l’Ouest a tourné le dos à Maurice Kamto ». Ce jour, quiconque jugera et jaugera le test de popularité du président national du Mrc et se fera son idée à ce sujet. C’est le 2ème enjeu.

Par ailleurs, M. Kamto, dans le giron culturel d’appartenance, a une autre occasion de rassurer les couches locales de l’Ouest tant le directoire et lui avaient décidé de ne pas participer au double scrutin législatif et municipal de 2020 après sa défaite électorale en 2018. A l’approche des échéances électorales de 2025, la figure de proue du Mrc a intérêt à muter le logiciel de son discours et son approche politique dans le dessein de la remobilisation de ses troupes. C’est le 3ème enjeu. Surtout que certains cadres avaient abandonné le train de la renaissance suite à la décision de boycotter ce double scrutin. Martin Ambang, ancien 4ème vice-président national du parti, Christian Fouelefack, ancien président de la fédération départementale de la Menoua, Célestin Djamo Djamen, ancien secrétaire national en charge des droits de l’homme sont des figures ayant quitté la barque du parti.

Depuis la naissance du Mrc en août 2012, certains thuriféraires et adversaires cataloguent le Mrc comme un parti ethno-régional, en le circonscrivant comme une formation politique qui ne dispose que des militants ressortissant de l’aire géographique de son leader. Le premier meeting politique autorisé est, pour ce faire, l’entame de la démonstration de force de cette formation politique qui se veut fédératrice de l’ensemble des composantes sociologiques issues des dix régions camerounaises. Le leader national du Mrc a donc l’occasion de prouver à plus d’un que le parti qu’il dirige, depuis dix ans, est fortement implanté dans l’ensemble des régions camerounaises. Depuis l’avènement du processus de démocratisation de la vie politique au Cameroun, le pouvoir de Yaoundé a travaillé à faire des microcosmes politiques des regroupements circonscrits dans des aires culturelles déterminées. Le Sdf est étiqueté comme un parti des anglo-bamiliéké; l’Upc est labellisé comme un parti des Bassa; l’Udc est marqué comme un parti des Bamoun; l’Undp, l’Andp, le Mdr, le Fsnc sont considérés comme des formations politiques, dont le fief électoral est logé dans le septentrion. Alors, le 4ème enjeu du meeting politique de ce jour consiste, pour M. Kamto, à déconstruire ces anciens schémas anachroniques, ces fiefs dits naturels dans la Sociologie électorale et à élaguer ces représentations collectives visant à confiner telle formation politique dans une localité donnée. Il va, nouveau, matérialiser, preuves à l’appui, que le Mrc n’est ni un parti communal, ni un parti départemental, ni un parti régional, mais fort au contraire un parti national.

Rappelons que c’est le premier meeting du Mrc autorisé depuis l’ère de la présidentielle du 7 octobre 2018. Bien d’actions politiques liées, entre autres, à l’organisation des marches nationales à la résistance au hold-up électoral, des marches pacifiques de juin 2019, de septembre 2020 avaient été interdites par les autorités administratives et réprimées par les forces de maintien de l’ordre. Des centaines de cadres du directoire et de militants en avaient fait les frais tant ils avaient été violentés, interpelés écroués et condamnés par les tribunaux militaires. Plus de cent membres dudit parti avaient été libérés. 110 militants croupissent encore dans les geôles des milieux carcéraux des villes camerounaises. A l’Ouest, rappelons-le aussi, M. Kamto a déjà bénéficié d’un accueil chaleureux. En témoigne la marée humaine qu’il avait drainée au passage en 2019 sur la route de Ngouache quelques jours après la catastrophe. Même lors du deuil national, il avait fait un bain de foule ce jour-là.

Qu’on le veuille ou non, c’est une nouvelle ère politique qui s’ouvre au sein du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) avec l’installation des responsables élus dans la fédération régionale de l’Ouest. Cette nouvelle ère politique fera découvrir d’autres horizons, défis et desseins avec la tenue des prochains renouvellements des organes de base dans d’autres régions. Après l’Ouest, ce sera le Littoral dans les prochains jours.

Serge Aimé Bikoi

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